Zündapp KS 125 WC - 1978

Certains ici savent que j'ai fait l'acquisition d'une KS 125 il y a déjà......deux ans
Je n'en recherchais pas.
Mais quand on vient frapper à votre porte pour vous proposer une machine complète, dans son jus, pas bricolée et à (très) bon prix, vous faites quoi ?
Bref, l'affaire fut conclue assez rapidement grâce au padre qui s'est chargé de la transaction et me l'a gentiment rapatriée jusqu'en Occitanie (merci encore ).
Elle est en effet originaire du pays de la cancoillotte !

Il est vrai que j'ai une affection pour les avant- et juste-après- guerre...
Mais cette machine a un lien de parenté évident avec les KS 50 des mêmes années et que l'on a bien connus en France.
Ayant débuté sur un KS 50 de 1978 justement, le même modèle en 125 me faisait rêver. Evidemment rare, intouchable, pas les moyens.  

Et voilà un jour....

Cette bécane est dans un état général assez remarquable compte-tenu du fait qu'elle vient d'une époque où on transformait tout, on s'empressait de repeindre, virer ce qu'il y avait "en trop"....etc
Si ce n'est un superbe sticker de très bon goût et qui est du plus bel effet sur le réservoir, elle a échappé à tout ça.



J'en entends déjà : "j'espère que tu vas le garder, ça fait partie de son histoire et patati et patata"    Non !!

Evidemment pas mal de points de rouille ici et là, mais dans l'ensemble vraiment pas mal.
Mécanique : c'est là que ça se gâte un peu. Le moteur tourne mais la boîte est bloquée.
Pas de frein avant : l'étrier a été fourni dans un carton, tout est grippé. Maître-cylindre idem.

Voilà pour la présentation. Je vais vous faire suivre la "remise en route" de la belle, à la demande de celui qui a été me la chercher  


Ici en version 175 cc et tête de fourche

Bravo! Belle acquisition...
J'adore le petit tête de fourche qui me rappelle un peu celui des Guzzi LeMans 1.

Salut Franck belle acquisition , j'ai la même mais de 82 ( tu le sais déjà ) . Si tu veux la faire freiner mais un maitre cylindre 125 Suzuki  et plus de souci ( bien sur elle ne sera plus d'origine ) . bon courage j'attends la suite . Patrick

Gardes le lion il est super !

Je suis sûr que ça va intéresser pas mal de monde par ici.
Je me souviens que le post des premières photos avait déjà bien alimenté la boîte à souvenir.
Et puis, faut reconnaître qu'elle a une belle gueule cette moto.

 Vivement la suite .

+1 !! 

Je vais suivre, avec intérêt, ce retour à la vie 

Francesco a écrit:Je me souviens que le post des premières photos avait déjà bien alimenté la boîte à souvenir.

En parlant de souvenirs...
Petite anecdote : j'avais trouvé il y a longtemps et je ne sais plus où, un Moto Journal (n°374 - 27/07/1978) dans lequel il y avait l'essai de cette KS125.
J'étais alors au lycée et un prof nous avait demandé de choisir un texte court à lire devant la classe, histoire de jauger un peu notre aisance orale en public.
Quand la plupart avait choisi de grands auteurs, moi je me contentai d'un extrait de cet essai  
Il faut dire que les journaleuxistes moto de l'époque avaient quand même une autre plume que maintenant... Quel régal à lire !
J'ai toujours ce bout de pq sur lequel j'avais écrit mon texte !


Tout le monde savait que j'étais un mordu de la marque, et puis ça sortait des sentiers battus, succès garanti devant l'assistance
L'auteur de mon texte pour info est Alain Gillot, devenu par la suite écrivain et scénariste...

Je ne résiste pas à l'envie de vous mettre les premières lignes de l'article...on lit ça comme un livre



Bon assez blablaté...

Je me rends compte que je n'ai pas pris tant de photos que ça, donc le feuilleton sera rapide.
De toute façon, il n'y avait pas tant que ça à faire.

