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Eloge du carburateur

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Message  Mick13 Jeu 5 Aoû - 23:31

je ne sais pas si le monde du travail c'est tant dégradé que ça, par contre, j'ai vu le stress progresser dans quelques boite, les heures sup non payées, etc, je parles de mon expérience, pas d'une généralité ou une vérité.

A mon sens, un des gros problèmes est que l'on a énormément dévalorisé le travail manuel.

Mick13


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Message  Flatosaure Ven 6 Aoû - 0:07

Comment dire... non, rien eloge - Eloge du carburateur - Page 4 145644

____________________
Il n'est aucun problème qu'une absence de solution ne finisse par résoudre.
Flatosaure
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Message  Lou2 Sam 7 Aoû - 2:56

BlackFish a écrit:et contrairement a ce que l'on pourrais croire
j'ai un profond respect pour les membres du fora

Pareil pour moi en ce qui te concerne l'ami... serremain
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Message  Mick13 Sam 7 Aoû - 9:39

me 2

____________________
“Due to budget constraints, the light at the end of the tunnel has been temporarily shut off. Please find your way in the dark.”
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Message  Invité Sam 7 Aoû - 13:48

lou a écrit:
BlackFish a écrit:et contrairement a ce que l'on pourrais croire
j'ai un profond respect pour les membres du fora

Pareil pour moi en ce qui te concerne l'ami... serremain

pareil..

en tant que grand maitre de la confrérie des trolls ,moi boxy le premier ,je t'accueille volontiers parmi nous

hahaha

ps ,n'oublie pas les tonneaux de bière trollienne mort de rire pour féter ton intronisation serremain

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Message  Lou2 Sam 7 Aoû - 14:45

Ouais oh! Te sens pas obligé non plus d'en rajouter hein! antitroll
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Message  Invité Sam 7 Aoû - 15:10

lou a écrit:Ouais oh! Te sens pas obligé non plus d'en rajouter hein! antitroll


y'aurais pas le mème avec parfum vanille chef souris

j'aime bien la vanille moi mort de rire

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Message  fendlabise Mer 18 Aoû - 14:53

Hummm ... c'est chaud ce sujet !!

J'ai attaqué L'éloge du carburateur avant-hier soir. je réalise que les Flatistanais qui ont échangé sur ce post ont tous, disons, plus de 40 ans. Alors qu'en pensent les jeunes ??

Je vais me faire mon opinion sur ce livre. A priori, je dis bien a priori, je devrais trouver quelques points d'accroche avec des démarches personnelles : entretenir, connaître, réparer par soi-même l'objet que l'on possède. Plutôt que de simplement le porter chez celui qui va le faire à votre place ... et payer. Si vous saviez ma profonde satisfaction à rouler sur mon R100 après l'avoir démonté entièrement, l'avoir réassemblé, y avoir apporté des modifications, avoir rencontré des artisans, m'être laissé guider par eux quand je leur expliquais ce que je voulais faire ... et me remettre sur les rails de l'état de l'art, bien souvent. Puis un jour avoir tourné la clef et entendre sonner les Vattier yess (merci Didier clin et Vincent clin pour le plus qu'un coup de main et le soutien toutes ces années-là).

Moi, je me classe dans les "cols blancs" (DEA d'Intelligence Artificielle ... quand j'y pense !! yaaa ). Après des années à évoluer dans les métiers de l'informatique, et là je reviens à l'attaque de mon message, l'âge, je me retourne : je crois, je pense, qu'aucune de mes réalisations professionnelles ne m'a satisfait autant que le travail effectué sur le R100, même si j'ai toujours eu à coeur de créer dans mon travail. Alors, aurais-je raté ma vocation de "col bleu" ? Je ne me permettrais pas de dire cela.

Mais comme l'a dit l'un d'entre vous, pas de regret, on maîtrise assez peu son départ dans la vie. C'est ce que l'on fait ensuite qui compte.

Pour l'instant, le début du livre mentionne Taylor et Ford, la séparation de l'intellectuel et du manuel, j'ai beaucoup de plaisir à lire ce livre. Et effectivement, j'ai eu besoin du dico 2, 3 fois pour comprendre certains mots, je ne m'attendais pas à cela.

