Fred Tran Duc est reparti en voyage.
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Re: Fred Tran Duc est reparti en voyage.
Si elle est rééditée un jour et que quelqu'un du forum est au courant ça serait bien de prévenir . J'ai prêté cette intégrale, j'aurais pas dû...
GeorgeS 69
Re: Fred Tran Duc est reparti en voyage.
Merci Dom, un délice.
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hadoc
Re: Fred Tran Duc est reparti en voyage.
GeorgeS 69 a écrit:Si elle est rééditée un jour et que quelqu'un du forum est au courant ça serait bien de prévenir .
Je suis l'affaire de prés.............
Dom
Re: Fred Tran Duc est reparti en voyage.
La septième carte postale avec une séance de mécanique en public au Népal:
Dom
Re: Fred Tran Duc est reparti en voyage.
Ah, les Beedies ! J'ai tiré 3 tafs dessus il n'y a pas longtemps.....
(une copine qui rentrait d'Inde en avait ramené à mes gosses).
Souvenirs, souvenirs....
(une copine qui rentrait d'Inde en avait ramené à mes gosses).
Souvenirs, souvenirs....
Francesco
Re: Fred Tran Duc est reparti en voyage.
Pas besoin d'aller si loin pour en trouver.Francesco a écrit:Ah, les Beedies ! J'ai tiré 3 tafs dessus il n'y a pas longtemps.....
(une copine qui rentrait d'Inde en avait ramené à mes gosses).
Souvenirs, souvenirs....
Royal Enfileur
Re: Fred Tran Duc est reparti en voyage.
Vi, y'a même plusieurs sortes. Les paquets roses et je crois des jaunes.Francesco a écrit:Ça se vend en Suisse ?
Royal Enfileur
Re: Fred Tran Duc est reparti en voyage.
Ah ok, merci !
Je ne fume plus mais j'ai trouvé ça plus "nature" que les clopes, pour le peu que j'y ai goûté.
Je ne fume plus mais j'ai trouvé ça plus "nature" que les clopes, pour le peu que j'y ai goûté.
Francesco
Re: Fred Tran Duc est reparti en voyage.
Oui. Sinon y'a aussi les American Spirit, c'est ce que je fume, sans aucun additif. Mais y'a quand même du papier.Francesco a écrit:Ah ok, merci !
Je ne fume plus aussi souvent mais j'ai trouvé ça plus "nature" que les clopes, pour le peu que j'y ai goûté.
Royal Enfileur
Re: Fred Tran Duc est reparti en voyage.
Je m'en fous royalement étant non fumeur............... donc allez comparer ailleurs vos clopes
Dom
Re: Fred Tran Duc est reparti en voyage.
Merci Dom ça fait toujours plaisir.
N'oublies pas de nous prévenir à la sortie de "l'intégrale".
N'oublies pas de nous prévenir à la sortie de "l'intégrale".
Royal Enfileur
Re: Fred Tran Duc est reparti en voyage.
G/Seur a écrit:
N'oublies pas de nous prévenir à la sortie de "l'intégrale".
Aux dernières nouvelles, malgré de nombreuses demandes de lecteurs; ce n'est pas à l'ordre du jour malheureusement...........
Dom
Re: Fred Tran Duc est reparti en voyage.
les consDom a écrit:G/Seur a écrit:
N'oublies pas de nous prévenir à la sortie de "l'intégrale".
Aux dernières nouvelles, malgré de nombreuses demandes de lecteurs; ce n'est pas à l'ordre du jour malheureusement...........
Royal Enfileur
Re: Fred Tran Duc est reparti en voyage.
Merci Dom pour nous avoir fait partager tout ça.
Et merci à Fred, où qu'il soit ( je regarde le ciel façon hommage des Deschiens à Cloclo, "Fred, si tu nous entends....." )
Tu n'avais pas besoin de coller des smileys pour qu'on sache quand il fallait se marrer.
Et merci à Fred, où qu'il soit ( je regarde le ciel façon hommage des Deschiens à Cloclo, "Fred, si tu nous entends....." )
Tu n'avais pas besoin de coller des smileys pour qu'on sache quand il fallait se marrer.
Francesco
Re: Fred Tran Duc est reparti en voyage.
Et voilà la dixième et dernière où il y est question de cylindre à trous...............