Comme c'est la boite qui est malade, première chose, dépose du moteur.
Je débranche le faisceau moteur, ça me permet de constater que l'ensemble du faisceau est très sain et pas bidouillé



À poil !

Bloc moteur déposé, carter d'embrayage déposé, cloche d'embrayage et tambour de sélection déposés.



Et là je peux commencer à voir les dégâts...

Super ! Enfin.....je ne parle pas des dégâts, mais de cette visite dans l'intimité de Miss Zündapp.
Rappelons qu'un mécano Yamaha s'était penché sur la bestiole sans parvenir à réparer cette boîte bloquée.

Dans quel état les billes de la tige de sélection ?

Francesco a écrit:Rappelons qu'un mécano Yamaha s'était penché sur la bestiole sans parvenir à réparer cette boîte bloquée.

Exact ! Le proprio avait confié la bécane à un pote qui bossait dans une concession Yamaha.
Sans doute un peu désemparé par la conception de la boîte, j'ai un peu l'impression en la découvrant qu'il la remontée façon Gaston Lagaffe qui range son armoire  



La conception est en effet un peu particulière (pour changer avec Zündapp, son côté british comme disait Nortonton   )
Depuis la DB 202 de 1951 jusqu'aux modèles sortis les dernières années (à partir de 1982), toutes les boites montées sur les deux-temps Zündapp ne sont pas des traditionnelles boites à crabots mais des "Ziehkeil Getriebe " comme disent les allemands. On a pas d'équivalent en français mais on pourrait traduire par "boîte à clavette coulissante".
Dans ces boîtes, les pignons ne sont pas rendus solidaires de leur arbre par des crabots, mais par des billes qui viennent claveter ceux-ci grâce à des trous pratiqués dans l'arbre (secondaire), et à une tige qui traverse l'arbre et comporte un bossage. Lorsque le bossage est en face du pignon de 1ère par exemple, les billes sortent par les trous (à moitié) et viennent se loger dans les évidements pratiqués dans le pignon.
Contrairement à une boite classique, il n'y a qu'une pièce qui se déplace axialement : cette tige de sélection.

Ici une petite vidéo qui explique mieux qu'un long discours. C'est en allemand, mais ça se passe de commentaires. Ici une boite de Simson (qui utilisait le même principe).
https://www.youtube.com/watch?v=Mv6r35eVANQ&ab_channel=LangTuning-FeinstesSimsontuningseit1994

La boite de la DB 202 : le système de sélection au sélecteur est différent (pas de tambour de sélection) mais le principe de la boîte est le même

La tige de sélection (1) est rognée. Les cliquets du tambour de sélection (2) sont montés à l'envers. L'ergot de l'arbre de sélection (3) n'était pas dans son logement, donc impossible de régler le positionnement axial (il y a un centrage à faire une fois remonté).
Les billes (Patj ), voilà :



La tige (ça sent les bons coup de latte dans le sélecteur... )



Et l'arbre secondaire, pas en super état non plus, avec pas mal de bavures
Le ressort cache deux petits bonhommes de verrouillage qui viennent se loger dans les rainures de la tige de sélection, permettant de maintenir en place le rapport sélectionné.



Les pignons sans être neufs, n'ont pas trop souffert.

Le plateau de pression de l'embrayage, sur lequel roule la butée d'embrayage à aiguilles.....



Tout ce petit monde avait l'air de fonctionner en parfaite harmonie et dans les meilleurs conditions    :

Celle là elle est pas mal aussi :
L'arbre secondaire a un roulement un peu spécial sur son palier droit : un petit roulement à rouleaux en plusieurs parties : la bague, les rouleaux et deux rondelles.


Aujourd'hui il est facile de se procurer ce roulement auprès de spécialistes (notamment aux Pays-bas).
Mais je pense qu'il fut une époque où ce n'était pas si simple, surtout pour un français, sans les moyens dont on dispose aujourd'hui (internet).
Alors on se débrouillait



Souder une bague de roulement, j'avoue qu'il faut être un mécano...audacieux !
Et surtout la remonter comme ça    ! Là faut juste être un mauvais mécano.

Ah oui quand même !!!

