C6S - Rechargement et reprise d'une portée de roulement de vilebrequin

Petit reportage sur une réparation que l'on a fait avec Jean-Jacques, avec le concours de Franck.

Le problème, la portée de vilebrequin arrière, est bouffée sur mon vilo et celui de JJ. On voit que l'arbre à tourné dans la bague intérieure du roulement arrière.
Résultat, ce n'est pas beau, et  ça va être de pire en pire, donc hors de question de remonter ça.


Après discutions avec Franck, une société dans la région parisienne pourrait recharger la portée pour nous permettre de réusiner à la bonne cote.
Le prérequis: il faut usiner une gorge afin de laisser une épaisseur suffisante après la reprise.
Donc acte; la société nous a conseillé de creuser entre 10 et 15 centièmes au rayon.


2 semaines plus tard, nos deux vilebrequins sont de retours prêts à être repris.



Au début, nous pensions les envoyer à une boîte spécialisée dans la rectification de moteurs.
Après 2 coups de fils, et des gars pas très chauds pour prendre le chantier, on décide de le faire nous même.

Montage mixte sur un tour, avec, pour accueillir la contre pointe, une pièce reprenant le cône d'emmanchement du volant moteur. 
Contrôle au comparateur que tout tourne rond, et on y va.




Pour contrôler le déplacement du chariot transversal, en plus du vernier, je place un pépitas en bout de chariot, histoire d'être sûr, vu la tolérance demandée (10 microns)


Et on fini par obtenir ça:



Il subsiste 2 petites traces, qui partiront lors d'un polissage, le sillon étant imperceptible à l'ongle.

Je vais laisser à Jean-Jacques l'honneur de poursuivre sur la partie montage, vu que c'est son vilebrequin la star de ce sujet...

Réparation rondement menée.

.

Je ne penses pas connaître cette méthode de réparation, t’es t’il possible de nous expliquer la façon d’on cette recharge s’est effectuée ?  (Sans démontage de la masse)
Merci.

De ce que j'en sais, ça a été rechargé au laser. 
Franck pourrait peut-être nous en dire plus, c'est lui qui avait trouvé l'entreprise qui a réalisé le rechargement.
L'absence de traces de chauffe, et de projections a été une belle surprise.

Très intéressant ! Il n'y a pas de traitement thermique ou thermochimique à prévoir ?

Nous n'avons pas prévu d'en faire.
Le métal de base s'est usiné très facilement avec un outil ARS donc on est parti sur "pas de traitement".
Le métal d'apport est du Z30 C 14, et à l'usinage, ça s'est très bien comporté, aucune trace de début d'écaillage et une coupe très franche.

Cette portée à été finie sur la cote supérieure de la tolérance spécifiée par RATIER, à savoir 35,013mm. 
La tolérance basse admissible à l'époque était de 35,002. 
Ce qui nous a fait dire à Jean-Jacques et moi-même, que cette tolérance basse était peut-être trop faible pour la fonction.

Une cémentation ou une nitruration ayant une profondeur de qq centaines de microns, ca se tient 

Dans mon cas, je vais le laisser tel quel.
Le métal de base n'est pas traité, si le serrage est bien assuré sur la bague intérieure, avec une bonne portance (polissage de l'arbre), je ne pense pas avoir de problème.
Le mieux serait l'ennemi du bien d'après certains    ... même si j'ai pas mal tendance à faire mal au mouches quand il s'agit de mécanique.

Est-ce qu'un manchon Speedi-sleeve de chez SKF n'aurait pas été plus simple (et moins onéreux) ?

https://www.skf.com/fr/products/industrial-seals/power-transmission-seals/wear-sleeves

Je ne connaissait pas, mais ces bagues me semblent plus indiquées pour des surfaces de contact type joint spi ou joints à lèvres.
Vu le choix laissé dans le tableau des dimensions, et le mode d'emmanchement, tenir la tolérance pour un emmanchement de roulement me parait hasardeux. 
...A moins de reprendre ensuite.
Et la longueur de la portée est trop faible, 13mm, contre 17mm recherchée pour un diamètre 35.

Mais merci pour la découverte , je garde ça dans un coin de ma tête, au cas où un jour...

C'est une bonne solution pour les portées de joint, mais là, c'était la portée de roulement qui était usée.
Les contraintes ne sont pas les mêmes!

Ljh_29 a écrit:Vu le choix laissé dans le tableau des dimensions, et le mode d'emmanchement, tenir la tolérance pour un emmanchement de roulement me parait hasardeux.

