Vous lisez quoi en ce moment ?

J'ai rendu à mi-lecture "Blanc" de Sylvain Tesson. Récit prometteur d'une traversée en ski de rando des Alpes du sud à l'est qui se révèla à la lecture un pensum aussi vide que pompeux, ponctué de quelques citations d'autres auteurs. Peut-être y a t'il quelque chose d'intéressant dans la deuxième moitié? Par égard pour celui qui fut l'auteur de très belles nouvelles, du genre qui restent en tête pendant des années après les avoir lues, je préfère laisser cette éventualité suspendue plutôt que d'aller jusqu'au bout et conclure sur un vide.

J'ai expédié le dernier opus de Pierre Lemaître, Le silence et la Colère, qui poursuit son oeuvre balazacienne entamée avec "Au revoir là-haut", cette fois à l'orée des sixties.
Toujours plaisant et efficace, bien documenté et prenant, un "page turner" comme disent les critiques transatlantiques, mais il manque un petit grain de personnalité, un je-ne-sais-quoi qui, si le talent de l'auteur est indéniable, m'empêche de le classer parmi les grands. Ce que le temps fera peut-être.

Un qui foisonne, par contre, c'est Colin Niel. Je me suis rué sur Darwine, dernière publication de cet auteur étonnant, agent de l'ONF à la ville (enfin, à la forêt), qui a publié plusieurs romans liés à la Guyane, où il vécût, et deux métropolitains: "Seules les bêtes", une merveille d'intrigues interlacées qui joue avec nos expectatives pour mieux les mettre à terre et nous surprendre, lisez-le ou regardez son adaptation magistrale par Dominik Moll au cinéma) et "Entre fauves".
Darwine est un retour en Guyane, plus un polar comme les précédents qui s'inscrivaient dans la tradition des aventures des forces de l'ordre dans nos belles colonies, mais qui part cette fois sur la base d'une enquête sociale pour mieux rebasculer sur la nature et redonner au vivant la place qu'il occupe en réalité, comme dans tous ses romans. On frôle le fantastique, le roman social, ça m'évoque la "Nature humaine" de Serge Joncour, excellent roman lui aussi, par la place que prend le monde du vivant à côté, autour, à l'intérieur du monde des hommes civilisés.
Jamais déçu avec Colin Niel: sa force de description donne envie de s'envoler instantanément pour l'endroit dans lequel sa lecture nous plonge pour y prolonger l'expérience, sans y craindre le moindre dépaysement.
Lui, par contre...mon petit doigt me dit qu'il restera dans les annales.

Bref, pour résumer mes récentes lectures: un auteur avec du style sans talent, un auteur avec du talent sans style, et un qui combine les deux pour mon plus grand bonheur. Tiens, ça me donne envie de l'inviter à une projection de "Seules les bêtes" et à un débat dans la bibliothèque de mon village...

jbt a écrit:
J'ai rendu à mi-lecture "Blanc" de Sylvain Tesson. Récit prometteur d'une traversée en ski de rando des Alpes du sud à l'est qui se révèla à la lecture un pensum aussi vide que pompeux, ponctué de quelques citations d'autres auteurs. Peut-être y a t'il quelque chose d'intéressant dans la deuxième moitié? Par égard pour celui qui fut l'auteur de très belles nouvelles, du genre qui restent en tête pendant des années après les avoir lues, je préfère laisser cette éventualité suspendue plutôt que d'aller jusqu'au bout et conclure sur un vide.

Bah ça m’a occupé un AR en train Sion/Olten où je me rendais en formation. C’est quand même poétique.
Il a écrit des nouvelles? Je connais pas.

Je viens de finir Chroniques de Bob Dylan. Pas vraiment une autobiographie, plutot une sorte de journal un peu anarchique. Absence de chronologie sur ces souvenirs. On passe des années 60 aux années 90, en repassant par les 70s pour revenir aux sixties. Etant fan du personnage, on retrouve ici son coté discret, inclassable, déroutant parfois. Le type sait écrire, il utilise des images que lui seul peut inventer. Il explique qu'il n'a jamais voulu etre le "porte parole" d'une génération, ni un quelconque "Messie Pop" que les journalistes ont voulu qu'il soit....Lui voulait simplement jouer sa musique, point barre. Ce bouquin appuie fortement sur le fait que Dylan à découvert sa vocation en écoutant Woody Guthrie.  Sans Woody, Dylan n'aurait jamais existé. Belle leçon d'humilité. 
Il y est question aussi d'un Road Trip ( comme disent les Djeuns) en Louisiane au guidon d'une Harley de 66. Le Bob voulait simplement faire un break au milieu des sessions de l"album Oh Mercy ......
Dylan possède toujours 2 bécanes ; Harley 883 et Triumph T100 des années 60 , respect !