Bon, je me coucherais un peu moins bête ce soir, j'ai enfin pigé la logique de fonctionnement de ces boîtes " à billes poussées".
C'est plutôt ingénieux, je trouve.
Mais alors pourquoi celle-là a cassé sur une bécane peu kilométrée ?
L'essai rétrospective de MJ fait aussi état d'une 1ère qui saute, ça laisse à penser que cette ingéniosité mécanique réclame un usage apaisé pour resister au temps ? :

Il faut surtout prendre le temps pour enclencher les vitesses aussi bien en les montant quand les descendant ce n'est pas une boite japonaise . Avec le temps on y arrive . 
les billes ont l'air correctes , elles ne sont pas trop marquées , c'est souvent avec l'axe de sélection qui l'y a des problèmes je ne me faisais pas trop de soucis pour les pignons 
Bon courage Franck

Francesco a écrit:Mais alors pourquoi celle-là a cassé sur une bécane peu kilométrée ?
L'essai rétrospective de MJ fait aussi état d'une 1ère qui saute, ça laisse à penser que cette ingéniosité mécanique réclame un usage apaisé pour resister au temps ? :

Bonne question ! Car moi je n'ai rien vu de cassé, juste de la pièce matraquée. Ce qui n'empêche pas de fonctionner. J'ai surtout vu une boîte remontée de travers et "vite fait".
Le gars m'avait filé en plus un carton avec quelques pièce dedans. Mais surtout des pièces de 50
Il faut dire que tous ces moteurs se ressemblent tellement, qu'il est souvent impossible, sans le pied à coulisse dans les mains, de savoir sur quel modèle exact telle ou telle pièce se monte.
À moins de connaître par cœur les entrailles des 50/125, impossible de distinguer à l'œil un tambour de sélection de 125 à air et de 175 liquide, voire même de 50 !
Le manuel d'atelier en français n'existe pas pour la 125 liquide. En fait le modèle le plus proche est la 175 liquide. Pas de doc en français non plus.
Le gars m'a filé aussi la revue technique du KS50 (certes ressemblant dans l'ensemble).
J'en déduis que : suite à une avarie sur la boite (laquelle ? ), le gars fait appel à un mécano non initié à la technique Zündapp, disposant d'une doc non adaptée, de pièces non adaptées, et se retrouve coincé.
Il remonte façon G. Lagaffe et bibi récupère le bébé

Pour ce qui est de la "1ère qui saute" : la 1ère ne saute pas plus que les autres en fait
On pourrait penser qu'avec une boite aussi compacte, avec aucun déplacement de crabots, la sélection est précise avec court débattement. En fait c'est tout l'inverse. Le débattement du sélecteur est très grand et celui qui a l'habitude des boites japonaises va trouver qu'il y a beaucoup de points morts dans cette boite...
Mais quand on a le coup et qu'on va bien au bout, il n'y a pas de souci. Dans l'essai du MJ de 1978, A. Gillot ne dit pas autre chose.

patj a écrit:les billes ont l'air correctes , elles ne sont pas trop marquées , c'est souvent avec l'axe de sélection qui l'y a des problèmes je ne me faisais pas trop de soucis pour les pignons 
Bon courage Franck

Moi je les trouve bien martelées, je ne remonte pas ça !

Malheureusement je crois que le moteur a bu un peu la flotte. Les billes des roulements de vilo sont piquées



Pire, les aiguilles de tête de bielle et le maneton aussi...



Et le cylindre aussi, pourtant chromé dur d'origine

Bon en attendant de savoir ce qu'on fait, petit brin de toilette

oui effectivement le vilo à revoir ,les billes me semblaient martelées mais sur la photo c'est pas évident , il me semble que les tiges de sélection 125  wc ou a air  les 175  aussi certains 50  sont les mêmes à vérifier . Pour le cylindre tout dépend de la profondeur des points de rouille , peur être qu' un petit coup de rodoir suffirait voir avec un spécialiste

Sympa ce petit reportage démontage/(remise en forme ?)

Ps: mon père apprécie aussi, ça lui rappelle de bons souvenir... de son ks50 à eau