A + les amis ! biker
fendlabise
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Message  Arthur Mer 18 Aoû - 18:20

Bonsoir à tous,

Fendlabise, tu veux l'avis d'un "jeune"...Je viens de lire le post en entier, de l'extrait du livre Carburant aux concept philosophico-sociaux, aux réactions du noir poisson en passant par les couplets de Cabrel et il y a beaucoup à dire.
J'ai 29 ans, je suis un col blanc plus blanc que blanc, de ceux pour qui le noir poisson nourrit de noirs desseins et lire certaines réactions me rend triste, ou plutôt fait vaciller mon optimisme habituellement sans faille. Demain, ou plus tard peut-être, à tête reposée, j'essaierai de vous donner l'avis d'un jeune si, pour vous, 29 ans, c'est encore de la jeunesse.
Ce soir, il est 18h17 et le col blanc que je suis, qui est arrivé à 7h30 ce matin a encore 3 bonnes heures de travail devant lui, il n'a pas dejeuné et il n'a que 5 semaines de congés pour se reposer...alors, je prendrai le temps plus tard. Mais je le prendrai en essayant de me hisser au niveau d'intelligence et de clairvoyance de la plupart ce dont je ne suis pas capable maintenant.

Arthur
Arthur


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Message  BlackFish Mer 18 Aoû - 18:33

Arthur a écrit:Bonsoir à tous,

philosophico-sociaux, aux réactions du noir poisson en passant par les couplets de Cabrel et il y a beaucoup à dire.
J'ai 29 ans, je suis un col blanc plus blanc que blanc, de ceux pour qui le noir poisson nourrit de noirs desseins et lire certaines réactions me rend triste, ou plutôt fait vaciller mon optimisme habituellement sans faille.



Tsiiiiii.....!!!!!
Je ne nourris aucun "noir dessin" envers les cols blancs
je dit qu'il n'ont de la vie qu'une vision incomplète
et qu'ils ne sont pas les mieux placer pour
qualifier et quantifier les "charmes" du Travail manuel


BlackFish
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Message  Invité Mer 18 Aoû - 18:44

.....et qu'ils ne sont pas les mieux placer pour
qualifier et quantifier les "charmes" du Travail manuel

c'est pas faux ,sauf si avant de devenir un col blanc ,ils sont passés avant par la case manuel

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Message  Richard de l'Aulagnier Mer 18 Aoû - 18:46

Je suis parfaitement incapable de faire un oeuf (si,si) mais je pense être plus à même qu'une poule de parler d'une omelette aux truffes.
Richard de l'Aulagnier
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Message  BlackFish Mer 18 Aoû - 19:38

boxer man a écrit:.....et qu'ils ne sont pas les mieux placer pour
qualifier et quantifier les "charmes" du Travail manuel

c'est pas faux ,sauf si avant de devenir un col blanc ,ils sont passés avant par la case manuel

Il y a quelques années, avant que l'Europe impose des normes dans le monde du travail
a l'usine Safran de Longlier, un homme a palettisé (a la main) des sacs d'engrais de 100kg
toutes sa carrière, il est mort 11 jours après sa mise a la pension
j'invite tous ceux qui parle du travail manuel sans l'avoir subit d'aller
énuméré les "charmes" du susdit travail a sa veuve et a ses enfants
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Message  pockaman Mer 18 Aoû - 19:58

Moi aussi, en tant que "jeune", je pourrais réagir à ce post. J'ai tout lu, c'est passionnant, le bouquin comme vos réactions à tous.

Comme tout jeune qui se respecte à l'approche de 20h, je sors prendre un peu l'air. Si j'ai encore les idées claires quand je rentre (si je rentre), je dirais peut être ce que je pense de tout ça, des cols bleus et blancs, des universitaires, du travail manuel... Je connais pas mal tout ça...
pockaman
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Message  jbt Mer 18 Aoû - 20:26

J'peux encore réagir en tant que jeune, hein...je fais pas encore partie des "vieux de 40 piges", Fendlabise. Au passage, tu trouveras quelques allusions vers la fin qui causent un peu d'IA.

Bon, j'ai bouclé hier soir ce bouquin, m'endormant dessus au bord de la mer en Camargue.
Bin bondju...