Dom
Re: Fred Tran Duc est reparti en voyage.
Encore un monument littéraire......
Je l'ai acheté celui-là, comme c'était celui des 40 ans de MJ......
Putain ça fait drôle de retrouver la couverture du 1er numéro que j'avais acheté ( après je le volais, mais celui-là je l'avais payé). Avec la 125 CB en couverture.
J'avais 13 ans, et je rêvais d'en avoir une !
Je me suis bien marré en lisant le billet de Laurent Cochet ( celui qui fait les vidéo MJ), un vrai bonheur ce mec !
Je l'ai acheté celui-là, comme c'était celui des 40 ans de MJ......
Putain ça fait drôle de retrouver la couverture du 1er numéro que j'avais acheté ( après je le volais, mais celui-là je l'avais payé). Avec la 125 CB en couverture.
J'avais 13 ans, et je rêvais d'en avoir une !
Je me suis bien marré en lisant le billet de Laurent Cochet ( celui qui fait les vidéo MJ), un vrai bonheur ce mec !
Francesco
Re: Fred Tran Duc est reparti en voyage.
Francesco a écrit:
Je me suis bien marré en lisant le billet de Laurent Cochet ( celui qui fait les vidéo MJ), un vrai bonheur ce mec !
En parlant de vidéos, as tu regardé celles du vidéomaton installé pendant le salon de la moto ?.......des malades !!!
Tiens, si tu as loupé
http://www.moto-journal.tv/videos/salon-de-la-moto
Dom
Re: Fred Tran Duc est reparti en voyage.
Ah ça rassure !!!!!!!!!!!!!!
Z'ont même fini par un burn dans la cabine.......Des grands malades je confirme !!!!!
Z'ont même fini par un burn dans la cabine.......Des grands malades je confirme !!!!!
Francesco
Re: Fred Tran Duc est reparti en voyage.
Tiens, j'ai trouvé ça sur un forum.......la " vraie" nécro de Fred, par Harald.....
Disparition de Frédéric Tran-Duc, auteur de La carte postale d’un bout du monde.
PARCOURS D’UN ANTI-CONFORMISTE
Les fidèles de MJ, ceux qui nous lisent depuis toujours ou depuis un peu moins longtemps, tous savent qui était Fred Tran-Duc , l’inventeur et auteur de La carte postale d’un bout du monde. Fred a quitté notre monde le 20 juillet dernier.
L’idée était lumineuse, faire un tour du monde à moto, rêve de nombreux motards de la fin des années soixante-dix et du début des années quatre-vingt. Là, nous parlons d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, un temps où la moto représentait avant tout liberté, aventure, source d’évasion. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si à cette époque sont nés les grands rallyes africains, à commencer par « le Côte-Côte », le Côte d’Azur-Côte d’Ivoire qui a donné naissance au célébrissime Paris Dakar.
Le motard vagabond
Bien que Fred ait participé au Côte-Côte - qu’il n’a d’ailleurs pas terminé -, c’est son tour du monde, juché sur un mini Yam, un Yamaha GT 80, qui l’a immortalisé auprès des lecteurs de MJ. Un mini Yam ? Et pourquoi pas des patins à roulettes ? A MJ, on s’est un peu moqués de ce choix alors qu’il était mûrement réfléchi et s’est révélé très intelligent. La taille de l’engin, son faible poids, sa simplicité mécanique, la sympathie qu’il attirait spontanément tout a confirmé ce choix. Le tour du monde de Fred, démarré en 1978, distillé sur une page de MJ chaque semaine (sauf quelques exceptions dues aux problèmes de communication d’une époque où Internet n’existait pas) durant un peu plus deux ans sous le titre de La carte postale d’un bout du monde, a marqué à tout jamais les lecteurs de Moto Journal qui l’ont suivi. A tel point que vous avez été nombreux, ces derniers temps et trente années plus tard, à nous demander de ses nouvelles.
Une compilation de ces pages a même été éditée dans les années 1990, compilation dont hélas, la plupart des exemplaires ont fini au pilon.
De retour au journal, impossible pour Fred de rester en place. Il a bien occupé un temps la fonction de secrétaire général de rédaction mais comme toujours, la bougeotte l’a repris, l’état sédentaire n’ayant jamais été son truc. Même la relation d’évènements sportifs de l’hexagone l’a vite saoulé.
