La première BMW engagée au Dakar

26 décembre 1978 Paris. le parc fermé du premier Paris Dakar de l'histoire encombre la place du Trocadéro ; 182 véhicules, motos, autos et camions, rassemblés pour une aventure de dix mille kilomètres sur les pistes d'Algérie, du Niger, du Mali, de la Haute-Volta et du Sénégal.


Au milieu des motos engagées ; Yamaha XT, Honda XLS, Suzuki 125TS et SP, MZ250, un quintet de Moto-Guzzi V50 endurisée, deux BMW.
Deux BM égarées, une R65 routière équipée de sacoches, un sac polochon en travers de la selle, les pares cylindres et un pare brise touring, une machine de presse sans doute.
La seconde est dépouillée au contraire de la première. Rouge du réservoir aux gardes-boue, rouge des bas de fourche à la plaque phare porte numéro, rouge aussi des caches culbuteurs aux silencieux d'échappement. Solitaire, échouée là, peut-être une des motos de la BSPP.
Non ces deux BM sont bien des concurrentes, toutes les deux portent fièrement leur numéro de course.
Arrêtons-nous sur la N°6, la rouge pompier, c'est le fruit d'une idée, la récupération d'un concept, né de l’imagination d'un journaliste passionné de moto et d'Afrique ; Fenouil, d'une paire de concessionnaires amateurs de compétition et d'un importateur engagé.


Fenouil, Jean-Claude Morellet, enfant découvre l'Afrique, il quitte le Cameroun, conjugue simultanément la philo et le cinéma, découvre la moto début des années 70, passe son permis à 27 ans et achète une 750 Honda, Il débarque à Moto Journal en signant une pige restée célèbre . Moto + Sexe = Cinéma. Sa Rencontre avec Xavier Maugendre l'importateur historique de Kawasaki lui ouvre les grands espaces : au guidon d'une 900Z1 il trace un Paris Marakech puis un Paris Tamanrasset, changement de machine pour un Paris Dakar ( Tiens!) via le Sahara avec une 350 Big Horn. Tire des bords au guidon d'une Yamaha 360, retourne au Hoggar sur une Kawasaki, traces le Sahara à Mach2 sur une Yamaha 1100XS. L'homme se frotte à Bertrand sur les raids africains, croise Sabine et lui trace l'itinéraire du Paris Dakar, boulimique de ce continent, goinfre des grands espaces et des aventures mécanisées.


Fenouil rencontre Bernard Grenier de Monner -Nanard- le boss d'Arcueil Motor, amateur de trial, en side si possible, d'enduro ISDE en équipe de France, Vitesse, Bol d'or etc,,, Il viens d'ajouter le panneau BMW à sa devanture et n'hésite pas à « modifier » du flat. En 1978 Nanard,confie à Fenouil un improbable bitza BMW, pour le rallye de Corse ; un cadre de série 5, un moteur de R100RS (70cv stock), une fourche et des amortisseurs Marzocchi à grands débattements, ces derniers sont montés fortement inclinés, une grande roue avant, une démultiplication de 600 (37x11 pour 33x11 d'origine), un échappement maison relevé, des gardes -boue plastiques, un grand guidon et un frein avant novateur, Le résultat est une machine à gagner toutes les spéciales, agile et confortable dans les parcours de liaison. Mais sans un frein frein farceur. Tout naturellement Fenouil se dit que voilà l'arme absolue pour ces grands Rallyes africains qui pointent leurs nez.