Il y a des livres que tu aurais pu écrire tant ils semblent raconter ta vie, et d'autres qui te donnent envie d'en changer. Celui-là fait les deux à la fois!
Bel essai, à cheval sur la mécanique, la philo et la psychologie du travail.
Seul bémol: quelques termes mécaniques sont mal traduits, parlant de "têtes de cylindres" pour des culasses, sinon c'est vraiment un régal

jbt
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Message  BlackFish Mer 18 Aoû - 20:27

pockaman a écrit:Moi aussi, en tant que "jeune", je pourrais réagir à ce post. J'ai tout lu, c'est passionnant, le bouquin comme vos réactions à tous.

Comme tout jeune qui se respecte à l'approche de 20h, je sors prendre un peu l'air. Si j'ai encore les idées claires quand je rentre (si je rentre), je dirais peut être ce que je pense de tout ça, des cols bleus et blancs, des universitaires, du travail manuel... Je connais pas mal tout ça...


Je ne veut pas te vexer, aussi ne le prend pas mal
mais a ton age, on ne connais encore rien
BlackFish
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Message  Richard de l'Aulagnier Mer 18 Aoû - 20:32

Ma grand mère me disait souvent:"Ah si jeunesse savait,si vieillesse pouvait" mais elle ignorait que j'en savais plus qu'elle sur pas mal de sujets.
Richard de l'Aulagnier
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Message  BlackFish Mer 18 Aoû - 20:41

Richard de l'Aulagnier a écrit: elle ignorait que j'en savais plus qu'elle sur pas mal de sujets.


Parler des choses ne prouve en rien qu'on les maitrises
Les certitudes, juste un château de cartes


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Message  Richard de l'Aulagnier Mer 18 Aoû - 20:48

La vieillesse est un naufrage,disait l'autre;Ne donnons pas au temps plus qu'il ne mérite.
Richard de l'Aulagnier
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Message  BlackFish Mer 18 Aoû - 20:57

Richard de l'Aulagnier a écrit:;Ne donnons pas au temps plus qu'il ne mérite.

Les bons comptes font les bons amis
BlackFish
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Message  Richard de l'Aulagnier Mer 18 Aoû - 21:02

Les bons cons font les bonzes amis.
Richard de l'Aulagnier
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Message  Palica Gringo Mer 18 Aoû - 21:58

Les gicleurs volent bas parfois sur ce post... Ca m'a donne envie de lire ce bouquin. Ca me changera d'internet et des revues techniques BMW... lol!
Apres (et seulement apres...) je me ferai une idee et je commenterai. Mais quand meme, je voulais dire que j'ai lu le post du debut a la fin et je trouve incroyable qu'autant de personnes issues de cultures, milieux sociaux, etudes, conditions differents echangent sur le meme sujet (c'est pas exclusif au Flatistan, ca se voit souvent sur les forums mais ici, ca se fait generalement dans la bonne humeur). C'est par ce cote qu'internet est extraordinaire selon moi. Et quand en plus, ca permet de se rencontrer "en vrai", c'est le nirvana...

Fred

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- Alors, tout s’est passé comme prévu ?
- Non, mais c’était prévu.

Storm
Palica Gringo
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Message  Mick13 Mer 18 Aoû - 22:40

Richard de l'Aulagnier a écrit:Je suis parfaitement incapable de faire un oeuf (si,si) mais je pense être plus à même qu'une poule de parler d'une omelette aux truffes.

Richard, je t'adore lol!

Je me suis bien marrer !

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Message  Richard de l'Aulagnier Mer 18 Aoû - 22:50

Chuuut!,chuis en pleine négo avec Lou,il raque ou je deviens sérieux...
Richard de l'Aulagnier
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Message  Mick13 Mer 18 Aoû - 22:51

BlackFish a écrit:
boxer man a écrit:.....et qu'ils ne sont pas les mieux placer pour
qualifier et quantifier les "charmes" du Travail manuel

c'est pas faux ,sauf si avant de devenir un col blanc ,ils sont passés avant par la case manuel

Il y a quelques années, avant que l'Europe impose des normes dans le monde du travail
a l'usine Safran de Longlier, un homme a palettisé (a la main) des sacs d'engrais de 100kg
toutes sa carrière, il est mort 11 jours après sa mise a la pension
j'invite tous ceux qui parle du travail manuel sans l'avoir subit d'aller
énuméré les "charmes" du susdit travail a sa veuve et a ses enfants

Parfois, je dis qu'a part le tapin, j'ai fait tous les boulots !

