Rallye de la Sarthe 2011... deux BM au départ !

Alors alors alors... Compte rendu des braves...

Vendredi matin 1 avril (quelle blague...) à 9h pétantes, Yohann et Hervé (l'assistant recruté pour conduire la voiture d'assistance qui va nous assister au cas où nous aurions besoin qu'on nous porte assistance) arrivent à la casbah. On monte gentiment ma BM à côté de sa frangine sur la remorque en déconnant, sans oublier de charger dans le break le duvet, la combarde, les bières, et c'est parti direction La Suze sur Sarthe !!
Le ciel est gris, mais pas de pluie. Ca va se maintenir !

Deux petites heures plus tard (bin oui, avec l'attache remorque au ras du bitume, on fait pas les malins sur l'autoroute...), arrivée au camping où la plupart des concurrents sont déjà là depuis la veille, et partis depuis tôt le matin pour reconnaître la partie non fléchée du parcours, ainsi que les deux tracés des spéciales.
La tension monte d'un cran, bizarrement j'ai un mal de dos qui pointe, merdum ! On déconne on déconne, mais je sens bien que Yohann comme moi avons les tripes qui font un peu des noeuds, on va participer au rallye de la Sarthe, bordel !!
Montage des tentes, descendage des motos de la remorque, remontage des échappements qui ne passent pas sur la remorque, glissage du road book de la première étape dans la boiboîte prévue à cet effet, et on fait un petit tour du paddock. Y a de très belles prépas de motos de toutes sortes, et puis des bécanes très peu préparées, ce qui nous rassure un peu compte tenu du peu de préparation des nôtres, et surtout de la quasi absence d'essais (tout particulièrement de nuit...) de nos tromblons en condition réelle.
On repère les concurrents de notre catégorie, dont un Kawa 1000Z tout pourrave, pneus presque morts usés carrés, pièces de carrosserie usées, dépareillées (bon, celui-là, ça devrait le faire...), des 750 CB à peu près dans le même état, et surtout nous faisons la connaissance de deux gars comme nous qui débarquent totalement, ils ont fini de restaurer leur moto respective dans la semaine, elles sont toutes belles, il s'agit d'un 650XS café racer, et d'un 350CB bicylindre, magnifiques toutes les deux, comme neuves ! Les gars ont l'air de pas se prendre la tête, mais comme nous, ce qui les inquiète le plus, c'est le contrôle technique !

15h, il est l'heure de se diriger vers les vérifications administratives, papiers en main. Nous faisons donc la queue pour signer en bas de la licence FFM à la journée, récupérer nos numéros de course, ainsi que signer l'engagement définitif : c'est parti !
On retourne gentiment monter les numéros sur les motos, et nous décidons d'un commun accord de nous diriger immédiatement vers le contrôle technique qui est censé fermer à 19h afin d'avoir le temps d'y retourner en cas de refus de passage...
Là, je suis vraiment stressé, j'espère que ça va passer, j'espère que ça va passer, j'espère que ça va passer !
Dans la file d'attente, un des gars de l'organisation lance « Oh, des Vattier, mais ça passera jamais, ça... » Glups.
Je m'avance en poussant la moto, avec tout mon attirail (combarde, casque, bottes, dorsale), vers l'inspection de la machine.
Le gars fait le tour de la brêle, en s'attardant longtemps sur le suintement d'huile autour de la trappe de filtre à huile duquel partent les durits du radiateur d'huile, suintement que j'ai effectivement repéré depuis maintenant plus de 4 ans, mais qui subsiste malgré tous mes efforts...
Il teste les feux, les clignotants (il ne dit rien du tout de mes tooouut petits clignos), me fait remarquer qu'il faut démonter les cale-pieds passagers et puis « Allez, démarre moi ça ! »
Trois coups de gaz, un coup sur le démarreur, et VRROOOOOOOOOAAARRRbropbropbrop... 'Tain, c'est vrai qu'elle en fait, du raffut...
Un autre gars se met derrière la moto, sonomètre en main. «Monte le régime... encore.... encore... »
Comme moi, l'oeil rivé sur le compte tours que j'essaie de faire monter le moins haut possible, le premier type tient une tige dans la main, dont l'autre extrémité se trouve dans la main du gars qui tient le sonomètre de l'autre main. Vous suivez ?
Bon, je maintiens 4000trs quelques secondes, le premier type tire un coup sur la tige du second qui indique, d'un air laconique « 102 ».
Je me déconfis un peu, la limite étant fixée à 96dB +2 avec pénalité. Le gars me regarde, se penche vers moi « on recommence, monte pas trop haut... », et je rouvre gentiment les gaz pour faire caracoler l'aiguille autour de 3500trs/mn. Tirage de la tige, verdict « 100! ».
« Bon, coupe le moteur ». Ce dont je.
« C'est ton premier rallye ? » Réponse de l'intéressé, qui indique également qu'il a une autre paire de pots dans le coffre, mais qu'ils sont un peu pourris, et que les carbus sont réglés pour ces pots, mais que si vraiment, il n'y a pas de problème, il comprends bien évidemment, qu'il roule sur la route tous les jours comme ça... bref, qui joue le faux derche, quoi.
« On te laisse passer, mais le prochain coup change tes pots, et tu me démontes tes cale-pieds passager tout de suite. » et il inscrit 98dB sur le papier.
Ce que je m'empresse de faire, en toute décontraction, mais crispé quand même, parce que c'est au tour du pote Yohann de passer à l'épreuve du contrôle... Et que ça se passe pas trop bien, parce que si la paire de pots d'origine percés que je lui ai filé ne commet que 91dB au sonomètre, ses caoutchoucs de poignées de guidon ne sont pas plein (en gros il n'y a pas d'embouts de guidon, quoi), et ça, ça ne passe pas !!
Heureusement, Hervé l'assistant qui nous assiste, a une idée de génie, remplir les côtés du guidon avec de la pâte bi-composants, avec laquelle je regarnis d'habitude mes cache-culbuteurs usés.
Un peu de stress, donc, mais tout se finit bien, nous montons les transpondeurs (trucs qui chronomètrent nos temps automatiquement) sur les fourches de brêles, et nous les garons dans le parc fermé, ça, c'est fait ! Ouf ! Il est à peu près 17h30, et nous avons le reste de notre temps libre pour monter les tentes.