Une obsession, partir !
Lorsque Fred était au journal, il avait une idée fixe, celle de préparer un nouveau voyage. Il a fait les pays de l’Est et ceux de l’est méditerranéen en Yamaha 125 TDR, toujours relaté sous la même forme de La carte postale d’un bout du monde paraissant sur une page chaque semaine dans MJ. Nouveau retour pour un temps puis nouveau départ pour un périple aux Etats-Unis, cette fois sur une 125 Cagiva prêtée par Marcel Seurat.
La Cagiva a rapidement été échangée pour une 125 Bultaco afin de participer aux épreuves du Vintage Motorcyle Championship nord-américain. Et pour trimballer la Bultaco à travers les USA sur les divers circuits du championnat, Fred s’est offert un Ford Econoline hors d’âge, la camionnette de base à l’échelle américaine, qu’il a baptisée « Gros Bébé » et fait transformer en camping car quelque part aux confins du Mexique.
C’était Fred !
Fred a remporté un vague titre de champion nord-américain, catégorie 125 ou 175 vintage et nous a raconté sa saison et comment on fait lorsqu’on débarque dans un pays étranger, qu’on achète un machine de course obsolète même pour gagner des courses d’anciennes et qu’on la bricole avec sa bite et son couteau.
Encore une fois et sous le même titre La carte postale d’un bout du monde qui est devenu sa signature, Fred a relaté ses aventures chaque semaine sur une page de MJ, que ce soit sur les circuits, dans les parc coureurs, les campings, les stations services et lorsqu’il a emmené à la pêche une tribu indienne du Mexique dont il a partagé un temps l’existence. Bien sur, ce ne fut pas un tour du monde, juste un tour du continent Nord-américain mais avec Fred, où qu’il fut, ça a toujours été un bout du monde.
De retour à Paris dans les années 2 000, au volant de « Gros Bébé » qu’il avait ramené avec lui à bord d’un cargo mixte, on l’a vu débarquer au journal déguisé en Man in black façon chanteur de Country, chaussé de Santiags, arborant un bandana et affublé de lunettes noires, parcourant les locaux de MJ de long en large, répondant à chaque question par un unique et laconique « le biotope est à chier ! »
Le Bout du chemin
Sur que ça ne pouvait pas durer et la seule solution d’en sortir a été de repartir pour un tour… le dernier. Les lecteurs plus récents s’en souviennent sans doute. Fred est allé jusqu’au Viet-Nam en passant par la Chine. Pas à pied mais avec une moto chinoise, une 125 Zong Shen prêtée par Pierre Laurent-Chauvet. Moto qu’il a conduite par la route jusqu’à sa maison mère, l’usine d’où elle était sortie alors qu’elle avait 0 km au compteur. Encore une fois, tout cela vous a été raconté dans La carte postale d’un bout du monde, hebdomadaire. Et puis Fred et sa 125 Zong Shen on franchi la frontière Sino-Vietnamienne pour se fixer définitivement à Hanoï, capitale du Viet-Nam dont sa famille paternelle était originaire. Il y a acheté une petite maison pour y couler ses jours dans le pays qu’il a toujours voulu connaître depuis presque toujours. Un pays qui a été trop longtemps en guerre pour qu’il puisse y aller lorsqu’il était plus jeune et puis… et puis lorsqu’il l’a découvert et s’y est installé parce qu’il l’a aimé, le mal insidieux qu’on appelle cancer l’a frappé. Après les mêmes traitements que Barry Sheene, atteint d’un cancer analogue à celui de Fred, avait refusés parce qu’il les trouvait mutilants, Fred a connu une période de rémission avant que le mal ne revienne et se propage pour l’emporter mercredi dernier.
Au commencement était l’écriture
J’ai connu Fred au Lycée d’Enghien, il venait d’y entrer après avoir été renvoyé de celui de Pontoise. Les profs, soit le détestaient soit l’encensaient suivant la discipline qu’ils enseignaient. Les profs de maths, physique, chimie, histoire-géo abhorraient Fred d’autant qu’il ne faisait rien pour leur complaire. Anecdote : rendu des copies d’une composition (on dirait aujourd’hui un contrôle) de géographie, le prof se lève et déclame : « voici ce que m’a rendu Tran-Duc , je vous lis : cher monsieur le professeur, excusez-moi de ne point reproduire ici la carte que vous nous demandez mais vous savez que je dessine comme un pied et ne puis décemment me déchausser en classe ! ». Du pur Fred !