Le travail a la chaine, j'ai donné. Dans une usine Française ou a une époque on pouvait fumer, bien pas même le temps d'allumer une clope, c'est un cas extrême et non représentatif, mais ça existe.
Des boulots ou l'on te promets monts et merveilles, j'ai connu.
Des boulots manuels dans les quels je m'éclatais, j'ai connu aussi.
Un boulot de "col blanc" (c'est quoi un col blanc ?) ou je m'éclatais aussi.

Le problème est que certains "cols blancs", je dis bien certains, une minorité, sont payés pour pressuriser ceux qui sont en dessous.
Ca, ça ne peut pas aider a faire une belle image des "cols blancs"

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Message  pockaman Jeu 19 Aoû - 13:08

BlackFish a écrit:
pockaman a écrit:Moi aussi, en tant que "jeune", je pourrais réagir à ce post. J'ai tout lu, c'est passionnant, le bouquin comme vos réactions à tous.

Comme tout jeune qui se respecte à l'approche de 20h, je sors prendre un peu l'air. Si j'ai encore les idées claires quand je rentre (si je rentre), je dirais peut être ce que je pense de tout ça, des cols bleus et blancs, des universitaires, du travail manuel... Je connais pas mal tout ça...


Je ne veut pas te vexer, aussi ne le prend pas mal
mais a ton age, on ne connais encore rien

Oh je le prends pas mal, venant de toi j'ai arrêté de prendre mal tout ce que tu disais, parce que ce que tu dis est tellement sans appel que si on prend tout mal on a rapidement envie de t'étriper. C'est pas mon cas. Juste y a pas mal de trucs que j'aurai eu envie de dire, mais je ne sais pas si je vais les raconter, puisque comme j'ai pas 50 ans, j'ai pas eu un cancer et j'ai fait des études, je n'y connais rien à rien ! lol! Mais je me console en me disant tout vient à qui sait attendre...

Seulement il ne suffit pas d'attendre, y a des vieux cons et des jeunes intelligents, tout comme l'inverse. Peut-être juste quand on est plus jeune on est pas encore blasé, il nous reste un soupçon d'espoir, une fine lueur qui fait dire aux vieux qu'on n'y connaît rien, puisqu'on n'a pas (encore) d'avis sur tout, et qu'en conséquence on ne la ramène pas automatiquement. C'est ma démarche personnelle, quand je ne connais pas, je ferme ma gueule et j'apprends, car je suis curieux et je m'intéresse à peu près à tout.