Du coup, une petite bière pour fêter ça, la décompression est si forte qu'une demi heure de sieste me sera nécessaire.
Nous rencontrons ensuite encore des gens, on discute des impressions, tout ça... Et nous remarquons que le 650XS n'est pas passé au contrôle technique, 103dB. Le gars est en train de déposer ses silencieux d'échappement, de bourrer des tampons Gex en guise d'absorbeurs, le tout dans une ambiance bon enfant, on se marre bien, même si avec Yohann on se demande bien qui c'est ce guignol...

Puis la soirée se passe doucement, dans l'angoisse du lendemain autour d'un barbec', puis au lit pas trop tard, histoire d'être reposé quand même, le contrôle technique finit tout juste de mesurer les derniers échappements...

Autant le fait de s'endormir n'est pas trop difficile, autant rester endormi quand il caille sévère, c'est pas évident. Une nuit de merde, au cours de laquelle je renfilerai progressivement futal, sweat... Finalement, nous nous levons au son du départ du premier concurrent, vers 7h30, notre départ étant programmé à 8h54 pour moi, et 8h55 pour Yohann, qui s'inquiète de son bruit bizarre qui subsiste depuis le changement des coussinets de bielle il y a trois semaines...

La première étape consiste en fait à rejoindre le circuit du Mans, où aura lieu la première spéciale. Elle fait 22km, nous avons donc 22mn pour la parcourir. Le départ est donné deux par deux, je me retrouve donc avec un 500XT, piloté par une connaissance rennaise de Yohann, un gars très gentil qui a fait troisième de la catégorie ancienne l'année passée, et qui me propose de le suivre sur cette portion pour que je me fasse au road book. Verdict, à 8h54 je le suis, oui, mais 22km ne me seront pas nécessaire pour me faire au fonctionnement de ce truc. J'ai bien compris que le chiffre en bas à droite de la case indique que dans ce nombre de mètres aura lieu le croisement dessiné dans la case, que le chiffre en bas à gauche indique le nombre total de kilomètres, « mais ça va hyper vite putain, faut tout le temps passer à la case suivante, attends on est où là, ah non, on est déjà là, alors attends, dans 1,2km ce sera à droite, ce croisement-là ? Tiens il prends à gauche, ah bin oui en fait on est à cette case putain je comprends rien, merde, on est arrivé ! » Voilà à quoi se résume ma première expérience du road book.
Nous passons donc l'arche du circuit Bugatti, et nous nous arrêtons dans l'aire d'attente, à une dizaine de mètres du contrôle horaire, avec quelques minutes d'avance. Vincent, le gars à la XT, se retourne « ça va, t'as pigé ? » Heu, oui.
Yohann arrive peu après, son accompagnant étant une 125, il l'a semé sur les 2km de périph qu'il nous a fallu parcourir avant de parvenir au circuit. « Ca l'a fait ? » Un hochement de casque me répond, suivi par « avec les pots d'origine, j'entends vachement mieux le bruit, ça m'inquiète, ce truc ». Mais bon, je connais le gaillard, je sais qu'il est capable de niquer son moteur plutôt que de renoncer à poser ses pneus sur le circuit mythique.
Sur la table du contrôle horaire, le chronomètre défile, à 8h16 je pousse ma moto devant la table en passant sur le grillage par l'intermédiaire duquel le transpondeur note mon temps, donne mon carton de pointage au gars qui note le temps dessus, avant de me le rendre.
Et je vais me ranger avec les autres.
C'est à ce moment qu'on prend conscience que les catégories ancienne et classique vont tourner ensemble sur le circuit, chouette, va y avoir plus de monde, dix motos ça faisait léger, mais vingt, ça va vraiment faire Grand Prix !
Entre les concurrents, l'ambiance est vraiment décontractée, je discute avec Eric Fortin, vainqueur du Moto Tour 2010 en catégorie classique sur R80GS kitée 1000, c'est marrant, notre préparation moteur est strictement identique, Dell Orto et arbre à cames racing !
Et puis vient le moment du briefing, dont on ne saisit que la moitié des mots puisque nous sommes dans les stands, pendant que roule sur le circuit la catégorie Sport... Mais l'essentiel est acquit : « Bon, les gars, ici vous êtes sur circuit, pas sur la route, donc... » et il ponctue ses mots en faisant un signe éloquent d'une main qui essore une poignée...