Par contre les profs de français et de langue ne tarissaient pas d’éloges sur lui et le défendaient bec et ongles dans les conseils de classe. Son talent et surtout celui d’écriture était déjà reconnu.
Car l’écriture a été son grand art depuis toujours, une manière unique et très personnelle de relater les évènements comme d’analyser les situations auxquelles il était confronté. Fred était une sorte de Céline, un Antoine Blondin de la moto. Pierre Barret, fondateur de Moto Journal ne s’y était pas trompé, il a supporté tous les emmerdes que Fred a pu engendrer à MJ et dieu sait si il y en a eu, pour la simple raison qu’un talent, ça se supporte envers et contre beaucoup d’ennuis. Fred était le type même de ce qu’on appelle l’artiste maudit. Difficilement vivable pour autrui, sans gêne, rebelle, imprévisible, voir insupportable, il était aussi généreux, fidèle en amitié, drôle et plein d’humour, éminemment sympathique, d’une grande culture littéraire et bien sur intelligent et talentueux.
Il avait un pantalon et des bottes de moto…
Il y avait trois motos en tout et pour tout au Lycée d’Enghien. La Matchless G80 d’un prof, la Yamaha 250 YDS2 d’un élève de terminale et… la 250 Aermacchi Ala Verde de Fred. Dans les années soixante, la moto n’était pas bien vue, c’était un engin pour blousons noirs comme on disait à l’époque, un engin de marginaux, de ceux qui refusaient de se conformer aux règles de la société. Donc la moto était une raison de plus pour que l’administration du lycée n’apprécie pas Fred… et le renvoie de l’établissement.
Histoire de changer d’air, Fred s’est mis en tête de tâter de la compétition et s’engagea en Formule Sport 250 avec sa Macchi un championnat réservé aux machines de série où les Ducati Mach I faisaient figure d’épouvantail. Première course à Montlhéry et quelques autres sans résultats, puis l’aide de Richard Motos à Sannois avec le prêt d’un Morini Setebello, toujours sans résultats.
Et Fred a déniché un poste de magasinier chez Sonauto, importateur Yamaha et a quitté les motos italiennes pour une machine de la firme aux trois diapasons disputant diverses épreuves dont les premiers 24 heures du Mans avec son Frère Patrick..
Etranger dans son propre pays
Surviennent les gendarmes qui viennent le cueillir pour l’emmener faire son service militaire dans un quelconque bataillon disciplinaire car Fred, qui n’a jamais répondu à la moindre demande des autorités pour faire ses trois jours, est un insoumis. Oui mais. Le père de Fred est d’origine vietnamienne et une loi existe qui stipule que les enfants des Vietnamiens, du temps que le Vietnam était français mais ne l’est plus, peuvent choisir leur nationalité à leur majorité. Fred bien sur, a choisi la nationalité vietnamienne et comme en France la seule ambassade de ce pays coupé en deux au niveau du 17e parallèle était celle du Nord Vietnam, Fred est devenu Nord-vietnamien. Ce qu’il expliquait de la façon suivante. « Je suis Nord-Vietnamien parce que je suis né à Franconville et que Franconville est situé au nord du 17e parallèle. »
Fred a donc échappé au service militaire par ce subterfuge mais il en a connu les inconvénients peu après, lorsque pour résider en France il lui a été nécessaire de demander une carte de séjour, sans parler de la difficulté d’obtenir des visas pour traverser certains pays, jusqu’à ce qu’il puisse, plus tard, retrouver la nationalité française.
France Moto puis Moto Journal
Patrick frère de Fred, assurant la rédaction de France moto, la publication de la Fédé, lui a proposé de collaborer à cette publication destinée aux licenciés de la FFM.
Et c’est ainsi que Fred a entamé sa carrière de journaliste. Vite reconnu, son talent lui a permis de collaborer à La Moto mensuel édité par Michel Hommel, puis et enfin Moto Journal. Ses premiers papiers furent des comptes rendus d’évènements sportifs et des essais de nouveautés avec une certaine prédilection pour les petites cylindrées.