Et même pas une Deauville.....
Ceux-qui disent qu'il était fini après Nashville Skyline ont raison.

Pour les Ricains, Deauville renvoi à un Festival du Film (ou à un casino) , mais pas à une bécane ....

Un peuple inculte qui a élu un Trump. Ils sont capable de tout !

Tiens, je viens de voir que je l'ai le " Chroniques" de Dylan. D'après mon marque page, j'ai calé au milieu environ, j'ai fini par le trouver monotone. Pourtant, musicalement j'ai toujours aimé.
Ce qui me sidère toujours, c'est la précision des souvenirs retracés.
Idem pour les mémoires de Springsteen, je ne sais pas comment ils font pour se rappeler d'autant de détails.

Sinon, j'ai remis "Les bienveillantes" dans une boîte à livres. Tant d'horreurs banalisées, j'ai craqué, malgré quelques pages de réflexions étonnantes autour des peuples de l'Est, de leur linguistique, de leur histoire.

Francesco a écrit:Ce qui me sidère toujours, c'est la précision des souvenirs retracés.
Idem pour les mémoires de Springsteen, je ne sais pas comment ils font pour se rappeler d'autant de détails.

je partage cette réflexion, que je m'étais faite en les lisant.

Une fois lors d'une interview, Keith Richard avait dit à propos de ses souvenirs avec les Stones dans les années 60 et 70 :" Je ne me rappelle de rien sur ces années, vu que j'étais tout le temps défoncé ! "
Cela ne l'à pas empèché de publier une autobiographie de 650 pages ....

Les mecs sont leurs propres légendes, c'est normal qu'ils inventent des détails imaginaires 

J'ai déniché dans une brocante 'Guillotine sèche " de René Belebenoit. Ce bouquin est proprement hallucinant. Belebenoit y raconte sa vie au Bagne de Cayenne, ses multiples tentatives d'évasion jusqu'à celle qui reussira et lui permettra de gagner la Californie et la liberté. Ce bouquin publié à l'origine en 1938 deviendra un best seller aux USA. Tout le monde connait "Papillon" surtout grace au film avec Steve. Là je dirais que c'est encore plus "cru", plus documenté. Il y a des passages terribles ( cannibalisme, meurtres en série, corruption, injustices à gogo, cadavres jetés aux requins) sans compter les sodomies forcées imposées aux plus faibles ( pas vraiment "Gay Friendly" ....)
Un document incroyable !

Les anciens bagnards racontaient peut-être des histoires rocambolesques pour faire peur aux bourgeois et gagner leur croûte à la sortie, il faut en prendre et en laisser. 
Même Charrière a été pris en flagrant délit d'invention sur certains points pas, si rares que ça d'ailleurs. Après, ce qui se passe dans une cellule, c'est un peu comme le chat de Schrödinger, on sait pas trop vu de l'extérieur...

ldx a écrit:c'est un peu comme le chat de Schrödinger, on sait pas trop vu de l'extérieur...

J'ai récupéré un autre bouquin sur le Bagne de Cayenne, et c'est celui de Denis Seznec. Il raconte ce qu'a vécu son grand père le célèbre Guillaume Seznec qui y a passé 20 ans. Et cette fois-ci le bouquin inclus de nombreuses photos. Y compris celle de l'hopital de Cayenne ou l'on conservait dans des bocaux, les tetes des types guillotinés.....   un détail parmi d'autres .....
Non je ne crois pas que les "rescapés" ont eu besoin d'exagérer .....c'était tout simplement l'enfer ...Et certains types s'y sont retrouvés juste pour un vol de bijou ......

Tu n'as pas de saines lectures, essaie plutôt l'éloge du carburateur 

Lequel ? Mikuni, Del Orto, Amal, Bing, Linkert ?? 

Bing bien sûr 

Mikuni c'est pourri, Amal ça roule mal, Del Orto ça prend l'eau.....T'as raison , faut du Bing !

Ça faisait longtemps......alors pour changer des polars de Minier ou des Lemaître, je me suis attaqué à plus ardu.
A des écritures qui rendent hommage à la richesse de notre langue, qui obligent parfois à relire trois fois une phrase pour être sûr d'avoir à peu près compris son sens ( et encore, concernant Marguerite Yourcenar, je n'aurais pas toujours cette prétention).