En effet tu n'as pas de marge de manœuvre vu que les dimensions sont imposées...
Mais pour une portée de joint c'est une bonne solution (que j'ai déjà expérimentée).
Belle réparation en tous cas

Oui effectivement, belle réparation et surtout quelle technicité !   

Ljh_29 a écrit:De ce que j'en sais, ça a été rechargé au laser. 
Franck pourrait peut-être nous en dire plus, c'est lui qui avait trouvé l'entreprise qui a réalisé le rechargement.
L'absence de traces de chauffe, et de projections a été une belle surprise.

Est-ce ADS Laser à Méry-sur-Oise qui a rechargé la pièce (https://www.ads-laser.com/) ?

J'avais noté leurs coordonnées après avoir vu leur travail dans un reportage (Wheeler Dealers France ou Vintage Mecanic, je ne sais plus).
Edit : Gazoline a aussi fait appel à cette société pour recharger la culasse corrodée de la Lancia Fulvia qu'ils sont en train de restaurer.
PS : Je n'ai jamais fait appel à leurs services, ni vu leur boulot.

patn58 a écrit:Est-ce ADS Laser à Méry-sur-Oise qui a rechargé la pièce (https://www.ads-laser.com/) ?

oui, c'est bien cette société.

La soie de vilebrequin n'est pas une pièce traitée pour être dure, je n'ai pas eu de problème particulier pour faire l'embrèvement pour la recharge. L'avantage du laser, c'est très chirurgical: pas de chauffe  en profondeur, ni de projections parasites. Le gros plus, on n'est pas obligé de démonter le vilebrequin comme pour le chromage dur, qui en plus nécessite de la rectification, et, avec le vilebrequin assemblé, c'est plus facile de retrouver l'axe de rotation pour garantir la concentricité.

Merci pour ta réponse et bonne continuation

C'est très intéressant ! Et peut-on connaître le coût d'une telle "recharge" si ce n'est pas trop indiscret ?

100€ HT, ça nous a paru raisonnable

Je trouve aussi

Effectivement très raisonnable par rapport au gain 

Tu saurais si c'est applicable à la recharge de cames (et modification de profil) ?

Pour l’arbre à cames, vu son mode de fonctionnement, avec beaucoup de frottements sur les cames, le traitement thermique est obligatoire.

Et là, appliquer un traitement thermique sur une pièce constituée de 2 nuances d’acier différentes (un acier typé cémentation, et notre métal  d’apport), je ne suis vraiment pas sûr du résultat...

pas sur du traitement thermique sur AaC ?

Par contre 2 écoles : acier en Europe et fonte au Japon (ou l'inverse, je sais jamais  )

goeland_ a écrit:
Tu saurais si c'est applicable à la recharge de cames (et modification de profil) ?

Pour un A/C, le problème est bien différent. C'est en général une pièce avec un traitement de surface type cémentation (enrichissement en carbone sur une couche de surface un peu épaisse, puis TTH). Cela permet d'avoir une grande dureté de surface et de garder à cœur une résistance non fragile.
Pour modifier, si tu dois ajouter de la matière, je pense qu'il faut faire un recuit de détrempe, la recharge, peut-être un revenu de stabilisation. Puis, ensuite les opérations d'usinage des formes, une re-cémentation, trempe et revenu puis rectification finale.
Je t'invite à prendre contact avec un spécialiste des A/C, il m'a fait une modification légère sur mon arbre, qui ne nécessitait pas de rechargement.

HEMERY ARBRES A CAMES
1 rue des Myosotis,
24100 Bergerac
France
Tél. 09 50 26 04 62 - 06 70 02 50 46

Merci à toi , il est effectivement réputé dans le milieu et il s'y connait en AaC

68reitar a écrit:Je t'invite à prendre contact avec un spécialiste des A/C, il m'a fait une modification légère sur mon arbre, qui ne nécessitait pas de rechargement.

HEMERY ARBRES A CAMES
1 rue des Myosotis,
24100 Bergerac
France
Tél. 09 50 26 04 62 - 06 70 02 50 46

Il y a aussi Gérard Augereau (Techniprofil) à Vibraye dans la Sarthe qui est réputé: http://arbresacamestechniprofil.com

Je reviens sur les portées de roulements de nos vilebrequins,



j’ai retrouvé cette image faite lors d’une réfection d’une soie arrière.



Cette avarie récurrente se constate aussi sur les vilos de bmw.

Puisque des possesseurs/utilisateurs de Zündapp nous lisent, qu’en est-il de leurs machines, en sont-elles épargnées ?