Copain avec la plupart des acteurs du milieu moto, l’idée lui est venue d’une page humoristique traitant des potins et ragots et autres petites infos qui animaient l’univers de la course et du marché français. Ce furent Les mauvaises langues de Khomer Tran-Duc publiées sur une page hebdomadaire en début de journal. Dans ses premières années d’existence, Moto Journal réunissait une bande de joyeux originaux, menés par un non moins original rédacteur en chef : Guido Bettiol, ancien coureur, cinéaste d’animation et scientifique autodidacte.
Fred était comme ça !
Avec Fred, ça a tout de suite collé. Avec le successeur de Guido, un peu moins… surtout lorsque ce dernier a eu la mauvaise idée, un certaine semaine, de remplacer sa page des mauvaises langues par je ne sais plus quelle autre. Découvrant qu’il n’était pas publié, Fred a demandé à Claude (c’est le prénom du successeur de Guido Bettiol à la rédaction en chef) des explications, devant un ballon de rouge au bistrot d’en face et là… il a sorti un pistolet de son attaché-case, l’a pointé sous le nez de Claude en lui disant : « Si tu me refais ça encore une fois, je t’en colle une dans la tronche ! ». Sitôt après, Claude est allé voir Pierre Barret, notre directeur et lui a raconté ce qu’il avait vécu. Fred est convoqué par Pierre qui lui réclame des explications. Fred sort l’objet du délit : un jouet, réplique d’un quelconque pistolet automatique et explique que « tu sais bien que Claude n’a jamais eu le sens de l’humour ! » Enumérer toutes les frasques de Fred prendrait un numéro de MJ à part entière : du rodage de notre premier copieur à grand renfort de photocopies de son postérieur dont nous avons découvert un beau matin, les couloirs du journal tapissés, de sa tente de camping dans un bureau de Moto Journal, jusqu’ à ses bénédictions aux habitants du quartier sous des déguisements d’ecclésiastiques, le compte est trop élevé.
In memoriam
Fred m’a accompagné durant une grande partie de ma vie, malgré son impossibilité à vivre comme la plupart des gens et ce qu’il a pu leur faire subir, je suis heureux d’avoir partagé des moments de pure humanité avec lui, heureux d’avoir lu ses écrits et d’avoir appris de sa grande culture littéraire comme de m’avoir permis de devenir un élément de Moto Journal. Désormais je suis triste qu’il ait quitté notre monde, si loin de nous mais dans le pays de ses ancêtres, celui qu’il avait choisi pour y finir ses jours.
Harald
Disparition de Frédéric Tran-Duc, auteur de La carte postale d’un bout du monde.
PARCOURS D’UN ANTI-CONFORMISTE
Les fidèles de MJ, ceux qui nous lisent depuis toujours ou depuis un peu moins longtemps, tous savent qui était Fred Tran-Duc , l’inventeur et auteur de La carte postale d’un bout du monde. Fred a quitté notre monde le 20 juillet dernier.
L’idée était lumineuse, faire un tour du monde à moto, rêve de nombreux motards de la fin des années soixante-dix et du début des années quatre-vingt. Là, nous parlons d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, un temps où la moto représentait avant tout liberté, aventure, source d’évasion. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si à cette époque sont nés les grands rallyes africains, à commencer par « le Côte-Côte », le Côte d’Azur-Côte d’Ivoire qui a donné naissance au célébrissime Paris Dakar.
Le motard vagabond
Bien que Fred ait participé au Côte-Côte - qu’il n’a d’ailleurs pas terminé -, c’est son tour du monde, juché sur un mini Yam, un Yamaha GT 80, qui l’a immortalisé auprès des lecteurs de MJ. Un mini Yam ? Et pourquoi pas des patins à roulettes ? A MJ, on s’est un peu moqués de ce choix alors qu’il était mûrement réfléchi et s’est révélé très intelligent. La taille de l’engin, son faible poids, sa simplicité mécanique, la sympathie qu’il attirait spontanément tout a confirmé ce choix. Le tour du monde de Fred, démarré en 1978, distillé sur une page de MJ chaque semaine (sauf quelques exceptions dues aux problèmes de communication d’une époque où Internet n’existait pas) durant un peu plus deux ans sous le titre de La carte postale d’un bout du monde, a marqué à tout jamais les lecteurs de Moto Journal qui l’ont suivi. A tel point que vous avez été nombreux, ces derniers temps et trente années plus tard, à nous demander de ses nouvelles.