Le déroulement
On part des stands pour un tour de reconnaissance, sans trop se doubler, avant de venir se repositionner sur la grille de départ, ou un commissaire va venir nous placer. Le circuit est large, plus long qu'au Mas du Clos, seul autre circuit ou j'ai posé les roues. Comme nous sommes les derniers à partir, je suis sur l'avant dernière ligne, et Yohann sur la dernière, respectivement 19 et 20ème, en fond de grille.
Ensuite le commissaire nous fait partir ligne par ligne pour le tour de chauffe. Alors là c'est taquet, histoire d'appréhender les trajectoires. Je tire les cinq rapports en zone rouge, puis plante les freins sur le premier pif paf, complètement à l'intérieur parce que franchement y a trop de monde sur la trajectoire ! Je grille un peu la priorité à un 350 RDLC, mais ça passe.
C'est reparti gaz sous le Dunlop (Putain, j'y suis !!!), avant un virage en descente qui se referme très fort sur la droite, puis qui s'ouvre en remontant sur une courte ligne droite avant une courbe à gauche, puis une autre à droite. Gaz ensuite sur une ligne droite qui laisse le temps de monter à un bon 160, puis plantage de freins pour une chicane qui passe comme elle peut (enfin c'est la moto qui passe comme elle peut...), abordée de manière un peu optimiste. Puis un grand droit, un grand gauche, et un double droit qui se referme grave, puis la ligne droite de départ, sur laquelle on se repositionne sur la grille. Les moteurs sont chauds, les pilotes aussi, ça va chier pour quatre tours !
Les feux rouges s'allument, je jette un clin d'oeil à Yohann sur la ligne derrière moi, je me retourne et nom de dieu, ça passe au vert !
J'avais jamais fait un départ sur grille, pour de vrai, ben c'est terrible. Je double par la droite, alors qu'un 750 GSXR double par la gauche, on se retrouve côte à côte au freinage, il y a des motos partout, je me faufile, et gaz gaz gaz, la zone rouge sur tous les rapports, je remonte petit à petit, y en a de moins en moins devant, premier tour de circuit bouclé. J'arrive dans les roues de Fortin, je le passe dans les premières courbes après le Dunlop, devant il reste en vue une Kawa 1000Z, un trail visiblement un peu plus loin, et une autre au loin mais je vois pas ce que c'est. Fin du deuxième tour, je suis dans les roues du 1000Z, il me distance un peu dans la ligne droite, mais je lui fais l'inter au freinage, abordé à environ 190. Ca couine, ça danse, ça bouge, ça frotte, mais ça passe !
J'arrive sous le Dunlop, et j'ai un trou, comme il n'y a plus personne directement devant, je ne sais plus par où est le virage suivant. J'arrive en haut de côte, je vois la piste qui file au loin, pas de problème c'est tout droit, gaz, et la piste redescend, devoilant le fait que non, c'est pas tout droit, c'est le circuit auto qui va tout droit, le circuit moto, il y a un grand droit qui se referme souviens-toi...
Debout sur les freins, blocage de l'arrière, ne pas bloquer l'avant, travers, bon, tant pis pas le choix, c'est le bac à graviers, je le lâche les freins histoire d'arriver pas trop en vrac dans les cailloux, et voilà pling pling pling, on y est bordel ! C'est profond, y a au moins 15cm de gravillons pas tassés, demi tour là dedans, tout le monde arrive derrière, je vois les commissaires qui agitent leurs drapeaux jaunes, et j'y retourne, zone rouge à tous les étages en me traitant de gros con. Je sais pas combien sont repassés, mais je rattrape mon retard, je redouble tout le monde, remonte la BM de Fortin et la Kawa 1000Z, arrive au cul du GSXR dans le dernier virage, je sais plus quel tour on est mais il doit en rester un, , je vais me le faire au freinage, tiens, non, c'est le drapeau à damiers.
Bon, pour me consoler, je me dis qu'en partant 19e et en arrivant 4e, avec un passage par les graviers, en 4 tours c'est pas mal, mais fais un peu chier quand même...
Donc le gars qui a enrhumé tout le monde, c'est un Kawa 1000Z, le même qui est arrivé hier soir, avec ses pneus carrés et son air triste de moto pas entretenue, pilotée par Gérard Spagli, qui renseignements pris, s'avère être depuis quelques années la terreur « anciennes » des rallyes routiers... suivie d'un gars pas manchot en 600 XLR, que je voyais au loin à l'arrivée, et de la 750 GSMIXER derrière qui j'arrivais à la fin du dernier tour.
L'honneur est sauf, je redescends en pression.
Yohann finit loin derrière, peu rassuré quant à son bruit étrange, et finalement peu habitué à la conduite BM, et pas du tout au circuit. « Plutôt que de pas finir, j'ai préféré finir cool ! » Il arrive dans la roue d'un gars en 250 Aermacchi, qui vaut lui aussi son pesant de cacahuètes !
En attendant de repartir, nous avons 10 minutes d'assistance, pendant lesquelles Yohann fera écouter son bruit au préparateur belge de la moto de Fortin, qui tendra l'oreille. « Défais ton câble de compte-tours, une fois ? ». Yohann se penche derrière son compte-tours, dévisse le support de câble, retire celui-ci et démarre, magique, le bruit a disparu ! Petit sourire du belge...
On se regarde, bon, dire qu'on s'est pris la tête avec ce bruit, qui ressemblait à un bruit d'écrou balancé au hasard dans le carter moteur, quand ce n'était que... le compte-tours. Je sens Yohann qui respire mieux, tout à coup...
Un petit niveau d'huile, et c'est parti pour le grand saut, en gros, l'étape de liaison jusqu'à la spaciale de Courceboeuf, 47 km donc 47mn. Le problème, c'est que cette étape n'est pas fléchée, et pour les adeptes du road book que nous sommes, ça va être chaud, d'autant plus que le départ est cette fois donné une moto toutes les minutes, on se retrouve donc tout seul !

