Arrêt du chrono pour Gilles Coulanges.

C'était pas n'importe qui, le p'tit au grandes oreilles. 14 fois champion de France de la montagne, j'ai eu le plaisir de le cotoyer de temps en temps à Chambéry. La première fois que je l'ai rencontré, je sortais mon cafe racer BMW de la cour de mon immeuble, il passait devant, on a discuté, il m'a dit qu'il bricolait aussi des motos, mais pas de BMW.
Parce que dans la grande tradition des champions du siècle passé, il ne se contentait pas de souder la poignée, c'était aussi un préparateur, constructeur, qui avait jeté son dévolu sur la 500 RG comme base privilégiée, qu'il s'était échiné à améliorer jusqu'à arriver au rapport poids puissance de 1cv (139) pour 1 kg (135). Sa RGC, gonflée à 616 cm3, avec un châssis modernisé (cadre à longerons rectilignes caissonnés, monobras, suspensions et roues modernes) était un missile sol sol qui en a remontré à des bien plus puissantes et récentes.
Il vivait à Thoiry, sur les hauteurs de Chambéry, et les petites routes des cols des Bauges constituaient un terrain d'essai idéal pour la mise au point du 4 cylindres en carré, avec la complicité bienveillante des habitants qui bloquaient la route le temps qu'il fasse un chrono.
Fallait pas lui parler de soupapes, son truc, c'était le deux temps, il fallait qu'il roule sur ce qui le faisait rêver, gamin qu'il avait été et qu'il était toujours, avec sa tête ébouriffée de cancre souriant et génial qui préfère réfléchir à la prochaine modif qu'il pourrait faire encore pour que le week-end suivant, il grappille encore quelques centièmes dans la montée...
A force de gagner, les moto clubs organisateurs de course de côte imprimaient des feuilles de temps avec son nom imprimé en première place d'emblée, les autres restant à remplir. 14 titres de champion, on pourrait croire que ça lasse, ou que ça émousse le démon. En 2007, Gilles avait prévu de terminer sa carrière à la dernière épreuve de la saison à Marlhes, en faisant péter au passage le record de la montée aux essais. La seconde montée ne s'est jamais achevée et Gilles menait une vie au ralenti depuis, suspendu en l'air.
Je l'avais revu, en passager en voiture, effectuant lors d'une épreuve une montée d'honneur de la course de côte de Chanaz, dont il a écrit les plus belles pages à la gomme sur le bitume. Et il y avait une petite étincelle encore bien visible derrière les larmes de ses yeux, signe que sa passion était intacte malgré tout.
Son dernier chrono a finalement été arrêté 15 ans plus tard, il y a deux jours.

A mon avis, il a encore battu le record de la montée vers le paradis des doux dingues...

RIP l'artiste 

Bel éloge. RIP.

Je ne le connaissais pas, mais tu lui rends un bel hommage   
RIP

A Marchaux, à Barr, à Sancey, il était aussi célèbre que Jean Monnin.
Je ne l'ai jamais croisé, de toute façon je ne supporte plus de voir les risques que prennent les pilotes en côte.
Lui, visiblement avait fait la course de trop, quel gâchis.

Un grand pilote, funambule sur deux roues. 
Avec un cœur "gros comme ça", et une grande gentillesse.
Marlhes, pas plus dangereuse que les autres C.C. pour l'avoir vécue aux manettes, impressionnante de risques.
Comme toutes les C.C.
Reposes-toi l'ami.
Merci JB.