Une compilation de ces pages a même été éditée dans les années 1990, compilation dont hélas, la plupart des exemplaires ont fini au pilon.
De retour au journal, impossible pour Fred de rester en place. Il a bien occupé un temps la fonction de secrétaire général de rédaction mais comme toujours, la bougeotte l’a repris, l’état sédentaire n’ayant jamais été son truc. Même la relation d’évènements sportifs de l’hexagone l’a vite saoulé.
Une obsession, partir !
Lorsque Fred était au journal, il avait une idée fixe, celle de préparer un nouveau voyage. Il a fait les pays de l’Est et ceux de l’est méditerranéen en Yamaha 125 TDR, toujours relaté sous la même forme de La carte postale d’un bout du monde paraissant sur une page chaque semaine dans MJ. Nouveau retour pour un temps puis nouveau départ pour un périple aux Etats-Unis, cette fois sur une 125 Cagiva prêtée par Marcel Seurat.
La Cagiva a rapidement été échangée pour une 125 Bultaco afin de participer aux épreuves du Vintage Motorcyle Championship nord-américain. Et pour trimballer la Bultaco à travers les USA sur les divers circuits du championnat, Fred s’est offert un Ford Econoline hors d’âge, la camionnette de base à l’échelle américaine, qu’il a baptisée « Gros Bébé » et fait transformer en camping car quelque part aux confins du Mexique.
C’était Fred !
Fred a remporté un vague titre de champion nord-américain, catégorie 125 ou 175 vintage et nous a raconté sa saison et comment on fait lorsqu’on débarque dans un pays étranger, qu’on achète un machine de course obsolète même pour gagner des courses d’anciennes et qu’on la bricole avec sa bite et son couteau.
Encore une fois et sous le même titre La carte postale d’un bout du monde qui est devenu sa signature, Fred a relaté ses aventures chaque semaine sur une page de MJ, que ce soit sur les circuits, dans les parc coureurs, les campings, les stations services et lorsqu’il a emmené à la pêche une tribu indienne du Mexique dont il a partagé un temps l’existence. Bien sur, ce ne fut pas un tour du monde, juste un tour du continent Nord-américain mais avec Fred, où qu’il fut, ça a toujours été un bout du monde.
De retour à Paris dans les années 2 000, au volant de « Gros Bébé » qu’il avait ramené avec lui à bord d’un cargo mixte, on l’a vu débarquer au journal déguisé en Man in black façon chanteur de Country, chaussé de Santiags, arborant un bandana et affublé de lunettes noires, parcourant les locaux de MJ de long en large, répondant à chaque question par un unique et laconique « le biotope est à chier ! »
Le Bout du chemin
Sur que ça ne pouvait pas durer et la seule solution d’en sortir a été de repartir pour un tour… le dernier. Les lecteurs plus récents s’en souviennent sans doute. Fred est allé jusqu’au Viet-Nam en passant par la Chine. Pas à pied mais avec une moto chinoise, une 125 Zong Shen prêtée par Pierre Laurent-Chauvet. Moto qu’il a conduite par la route jusqu’à sa maison mère, l’usine d’où elle était sortie alors qu’elle avait 0 km au compteur. Encore une fois, tout cela vous a été raconté dans La carte postale d’un bout du monde, hebdomadaire. Et puis Fred et sa 125 Zong Shen on franchi la frontière Sino-Vietnamienne pour se fixer définitivement à Hanoï, capitale du Viet-Nam dont sa famille paternelle était originaire. Il y a acheté une petite maison pour y couler ses jours dans le pays qu’il a toujours voulu connaître depuis presque toujours. Un pays qui a été trop longtemps en guerre pour qu’il puisse y aller lorsqu’il était plus jeune et puis… et puis lorsqu’il l’a découvert et s’y est installé parce qu’il l’a aimé, le mal insidieux qu’on appelle cancer l’a frappé. Après les mêmes traitements que Barry Sheene, atteint d’un cancer analogue à celui de Fred, avait refusés parce qu’il les trouvait mutilants, Fred a connu une période de rémission avant que le mal ne revienne et se propage pour l’emporter mercredi dernier.