Et hop, c'est parti !
Alors, comment on sort du circuit, déjà ? Ah oui, je tournicote dans les méandres des parkings coureurs, trouve enfin la sortie, pas de bol, feu rouge. J'en profite pour potasser un peu le road book. C'est donc à droite au feu, puis quelques centaines de mètres plus loin, encore à droite. Le feu passe au vert, à droite donc, puis... alors elle est où cette route à droite... ? Là ? Ca ressemble à rien, pis j'ai pas accès à mon compteur journalier qui pourrait m'indiquer le nombre de mètres, puisqu'il est... invisible, sous le road book.
Je continue un peu, ça devait être là quand même, j'entends Yohann qui arrive derrière, déjà une minute à la bourre... et qui me fais signe, c'est là, j'enquille derrière lui. Aux tramways à droite, puis au rond point à gauche, puis au rond point encore à gauche... ben merde, on s'engage sur le périph, alors que dans 200 mètres on devrait prendre une route à gauche... je remonte en arrière, je cherche sur le road book, ou est-ce qu'on a pu merder... et la première sortie de périph passe... ah ! C'est là, juste après le deuxième rond point, on a mal lu le petit dessin, 5m après le rond point fallait prendre la toute petite route à droite !
On fonce jusqu'à la sortie d'après, demi tour, on prend le périph dans l'autre sens, on retrouve la sortie, les ronds points, et la petite route à droite, sauvés ! Tu parles, oui, au lieu de 4 bornes, on en a déjà bien fait 15, bonjour le retard !
On se repaume une dizaine de bornes plus tard, toujours à cause d'une case mal lue mais on s'aperçoit de l'erreur au bout d'un petit kilomètre, donc on ne perd pas trop de temps, et gaz dans l'autre sens, je décide de repasser devant, et je m'en sors pas trop mal, jusqu'à ce qu'on se gourre encore au bout de 500m dans un chemin de terre, puis on s'y retrouve. On s'arrête en voyant la magnifique 650 XS garée sur le bord de la route, le garde boue et le phare à côté de la moto, avec un côté de la ligne d'échappement en moins, cassée au niveau du coude sortie moteur « j'ai perdu un pot, dis à mon pote en 350 Honda que je le cherche et que j'arrive ! » Rock'n'roll ! et on repart et puis 25bornes plus loin je me regourre, stressé. Yohann repasse devant, je suis perdu dans le road book, je me contente de le suivre, il nous drive comme un chef jusqu'au bout, on roule comme des cons en bourrant dans la cambrousse, rattrapant les deux 125 qui nous seront passées devant durant nos égarements.
Et on pointe avec 4 minutes de retard, ce qui nous donne 1mn de pénalité au scratch.
Débriefing avec mon collègue... Bon c'est n'importe quoi, on s'est mal démerdé en roulant comme des abrutis, en fait il faut être régulier à 90km/h pour avoir le temps de regarder la route et le road book !
Faut quand même savoir que 90% des routes utilisées mesurent moins de 4m de large, et qu'elles ne voient guère autre chose que des tracteurs, pour tenir le 60 de moyenne là-dessus, si tu te perds, c'est mort pour pointer à l'heure, parce que le temps que tu perds en te perdant une fois, tu essaies de le regagner en roulant vite, du coup, tu te gourres et tu te reperds, logique.
Yohann se rend compte que son roulement de roue arrière a lâché, il y a un jeu de dingue dans la roue. On changera la roue à l'étape suivante, 30 bornes plus loin, il y a une demi-heure d'assistance.
Du coup, on retrouve Gégé28 et Philippe49, qui sont là pour nous informer que le tracé de la spéciale est tout dégueu, plein de gravier, de terre et de bouse de vache, génial !
Y a un side qui s'est bourré, donc un retard de dingue couvre tout le cortège... Et une demi-heure plus tard, qui ne voit-on pas arriver, chevauchant une moto flambant neuve, avec son garde boue et son phare qui dépassent du sac à dos, et son pot d'échappement brinqueballant ? Le 650XS !
Son pilote a retrouvé sa ligne d'échappement, a frappé à la porte d'une ferme pour quémander un poste à souder, a ressoudé sa belle ligne inox avec un poste branché sur une batterie de tracteur, enrubanné les soudures dans du scotch alu, et roule ma poule ! C'est pas énorme ça ? « Il voulait me marier sa fille le fermier ! Bon par contre, j'ai pas pu refuser le coup de blanc ! »
Le retard de l'organisation va lui permettre de refixer son phare arrière directement sur la coque avec du fil de fer et du scotch américain, prêté par nos soins. Du coup, ça a fait sauter les fusibles et il n'y a plus d'éclairage, mais ça roule !