Il sollicite l'aide de BMW France et plus particulièrement de Jean-Pierre Bailby charismatique importateur de la marque munichoise, amateur de compétition, la compétition c'est son adrénaline, son moteur il l'a prouvé en engageant deux motos de l'usine au Bol d'Or et sur le tour de France, en aidant directement les pilotes tâtant du circuit au guidon d'un flat. Il dit « banco » au projet de Fenouil. BMW possède dans sa réserve « compétition » tout un échantillon de machine de tout terrain, la firme à l'hélice à même fait cadeau à l'école de la gendarmerie (gros marché!) un prototype type six jours au début des années 70, mais à la demande du patron français, l'usine le dirige alors chez Sheck, fortement impliqué au développement d'un futur gros trail qui deviendra la R80GS. Schek répond favorablement à la demande de Bailby ; « Rallye africain ? Ja natürlich ! je vais envoyer à vous schöne machine ach zo ». En fait, Schek est dans le tio des prototypeurs de la future R80G/S , alors le petit franzoze, je vais lui fourguer ce que j'ai en stock sans froisser la maison mère en dévoilant le proto d'un gros projet. Livrée à Paris la machine est plus proche de la moto des ISDT 1973 aux USA ou du modèle 1972 du championnat allemand d'enduro que le Bitza d'Arcueil-Motor.


La machine est construite autour d'un cadre de la série utilisant la fourche /6 d'origine démunie des soufflets protecteurs, d'une grande roue avant équipée d'un petit tambour chaussée d'un pneu a crampons coiffée d'un garde-boue au ras du pneu façon trial. Le bras oscillant de série reçoit une paire d'amortisseurs De Carbon inversés pressurisés réglables en dureté, ancrés bien verticalement sur la boucle de cadre de série boulonnée au cadre. La roue arrière de série reçoit un pneu a crampons. Le réservoir de grande capacité en tôle, une selle administration siglée « Sheck » et un guidon large muni d'une barre de renfort reçoit les commandes de gaz, de frein et d'embrayage Magura. Une ridicule plaque phare porte numéro complète l'équipement Rallye ».
Le poids à sec est de 150 Kg et la puissance développée par le twin a plat point à 55Cv.
Le moteur est un 800cm3 à bielles courtes, cylindres raccourcis et pistons minces à trois segments (spécial tank's à Pocka oeil de lynx  ). les carters moteurs, de distribution et le couvercle d'allumage viennent d'une série 7, Volant moteur et embrayage allégé, boite de vitesse 5 rapports complètent la transmission. Deux carburateurs de R65 -32mm de diamètre- alimentent le bouilleur, deux échappements dépourvus de tube d'équilibrage soufflent au travers de deux silencieux courts placés en position basse. Pas de batterie, pas de démarreur, l'allumage est confié à une magnéto Kröber l'éclairage à un minuscule volant magnétique, les bobines sont abritées sous le carter avant, les fils de bougie sortent au travers du carter de distribution. La mise en route s'effectue par kick, du sport en perspective pour réveiller le moteur !
Lorsque l'on compare le proto du Tour de Corse à la machine de ce premier Dakar, il y a de quoi flipper quelque peu, d'autant que fenouil en vieux renard du désert possède une certaine expérience du terrain. Il confie à Nanar le boss d'Arcueil Motor l'optimisation du produit aid é en cela par Georges Theillac « jojo » et Claude Parent.
Des soufflets protégerons les joints spi de la fourche, un porte paquet (le célèbre porte bagages RATP) recevra un cache culbuteur de rechange en plus d'une nourrice d'essence pour les étapes marathon, tout comme le montage d'un pare brise touring équipera la moto sursur certains tronçons.
Une extension de carter d'huile ventilée par trois tunnels abaissent la température de l'huile moteur et augmentent la capacité du lubrifiant.







La suite est connue et fait partie de l'histoire, Fenouil, c'est associé à Cyril Neveu qui roule en 500XT. Les deux compétiteurs achètent en commun un Toyota pick-up afin d'assurer leur seule et unique assistance.
Cette assistance est constituée de Gilles Maurice mécanicien de Neveu, de Gari Carrera mécanicien de Fenouil. Sont chargés dans le véhicule un moteur de rechange pour la BMW et la Yamaha, des pièces détachées, de l'outillage et des ingrédients de maintenance pour les deux machines XT et BM, de tous les effets personnel de ce petit monde. Pourtant nos deux pilotes ne peuvent boucler le budget aussi acceptent-ils de transporter moyennant finance le matériel d'un copain de Neveu ; Hubet Auriol. Le Toy sera conduit par une troisième personne qui n'est qu'autres que le père de Cyril Neveu, Claude. Jean Pierre Bailby déclarera alors « trop d'intérêts divergents rassemblés dans la même voiture d'assistance cela va mal finir ». 