Au commencement était l’écriture
J’ai connu Fred au Lycée d’Enghien, il venait d’y entrer après avoir été renvoyé de celui de Pontoise. Les profs, soit le détestaient soit l’encensaient suivant la discipline qu’ils enseignaient. Les profs de maths, physique, chimie, histoire-géo abhorraient Fred d’autant qu’il ne faisait rien pour leur complaire. Anecdote : rendu des copies d’une composition (on dirait aujourd’hui un contrôle) de géographie, le prof se lève et déclame : « voici ce que m’a rendu Tran-Duc , je vous lis : cher monsieur le professeur, excusez-moi de ne point reproduire ici la carte que vous nous demandez mais vous savez que je dessine comme un pied et ne puis décemment me déchausser en classe ! ». Du pur Fred !
Par contre les profs de français et de langue ne tarissaient pas d’éloges sur lui et le défendaient bec et ongles dans les conseils de classe. Son talent et surtout celui d’écriture était déjà reconnu.
Car l’écriture a été son grand art depuis toujours, une manière unique et très personnelle de relater les évènements comme d’analyser les situations auxquelles il était confronté. Fred était une sorte de Céline, un Antoine Blondin de la moto. Pierre Barret, fondateur de Moto Journal ne s’y était pas trompé, il a supporté tous les emmerdes que Fred a pu engendrer à MJ et dieu sait si il y en a eu, pour la simple raison qu’un talent, ça se supporte envers et contre beaucoup d’ennuis. Fred était le type même de ce qu’on appelle l’artiste maudit. Difficilement vivable pour autrui, sans gêne, rebelle, imprévisible, voir insupportable, il était aussi généreux, fidèle en amitié, drôle et plein d’humour, éminemment sympathique, d’une grande culture littéraire et bien sur intelligent et talentueux.
Il avait un pantalon et des bottes de moto…
Il y avait trois motos en tout et pour tout au Lycée d’Enghien. La Matchless G80 d’un prof, la Yamaha 250 YDS2 d’un élève de terminale et… la 250 Aermacchi Ala Verde de Fred. Dans les années soixante, la moto n’était pas bien vue, c’était un engin pour blousons noirs comme on disait à l’époque, un engin de marginaux, de ceux qui refusaient de se conformer aux règles de la société. Donc la moto était une raison de plus pour que l’administration du lycée n’apprécie pas Fred… et le renvoie de l’établissement.
Histoire de changer d’air, Fred s’est mis en tête de tâter de la compétition et s’engagea en Formule Sport 250 avec sa Macchi un championnat réservé aux machines de série où les Ducati Mach I faisaient figure d’épouvantail. Première course à Montlhéry et quelques autres sans résultats, puis l’aide de Richard Motos à Sannois avec le prêt d’un Morini Setebello, toujours sans résultats.
Et Fred a déniché un poste de magasinier chez Sonauto, importateur Yamaha et a quitté les motos italiennes pour une machine de la firme aux trois diapasons disputant diverses épreuves dont les premiers 24 heures du Mans avec son Frère Patrick..
Etranger dans son propre pays
Surviennent les gendarmes qui viennent le cueillir pour l’emmener faire son service militaire dans un quelconque bataillon disciplinaire car Fred, qui n’a jamais répondu à la moindre demande des autorités pour faire ses trois jours, est un insoumis. Oui mais. Le père de Fred est d’origine vietnamienne et une loi existe qui stipule que les enfants des Vietnamiens, du temps que le Vietnam était français mais ne l’est plus, peuvent choisir leur nationalité à leur majorité. Fred bien sur, a choisi la nationalité vietnamienne et comme en France la seule ambassade de ce pays coupé en deux au niveau du 17e parallèle était celle du Nord Vietnam, Fred est devenu Nord-vietnamien. Ce qu’il expliquait de la façon suivante. « Je suis Nord-Vietnamien parce que je suis né à Franconville et que Franconville est situé au nord du 17e parallèle. »
Fred a donc échappé au service militaire par ce subterfuge mais il en a connu les inconvénients peu après, lorsque pour résider en France il lui a été nécessaire de demander une carte de séjour, sans parler de la difficulté d’obtenir des visas pour traverser certains pays, jusqu’à ce qu’il puisse, plus tard, retrouver la nationalité française.