Et enfin, le temps d'attaquer la spéciale arrive !
Définition d'une spéciale : route étroite et tortueuse, blindée de trous et de bosses, de virages serrés à la visibilité nulle, bordée de fossés larges et profonds, tartinée à la merde de vache, d'une longueur d'à peu près 3,5kms, à parcourir en moins de temps qu'il n'en faut pour avoir peur de se tuer dix fois minimum. Vidéo : https://www.dailymotion.com/video/xhy6d4_speciale-de-courceboeufs-rallye-de-la-sarthe-2011_auto


Celle-ci est composée d'une épingle particulièrement méchante, en son milieu. Avant l'épingle, j'envoie du très lourd, je décolle sur une bosse, et après la route est vraiment cassée, je manque une fois de mettre au tas en roulant dans l'herbe au ras du fossé, bref, pas terrible !
Et ensuite on enchaîne sans s'arrêter jusqu'à l'étape suivante, soit 28kms.
Du coup, le parcours est fléché, je roule cool, inquiété par mon niveau d'essence qui baisse, et je ne me paume pas. Et je suis 3mn en avance, comme quoi, et Yohann arrive juste derrière, malgré une gourance de rien du tout et un jeu à la roue arrière de plus de 2 centimètres...

Ensuite, assistance de 30 minutes, on fait le plein, on retrouve Hervé qui nous a précédé en voiture, on remplace la roue de Yohann et on resserre mes vis de canelures de roue arrière qui se font la malle, il en manque une qui se balade d'ailleurs dans le tambour arrière...