Concernant le bouquin et la valeur du travail, face à mon approche personnelle...
J'ai toujours été attiré par ce qui se bricole, ce qui se démonte, ce qui se répare, depuis tout môme. Le problème c'est que parallèlement, j'ai toujours été attiré par les bouquins, par les histoires... Je passais mes nuits à dévorer des étagères de livres, et la journée je démontais des moteurs de machine à laver pour construire un vélo électrique (à rallonge, certes...). J'ai la chance d'avoir des parents qui me laissaient faire ces conneries, et me fournissaient en bouquins. Résultat de tout ça, j'ai toujours, toujours, eu le cul entre le travail dit "manuel" et le travail dit "intellectuel". J'aime bien les deux. Seulement à l'école, il faut choisir, hein. On ne peut pas travailler à la fois avec ses mains et avec sa tête, c'est pas possible. Soit t'es catégorisé "ayant les capacités", et tu suis le parcours "général" (c'est donc bien celui-là le classique, l'autre c'est la voie de détresse...), soit les profs te jugent inapte, et du coup, hop, c'est la filière technologique, en gros c'est la future main d'oeuvre.
Pour tout le monde, il s'agit de "se fermer le moins de portes possibles", donc j'ai suivi la filière générale. A la question "qu'est ce que tu veux faire quand tu seras grand ?" j'ai jamais su répondre. Attends, il y a tellement de trucs possibles, et il faut que j'en choisisse un seul ? Vachement restrictif !
Du coup quand j'ai eu mon bac (de justesse, parce que finalement quand tu sais pas trop à quoi ça va te servir d'apprendre par coeur des études de fonctions mathématiques, la motivation à cette époque, c'est plutôt de fumer des pétards), je savais toujours pas vers quoi me diriger. Le hasard a choisi pour moi, puisque vu mon dossier moyen, j'ai été retenu uniquement dans la section "électronique et informatique industrielle" d'un IUT, alors que j'avais demandé en premier lieu la section "mécanique". Me voilà parti deux ans à faire des programmes informatiques et à étudier les signaux électriques sur des oscilloscopes (du coup, les études de fonction mathématiques, ça y est, tu sais à quoi elles servent). Ca me permettait de bricoler des boîtiers électroniques que j'intercalais entre ma guitare et mon ampli pour obtenir des sons venus d'un autre monde... En parallèle, je bossais l'été et les vacances scolaires en intérim', et les boulots de merde à la chaîne sous-payés, j'en ai fait. J'ai le souvenir d'un boîte de tournage fraisage dans laquelle j'ai dû bosser un mois, un petit vieux tout fripé, les mains toutes tordues, les cheveux tout blancs, le teint blafard, qui partait en retraite dans un mois à 60 ans. J'hésitais entre la pitié pour ce type qui avait fait ce boulot de merde depuis toutes ces années, et entre le sentiment de dégoût pour la résignation qui l'avait fait rester ici et ne pas chercher à sortir la tête pour regarder ce qu'il y avait autour, dire merde à ce gros con de patron (je peux le dire, celui-là c'en était un) et aller voir ailleurs. Ce qui m'a aussi marqué dans ce genre d'environnement, c'est le regard des autres. Comme je bossais pas trop mal, le contact passait assez bien avec les autres ouvriers. Dès qu'ils finissaient par apprendre que je faisais des études, c'était fini, j'étais presque le traître... Assez vite j'en ai eu marre de ces boulots, et je partais faire les saisons d'été dans les campings comme bricoleur officiel, réparateur de mobil-home, remplacement de bouteilles de gaz et j'en passe. On se fait autant exploiter que dans les usines, mais au moins on a l'impression d'être utile aux gens qu'on dépanne et on fait la fête le soir.
Et puis j'ai eu mon DUT d'électronique. Là, j'aurais pu chercher du travail, il y en avait encore un peu dans le domaine à l'époque... Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai voulu continuer dans je ne sais plus quelle école d'ingénieur, j'ai tenu trois semaines, ça m'a pas plu du tout. Et c'est là que j'ai merdé.
Je ne sais pas exactement ce qui m'a pris, je pense que c'est la remontée d'un truc enfoui depuis longtemps, quand gamin je classais mes livres par ordre alphabétique sur l'étagère, je me suis inscrit en fac de sciences humaines. Me fallait de la culture, bordel, j'en pouvais plus de leurs mathématiques et de leur programmation orientée objet, des robots à faire virevolter sur des tapis verts et des études de signaux électriques.
Donc inscription en fac d'histoire, les profs me regardaient un peu comme un OVNI, mais ça m'intéressait, leurs trucs, les guerres, l'étude des rapports humains aux autres époques, en d'autres lieux, à fond, j'étais. Pour me rapprocher des bouquins, j'avais aussi pris une option Lettres Modernes, ça c'était moins cool, je voyais les profs comme de vieux écrivains ratés qui s'escrimaient à étudier depuis des années les mêmes oeuvres pour essayer de comprendre ce qu'elles avaient d'extraordinaires... Comme il me fallait toujours ma piqûre de travail manuel, l'été j'étais "responsable de la location et de la réparation des vélos" dans un camping, trois mois par an. Quand je commençais à en avoir marre du travail intellectuel, hop, un petit coup de travail manuel...
Et puis bon, je me suis rendu compte qu'il fallait bien avoir un objectif, à la Fac. J'ai décidé de devenir bibliothécaire. Le pied, passer ses journées au milieu des livres ! J'ai fait des stages, c'était intéressant, mais bon, fallait le concours. Aah, déjà c'était vachement moins intéressant. J'ai passé ma licence d'histoire, puis j'ai commencé la maîtrise en bossant un peu le concours. Je l'ai passé deux fois, je l'ai raté deux fois. Bon, on va pas en faire un plat, mais ça commençait à me gaver, cette affaire. Pourquoi pas libraire, finalement ? Ah, faut passer une formation aussi ? Mais faut un diplôme pour tout, alors ? Je m'inscris à la formation, ça marche pas mal, jusqu'au premier stage. Libraire, c'est une belle illusion. En fait, c'est ouvrir des cartons de bouquins que les boîtes d'édition t'envoient, tu choisis même pas, tu rentres les références dans l'ordinateur et tu les mets sur les rayonnages. De la manutention, en fait.
Du coup je cherchais des offres d'emploi de bibliothécaire sans le concours, si si, ça se trouve, faut juste avoir un coup de piston. Le coup de piston, je connais bien, mais c'était pas le bon, j'étais refusé aux entretiens. Je bossais en intérim' en parallèle, des contrats de quelques jours dans les pépinières angevines, à vous dégouter du travail et à s'inscrire au RMI...
Un jour, perdue dans les offres d'emploi de bibliothécaire, je trouve une annonce de technicien de maintenance dans un lycée. Bof, je suis plus à ça près, une lettre en plus... et me voilà en belle tenue bleue (sans col), une caisse pleine de beaux outils, un atelier rempli de matos, du poste à souder en passant par la perceuse à colonne, la méga disqueuse et tout. Manquait juste un peu de travail... Mais ça c'était pas grave, les bonnes journées je bossais autant pour moi que pour le bahut, et j'avais quand même le temps de prendre douze cafés avec les collègues. Eh oui, j'ai même été presque fonctionnaire, et j'ai vu ce que c'était, les privilégiés qui se plaignent de leurs conditions "déplorables" avec plus de 10 semaines de congés payés par an... Un jour que j'étais à l'atelier, en train de changer les charbons du démarreur du tracteur du beau-frère de ma collègue qui faisait la plonge au self, la directrice me fait venir dans son bureau. "Mr. A., est-ce que vous pourriez réparer ceci et ceci et puis voir ceci dans mon appartement, juste à côté ?". Abus de pouvoir, quelle que soit l'échelle, ça existe... J'ai refusé. Nos rapports se sont un peu dégradés. Et puis mon contrat s'est fini au bout d'un an, je me suis dit que dans la bricole il y avait de l'avenir, donc après six mois de chômage, j'ai monté une petite structure pour faire de la bricole à domicile, changer les joints de robinets de ceux qui savent pas le faire.
Et j'en suis là.