France Moto puis Moto Journal
Patrick frère de Fred, assurant la rédaction de France moto, la publication de la Fédé, lui a proposé de collaborer à cette publication destinée aux licenciés de la FFM.
Et c’est ainsi que Fred a entamé sa carrière de journaliste. Vite reconnu, son talent lui a permis de collaborer à La Moto mensuel édité par Michel Hommel, puis et enfin Moto Journal. Ses premiers papiers furent des comptes rendus d’évènements sportifs et des essais de nouveautés avec une certaine prédilection pour les petites cylindrées.
Copain avec la plupart des acteurs du milieu moto, l’idée lui est venue d’une page humoristique traitant des potins et ragots et autres petites infos qui animaient l’univers de la course et du marché français. Ce furent Les mauvaises langues de Khomer Tran-Duc publiées sur une page hebdomadaire en début de journal. Dans ses premières années d’existence, Moto Journal réunissait une bande de joyeux originaux, menés par un non moins original rédacteur en chef : Guido Bettiol, ancien coureur, cinéaste d’animation et scientifique autodidacte.
Fred était comme ça !
Avec Fred, ça a tout de suite collé. Avec le successeur de Guido, un peu moins… surtout lorsque ce dernier a eu la mauvaise idée, un certaine semaine, de remplacer sa page des mauvaises langues par je ne sais plus quelle autre. Découvrant qu’il n’était pas publié, Fred a demandé à Claude (c’est le prénom du successeur de Guido Bettiol à la rédaction en chef) des explications, devant un ballon de rouge au bistrot d’en face et là… il a sorti un pistolet de son attaché-case, l’a pointé sous le nez de Claude en lui disant : « Si tu me refais ça encore une fois, je t’en colle une dans la tronche ! ». Sitôt après, Claude est allé voir Pierre Barret, notre directeur et lui a raconté ce qu’il avait vécu. Fred est convoqué par Pierre qui lui réclame des explications. Fred sort l’objet du délit : un jouet, réplique d’un quelconque pistolet automatique et explique que « tu sais bien que Claude n’a jamais eu le sens de l’humour ! » Enumérer toutes les frasques de Fred prendrait un numéro de MJ à part entière : du rodage de notre premier copieur à grand renfort de photocopies de son postérieur dont nous avons découvert un beau matin, les couloirs du journal tapissés, de sa tente de camping dans un bureau de Moto Journal, jusqu’ à ses bénédictions aux habitants du quartier sous des déguisements d’ecclésiastiques, le compte est trop élevé.
In memoriam
Fred m’a accompagné durant une grande partie de ma vie, malgré son impossibilité à vivre comme la plupart des gens et ce qu’il a pu leur faire subir, je suis heureux d’avoir partagé des moments de pure humanité avec lui, heureux d’avoir lu ses écrits et d’avoir appris de sa grande culture littéraire comme de m’avoir permis de devenir un élément de Moto Journal. Désormais je suis triste qu’il ait quitté notre monde, si loin de nous mais dans le pays de ses ancêtres, celui qu’il avait choisi pour y finir ses jours.
Harald
Francesco
Re: Fred Tran Duc est reparti en voyage.
En farfouillant dans les Yam GT80 j' ai trouvé ceci où Patrick Tran-Duc, pseudo Kawa95moto, évoque un peu son frère Fred
http://www.leguidevert.com/_V6/viewtopic.php?id=300716
http://www.leguidevert.com/_V6/viewtopic.php?id=300716
jmarc06
Re: Fred Tran Duc est reparti en voyage.
Sympa ton lien Jean Marc....
Y'a même le fils de JP Edart qui poste au sujet de la traversée du Sahara réalisée en 75 par son père, en Yam 50cc.
Et on y trouve une couv' de Moto Verte dans les années où ces canards me faisaient rêver......( Tu peux toujours essayer de rêver avec Moto Crampons, moi je n'y suis jamais arrivé....).
Y'a même le fils de JP Edart qui poste au sujet de la traversée du Sahara réalisée en 75 par son père, en Yam 50cc.
Et on y trouve une couv' de Moto Verte dans les années où ces canards me faisaient rêver......( Tu peux toujours essayer de rêver avec Moto Crampons, moi je n'y suis jamais arrivé....).
Francesco
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