Hélas l'avenir lui donnera raison, alors que le trio Neveu, Auriol, Fenouil mènent le rallye au scratch, le moteur de la BM rend l'âme dans l'avant dernière étape, coussinets de bielle descendus. Gari Carrera ne pourra installer le moteur de rechange sur la machine, celui ci avait été débarqué à Bamako pour alléger le pick-up par le père de Neveu sans prévenir Fenouil bien sûr. Sans la douille XZN de 12, le mécanicien découpe le pied de bielle au chalumeau, retire les pièces de la distribution et un coup de kick roulez petit bolide, Las, même en suivant la voie ferrée à petite allure le mono 400 roulera 40Km. Autre bizarrerie, le que le véhicule d'assistance de Neveu fils piloté par Neveu père est hors course, il est autorisé a prendre le départ d'une spéciale « histoire de suivre le petit », C'est l'Afwique patwon '

Pour compléter cet article, celles et ceux d'entres-vous qui possédez La vie de la Moto N°589 et le Moto Journal de 1978 de l'essai du bitza Arcueil Motor par Fenouil, n'hésitez-pas Lâchez-vous !
perso je ne les ai pas 

Merci François.
Un régal ...

Nickel chrome

Super tranche de compétition !!!

Effectivement, je suis preneur des articles, si quelqu'un les a.

Super !

ZR

Possible que j'ai ça dans mes archives, je vais regarder.
Le n° du Moto Journal serait bienvenu pour accélérer la recherche.

Super intéressant et documenté!

Gari Carrera ?
Je crois le connaître...
Virtuose de la soudure et du tour.
Fournisseur génial de solutions judicieuses à mes petits problèmes.
Merveilleux narrateur  de ses aventures africaines ou du continental circus.

jacques a écrit:Possible que j'ai ça dans mes archives, je vais regarder.
Le n° du Moto Journal serait bienvenu pour accélérer la recherche.

Salut Jacques 
désolé, j'ai pas...
Ni l'index des articles parus en 1978.

nortonton a écrit:Gari Carrera ?
Je crois le connaître...

Salut l'ami 
Alors ce serait intéressant de le rencontrer et d'évoquer avec lui ce Dakar 79, un Dakar 100% amateur, peut-être le dernier pour BMW.
Une copie de ce post en fil rouge, peut-être que l'homme t'ouvrira ses souvenirs de cette aventure, loin des lumières mais combien importante et passionnante. 
Racontes-nous ces souvenirs, l'histoire de la fuite d'huile à cause d'un cache culbu percé, l'abandon du moteur à Bamako, la vie à 3 dans le cockpit du Pick-up sur 10 000Km, les séances de mécanique le soir à l'étape. 

J'ai en mémoire le souvenirs d'un vibrant hommage du plus grand pilote automobile Jacky Ickx à ses mécaniciens, je le cite :
il faut vieillir pour comprendre certaines choses et si je devais avoir es regrets aujourd'hui c'est que victime de ma jeunesse et de mon succès, je n'ai peut-être pas pris assez le temps de considérer les hommes autour de moi. J'étais proche d'eux, certes, mais j'aurais ou l'être encore d'avantage ... /...
Les pilotes c'est un peu « me and mylself and I »

Vu que tu parles de Fenouil François et que ça a l'air de t'intéresser, il donne une sorte d'apéro-dédicace à Lyon le 15 février prochain dans un bar motard qui s'appelle le Kargo Kulte :

https://www.facebook.com/events/848090325629718/

ffrd a écrit:

nortonton a écrit:Gari Carrera ?
Je crois le connaître...

Salut l'ami 
Alors ce serait intéressant de le rencontrer et d'évoquer avec lui ce Dakar 79, un Dakar 100% amateur, peut-être le dernier pour BMW.
Une copie de ce post en fil rouge, peut-être que l'homme t'ouvrira ses souvenirs de cette aventure, loin des lumières mais combien importante et passionnante. 
Racontes-nous ces souvenirs, l'histoire de la fuite d'huile à cause d'un cache culbu percé, l'abandon du moteur à Bamako, la vie à 3 dans le cockpit du Pick-up sur 10 000Km, les séances de mécanique le soir à l'étape. 