'Tain j'étais parti pour la dissection du travail manuel et intellectuel, et j'en suis arrivé à raconter mon non-choix entre les deux ! Bon ben je poste quand même, tant pis pour vous.

Tout ça pour dire que le travail manuel et intellectuel... Ben moi j'ai jamais choisi, j'ai besoin des deux, et encore aujourd'hui ça peut changer. Je n'imagine pas un boulot où il y a l'un sans l'autre, c'est peut-être du luxe, mais même si j'en ai pas les moyens c'est comme ça quand même.
Faut juste que dans le travail manuel il y ait de la réflexion, sinon ça me gave et c'est fatiguant physiquement. La fatigue physique ne me dérange pas si il y a une compensation intellectuelle, un sentiment du travail réfléchi et bien fait. Et il faut que le travail intellectuel ait une utilité et ne se réduise pas à brasser de l'air. Je vais pas rester dans un boulot de merde "parce que sinon je vais être raque à la fin du mois", je me démerderais autrement, mais c'est hors de question que je fasse ch.er.

Et pour dire aussi, le poisson noir, que quelqu'un de littéraire peut être manuel, et inversement. Et qu'un intellectuel qui étudie le travail manuel dans sa globalité, son développement, ses problèmes, ses ébauches de solution, sera forcément plus objectif qu'un ouvrier. Pourquoi ? Parce qu'il y aura passé du temps, interrogé des personnes, mené une enquête. Quand on écrit un bouquin là-dessus, soit, on a son opinion personnelle, mais dans un vrai travail de recherche (et à la fac, des recherches et des enquêtes, j'en ai fait), on n'écrit pas juste ce qu'on pense, il y a aussi des faits, et ça, si c'est l'ouvrier qui les créés, il n'en a pas forcément conscience, et ce n'est pas lui qui t'en parlera le mieux. C'est lui qui te parlera le mieux de ses conditions de travail, de ses revenus, de son boulot, mais c'est celui qui fait l'étude qui te parlera le mieux des dérives du travail et de tout ça car il aura rassemblé plus de sources.
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