Et on retrouve le parc fermé, le temps de bouffer un casse dale. Je fais une micro sieste de 10 minutes, j'ai un mal de crâne énorme certainement dû à la tension et à la fatigue, l'adorable Hervé me file un Dafalgan, et c'est reparti pour une étape de 27kms jusqu'à la spéciale, la même que le matin. J'attends Yohann en roulant à 50 les premiers kilomètres, et on roule ensuite ensemble jusqu'à la spéciale, où nous arrivons à l'heure. Pratiquement pas d'attente, juste assez cependant pour que le gars au 650XS ne me taxe un écrou de 8 parce que son deuxième pot d'échappement est en train de se faire malle.
C'est parti pour le deuxième passage dans la spéciale, j'attaque moins fort le début, la fatigue se faisant sentir et n'ayant pas envie de m'envoler sur la bosse, je passe l'épingle en ratant une vitesse, puis j'enchaîne vraiment bien les virages suivants, ça passe fort, c'est vraiment dommage que le début n'a pas été terrible.

Et on file de nouveau à la suite de l'étape encore une trentaine de bornes plus loin, en roulant ensemble Yohann et moi.
Après, c'est un peu flou. Y a une assistance de 10mn, mais elle est comprise dans le temps du controlé horaire suivant, en gros y a 47mns pour faire 37kms, enfin je crois, j'ai toujours pas compris. On cherche Hervé, on ne le trouve pas, on est persuadé d'être à la bourre alors on roule fort, les routes sont de plus en plus petites, le jour commence à décliner, je suis Yohann, on passe dans des chemins plein de terre à plus de 100, enfin on pointe au contrôle horaire à l'heure mais sans plus. Je profite de la légère attente pour régler mon ralenti qui tient mal et ma synchro qui se dérègle.
Et puis c'est c'est la spéciale de Domfront en Champagne.
Alors celle-là elle est encore plus couillue que l'autre, la route est encore plus petite, de 4m de large on passe à même pas 3m, en rajoutant de l'herbe qui pousse au milieu de route, des carrefours à angle droit partout, des entrées de ferme...
Vraiment pas évidente, je donne pas le meilleur de moi-même, mais en même temps c'est pas facile de rouler vite dans ces conditions, faut une sacrée paire de corones...
Et ensuite, étape de 60 bornes pour rentrer à La Suze, en vue d'une heure trente d'assistance, puis d'une petite heure d'attente avant d'attaquer l'étape de nuit !
La nuit commence à tomber, on se perd pas trop, on récupère le gars en XS qui n'a plus de phares, et on drive jusqu'à l'arrivée, tranquille, pas de retard.
Après, c'est un peu flou, je suis vraiment naze, je démonte ma roue arrière pour enlever l'écrou des canlures qui se balade vraiment trop dans le tambour, j'en profite pour resserrer tous les autres boulons. Fais chier, y a plus qu'un phare additionnel qui marche, merde ! Pas le temps de trouver la panne. On scotche les lampes frontales sur nos casques pour pouvoir regarder le road book, parce qu'on n'y voit plus rien. Puis niveau d'huile, réglage des culbus côté droit, que je pensais trop serrés mais en fait non, pose du road book de l'étape de nuit, un petit tour à la station essence, et mise en parc fermé à la minute près !
Juste le temps pour un casse-dale et c'est reparti pour 50 bornes direction la spéciale de Domfront version nuit ! La frontale fonctionne bien, je vois bien le road book, j'attends Yohann, voilà son phare dans mon rétro, c'est parti !
On sort du bled, on prend deux trois intersections, je veux mettre les pleins phare, rien ! Ca coupe tout l'éclairage. Bon, je repasse en code, ça fonctionne. Je remets les pleins phares, toujours rien.
Tant pis, ce sera tout en code, fais chier, j'y vois que dale !
On avance, puis ma frontale cesse définitivement toute activité. Plus moyen de lire le road book, tant pis ce sera tout aux panneaux, plus moyen de vérifier si on est sur la bonne route.
Je fais signe à Yohann de passer devant, ce qu'il fait. Puis je ne sais plus exactement ce qui se passe, on rattrape la 650 XS qui s'est paumée, on se fait rattraper par la 125 parti derrière nous, une 125 CBR avec un éclairage de fou, c'est pas dur, devant lui il fait jour ! On se cale derrière avec nos trois vieilles merdes, et on suit comme on peut, avec nos éclarages brinqueballant...
On arrive à un contrôle de passage, où il faut sortir son carton pour indiquer qu'on est bien passé par là, et le gars en 125 part devant, on le perd.