J'ai en mémoire le souvenirs d'un vibrant hommage du plus grand pilote automobile Jacky Ickx à ses mécaniciens, je le cite :
il faut vieillir pour comprendre certaines choses et si je devais avoir es regrets aujourd'hui c'est que victime de ma jeunesse et de mon succès, je n'ai peut-être pas pris assez le temps de considérer les hommes autour de moi. J'étais proche d'eux, certes, mais j'aurais ou l'être encore d'avantage ... /...
Les pilotes c'est un peu « me and mylself and I »

Gari , vers 8mn 40'

Une saine lecture pour un jour de repos, merci.

nortonton a écrit:


Gari , vers 8mn 40'

Vache, quand on voit le jeu à la bielle quand il démonte le cylindre, c'était mal barré pour que ça reparte, même sur un cylindre !

Merci pour ce rappel merveilleux.

J'avais suivi ça à l'époque, en direct dans ma lecture de prédilection ( Moto Canard). Gary Carrera avait aussi préparé des 650 XS, les passant en 750cc  avec des pistons d'Alfa Roméo, c'est comme ça que j'ai retenu son nom, saint parmi les saints !
(En version " Tiger" mono carbu.  )




Il y a aussi un rappel de l'histoire de Fenouil dans un numéro de Box'r'Mag, ce me semble...
La photo de Nortonton est une pâle usurpation, comme à l'accoutumée, lorsqu'il essaie de faire passer de pauvres BSA, Panther ou d'indigentes Norton ES2 pour d'authentiques Enfield EFI de collection......
L'authentique Gary Carrera a un compte Twitter : 

Un nouveau post à ne pas manquer, j'en ai de la poussière sur le clavier
Vous avez lu son livre à Fenouil?

Padre .
on ira voir Gari si tu reviens dans l'ouest. De Montpellier .

ffrd a écrit:

... et un frein avant novateur, Le résultat est une machine à gagner toutes les spéciales

Ce frein novateur, ça ne serait pas un Luchier    on voit pas grand chose sur la photo

c'est exactement ce a quoi je pensait.

 

barney gumble a écrit:Vu que tu parles de Fenouil François et que ça a l'air de t'intéresser, il donne une sorte d'apéro-dédicace à Lyon le 15 février prochain dans un bar motard qui s'appelle le Kargo Kulte :

https://www.facebook.com/events/848090325629718/

Salut Barney 
Merci de l'info, je suis au salon de la moto de Lyon ce 15 février, peut-être l'occasion de faire un crochet et de prendre langue avec ce Monsieur de la moto ?

Chouette vidéo 
sur les dernières images, on y voit un chouette cache culbu tout neuf avec sa belle couleur alu, de là a confirmer l'hypothèse d'un choc qui crève le cache culbu gauche laissant l'huile fuir d'ou le début de la fin ?


Je reviendrais sur Philippe Jambert N°66 et sa R65

le monde à l'envers non ? pensons aux flatistanais actuellement dans l’hémisphère Sud 

Bien vu dear  Francois Holmes !

Un cache culbu de serie 7 ,plus solide, lui aurait donc permis de finir ?

Je poserai la question à Gari C.

ffrd a écrit:Chouette vidéo 
sur les dernières images, on y voit un chouette cache culbu tout neuf avec sa belle couleur alu, de là a confirmer l'hypothèse d'un choc qui crève le cache culbu gauche laissant l'huile fuir d'ou le début de la fin ?

On voit aussi sur la vidéo que les pistons semblent bien plus courts que ceux des premières R80, par contre contrairement à ce que tu notes plus haut, ils ont trois segments.

pockaman a écrit:On voit aussi sur la vidéo que les pistons semblent bien plus courts que ceux des premières R80, par contre contrairement à ce que tu notes plus haut, ils ont trois segments.

Oups !!! 
Je corrige de suite...
Merci Gaël