Pour finir, je suis Yohann qui trace devant, et on arrive à la spéciale de Domfront en pointant 2 mn en retard, sans se perdre exagérément. Glups. Yohann me dit qu'il ne peut pas lire le road book parce que sa frontale est trop faiblarde et que décidément, son phare n'éclaire rien parce que réparer un réflecteur de phare en le couvrant de scotch alu, c'est pas une bonne idée ! On éclate d'un rire nerveux, la nuit risque d'être longue, tout velléité de podium s'est pour moi envolée, j'y vois trop peu pour tenir les pointages, alors attaquer les spéciales sans plein phare, c'est du suicide !
Comme il y a environ dix minutes d'attente à la louche (il y a dix motos qui attendent de partir à la spéciale, et il en part une par minute), je décide d'ouvrir mon phare pour décéler une panne éventuelle... Je vois rien de particulier, retire quand même le relais des phares additionnels pour voir si ça me rend au moins le plein phare sur le phare principal... niet, que dale.
On décide de scotcher la frontale de Yohann sur ma sacoche réservoir pour que je puisse lire le road book, il passera devant et se guidera aux panneaux, je confirmerai en lisant sur le road book, en roulant cool ça devrait le faire.
C'est reparti pour la spéciale, à la lueur du code faiblard. Je mets 35 secondes de plus que le jour pour parcourir la même distance d'à peine 4kms...
Arrivé au bout de la spéciale, je remarque que pour sortir mon carton de pointage, je suis obligé de déscotcher la frontale de ma sacoche, c'est pas pratique... Yohann arrive derrière moi, on rescotche la frontale, et c'est parti.
Dieu que j'y vois rien, n'oublions pas que nous roulons toujours sur des chemins de ferme de trois ou quatre mètres de large plein de gravillons, de croisements, de terre... Heureusement qu'il n'y a pas de brouillard...
Juste après un carrefour, je sens mon levier de frein d'une molesse bizarre, au carrefour d'après, elle vient s'écraser contre la poignée d'accélérateur... plus de frein avant. Allons bon !
Je m'arrête au frein arrière, Yohann vient à ma hauteur « j'ai plus de frein! » « Il jette un oeil à la moto à la lueur de son phare « ben oui, t'as perdu un étrier de frein ! » Effectivement, j 'ai bien perdu un étrier, il pendouille au bout de sa durit. Pas grave, me dis-je, je vais pomper pour coller les plaquettes, j'aurai le deuxième disque, et hop ! Ce dont acte. Bon, ben un gros maître cylindre pour un seul disque, c'est vraiment pas terrible, autant l'avouer...
Je m'arrête 50m plus loin, à proximité d'une ferme, Yohann me rejoint. Très docte, il me dit « j'ai lu quelque part que les accidents sont le produit de plusieurs facteurs, je crois qu'on est train d'en accumuler pas mal, tu crois pas qu'il vaudrait mieux arrêter les frais ? » Je braille quelques gros mots, signifiant ainsi mon approbation. Il a raison, ça devient le parcours du combattant, y a plus de plaisir.
La voiture balai s'arrête, le gars descend. « On arrête, on va rentrer doucement, y a plus de freins ». « Vous êtes sûr ? » « Heu... oui ». « Bon, comme vous voulez ».
Ca fait plaisir de voir des gens qui ne poussent pas à être raisonnable !
Une bagnole s'arrête, les gars regardaient le rallye, ils vont à la Suze. On les suit jusque là-bas après avoir attaché l'étrier de frein contre la fourche à l'aide de Colsons.
On arrive au camping, il est une heure et demi du matin.
C'est fini.
On s'assoit à côté des motos de chaque côté du pack de bière, et on revit la course... Elle est pas belle, la vie ?
Les premiers arrivent, on boira des bières jusqu'à l'arrivée des derniers, exténués. Et les résultats...
Que dire de la première place de le 350 CB, 1973, freins à tambours, sinon que le gars est aussi bon pilote que modeste... Il met toutes les anciennes et classiques à l'amende sur les spéciales, ne perd pas tant de temps que ça sur le Bugatti...
Les deux 125 arrivent aussi, aucun problème, leurs pilotes, un ancien champion rallye side car et son pote, avaient parié, vraisemblablement un soir de beuvrie, de s'inscrire tout le championnat des rallyes en 125. Le Rallye de la Sarthe est terminé, pour nous c'est une aventure humaine exceptionnelle que nous venons de vivre, et même si nous étions préparé comme des pieds, on ne s'en est pas si mal sortis que ça.

Ce n'est que le lendemain après-midi, en rentrant à la maison, que j'aviserai sur un coin de l'atelier les deux vis bouchons des axes supports d'étriers de frein. Les deux. Burp. Comment on dit ? Une petite bourde peut coûter très cher ? Ben ce coup-là pour moi, c'était presque gratos, et je m'en souviendrais.

Un immense merci à Yohann sans lequel je n'aurai jamais eu le courage de me lancer là-dedans, à Hervé également pour son assistance et ses blagues pourries.

Tu me donnes envie...

Super, ton récit Pocka Le rallye c'est "rock and roll".
C'était chaud bouillant.
...et mes copains "rallyemen"(qui sont comme tous les motards un peu de mauvaise foi) affirment que le rallye de la Sarthe n'est pas intéressant car c'est tout droit...

Sympa comme aventure , t'as eu un sacré bol avec ton frein avant.

Bravo a vous deux, bravo a toutes l'équipe.
c'est sur que ça donne envie ... mais comme tu le laisse entendre a la fin, je suis pas convaincu que nos motos soit adapter a ce genre de pratique, quoi que la GS1000 doit bien aller

Franchement, c'est un truc que je recommande vivement à tous ceux qui aiment rouler fort sur de la petite route voire du chemin, y a pas de moto type pour ça, y a qu'à voir les résultats, faut juste une moto avec laquelle on est à l'aise.

http://www.afcmicro.com/2011/CFRR/2-SARTHE/result.htm


Ce qu'il faut IMPERATIVEMENT, c'est un super éclairage et de quoi voir sa carte, sinon c'est mort pour la nuit.

Super histoire! Pis je connais bien le coin de la Suze et Domfrront, c'est vrai que c'est pourrave par endroits!

Voici quelques photos...

https://picasaweb.google.com/pockaman/RallyeDeLaSarthe2011#

'Tain j'y suis encore...

Merci pour le récit!

Si vous voulez vous essayer au rallye ou continuer cette expérience venez au rallye des Volcans qui se déroule le dernier Week end du mois d'aout pas loin de Clermont Ferrand.
Si vous voulez nous pourrons rouler ensemble au moins pour les reconnaissances et vous donner quleques ficelles car j'ai pratiqué le rallye pendant une dizaine d'année et en BMW R 100 GS à cette époque elle était en catégorie moderne.

Un bon p'tit week-end quoi

Bonjour

Bravo mon p'tiot gars

Merci pour ce bon moment passe à lire ton CR

Je rajouterais juste qu'il faut être completement baisé de la tête pour faire ça...

(vu que c'est notre cas, on recommencera !)

fallait oser ,bravo les gars

vous avez acquis de l'expérience mème si vous n'avez pas étaient jusqu'au bout ,

la prochaine fois sera la bonne

Super !!
Le circuit du Mans : tout une histoire !!!

Contemps que vous ayez pris autant de plaisirs.

chapeau pour cette participation et ce super CR... ca m'a replongé dans des lointains (et bons) souvenirs

par contre va falloir travailler la préparation , c'est aussi important que la course , je me permets, j'y passe mes WE

En terme de préparation, en fait on en a pas trop fait, raisonnant comme deux petits cons : on passe notre temps sur la moto, tous les jours, donc finalement ça ne va pas être si différent... Sans compter le fait qu'on a juste pas eu le temps, c'était l'arrache, et on le savait très bien en arrivant.

Ce n'est pas si différent en effet... sauf la nuit, où il faut des vrais phares qui fonctionnent pour tenir le 60 de moyenne sur des routes viroleuses où deux voitures n'ont pas la place de se croiser, sans se faire des frayeurs à tout bout de champ (l'expression prend ici tout son sens !).

Sinon, pour jouer la gagne, faut faire des reconnaissances des spéciales, et tout et tout, c'est sûr. Quand tu sais que la plupart des gars qui roulent sont déjà passé 5 ou 6 fois sur la spéciale tandis que pour toi c'est directement chronométré alors que tu découvres, t'as guère de chances de décrocher le chrono.

Ce sont à peu près les enseignements que l'on tire de cette expérience, géante à tous points de vue. Franchement, c'était super !

Hervé1 a écrit:Si vous voulez vous essayer au rallye ou continuer cette expérience venez au rallye des Volcans qui se déroule le dernier Week end du mois d'aout pas loin de Clermont Ferrand.
Si vous voulez nous pourrons rouler ensemble au moins pour les reconnaissances et vous donner quleques ficelles car j'ai pratiqué le rallye pendant une dizaine d'année et en BMW R 100 GS à cette époque elle était en catégorie moderne.

Ce serait vraiment cool, mais même si le rallye n'est vraiment pas cher du tout (on en a pas eu pour 300€ chacun essence comprise dans le WE), perso je ne pense vraiment pas pouvoir en refaire un avant l'année prochaine.

Bravo à toute l'équipe

Merci pour ce bon moment passé à lire ton CR

La prépa et l'éclairage à retenir !

Super reçit! c'est delicieux!
Bravo les gars!

Bravo Pocka, super récit, super pilotage, j'ai rêvé que je pilotais pendant un bon quart d'heure, tu racontes vraiment bien !!!! Merci !!!

et t'es tombé de ta chaise dans le grand gauche?

J'ai posé le genou !!!!

Ca c'est de la prose ! respect . L'année prochaine, prévoyez une caméra embarquée !