Pour autant, j'ai beaucoup aimé " L'Oeuvre au noir" : une traversée du 16ème siècle à travers la vie d'un bâtard destiné à l'Eglise, qui choisira plutôt la médecine, l'alchimie, la philosophie pour guide de vie. 
On va croiser les pensées de Léonard de Vinci, de Paracelse, entendre le poids de l'Eglise à cette époque, mesurer combien il est difficile de s'attaquer aux dogmes ( on fini vite sur le bûcher si l'on n'est pas dans le ton....). C'est marrant, enfin....marrant......ça m'a fait penser aux sectes actuelles qui s'enfoncent dans la violence si on ose sourire de leurs croyances. 

J'ai acheté ce bouquin lors d'une visite à l'abbaye de Cluny, là aussi on mesure quelque chose de la puissance de l'Eglise. 

A la fin du livre, Yourcenar apporte des explications sur la genèse de cette histoire, comment ce personnage et ses péripéties ont évolué dans sa propre vie, depuis qu'elle avait entrepris cette écriture alors qu'elle avait 20 ans. On y apprend comment plusieurs nouvelles, plusieurs projets d'écriture ont finalement abouti à ce livre. 





Plus près de notre époque, le roman de Danièle Sallenave " Rue de la Justice" : une étude ethnologique du "petit peuple" des campagnes en Anjou, au 19ème siècle, à travers une quête concernant une arrière grand-mère de l'auteur qui avait sur sa cheminée une gravure des obsèques de Victor Hugo. Etonnant, non ? 
Parfois le bouquin part très loin dans des méandres qui m'ont un peu perdu, mais au final ça reste de l'Histoire de chez nous et c'est intéressant.




Pour me reposer un peu la tête, j'ai voulu lire un roman d'aventures.
Raté.
Enfin, en partie.
Parce-que "Le loup des mers" de London va au-delà des péripéties. Les échanges entre Loup Larsen et l'écrivain Van Weiden renvoient à des questions philosophiques elles aussi. Mais quand même, l'histoire se lit facilement et les personnages sont riches et attachants. 
Les pages ont jauni, c'est un livre que j'avais lu lorsque j'avais 15 ou 16 ans, mais je l'ai retrouvé avec grand plaisir.

 

jbt a écrit:

J'ai expédié le dernier opus de Pierre Lemaître, Le silence et la Colère, qui poursuit son oeuvre balazacienne entamée avec "Au revoir là-haut", cette fois à l'orée des sixties.
Toujours plaisant et efficace, bien documenté et prenant, un "page turner" comme disent les critiques transatlantiques, mais il manque un petit grain de personnalité, un je-ne-sais-quoi qui, si le talent de l'auteur est indéniable, m'empêche de le classer parmi les grands. Ce que le temps fera peut-être.

J'en suis resté au " Grand monde", je n'ai pas encore lu le dernier. Mais j'aime toujours !

Tiens, en parlant d'un qui me gonfle par contre, c'est Joël Dicker : toutes les amies de ma femme aiment. Du coup j'en ai lu deux qui ont atterri ici. "La vérité sur l'affaire Harry Quebert" et "L'énigme de la chambre 622".
Vraiment, je ne craque pas : des personnage survolés, beaucoup de verbiage inutile.....enfin, ce n'est que mon opinion !

FLATIX a écrit:Je viens de finir "L'enlisement" de Lucien BODARD, sur la guerre d'Indochine. Je me penche pas mal sur cette période et j'ai déjà lu plusieurs bouquins sur ce sujet. Mais le BODARD est absolument fabuleux. Le type a vécu tout ça sur le terrain, en "direct live" et son témoignage est inestimable. Il a partagé le quotidien des chefs de poste perdus en pleine jungle aussi bien que les diners des diplomates d'Hanoi. Ce bouquin est d'une force incroyable. BODARD est né en Chine est y a vécu 20 ans, il est donc bien placé pour expliquer toute la culture asiatique liée à la guerre. Certains officiers français possédaient leur propre "armée privée" et menaient leur propre guerre en pleine jungle. C'était la seule façon de contrer efficacement le Vietminh. C'était en fait le système féodal des Seigneurs de Guerre qui était employé. Le film de Coppola "Apocalypse Now" évoque exactement la meme chose avec l'histoire de Kurtz ( Marlon Brando).
Bodard a publié ce livre en 62 soit 8 ans après Dien Bien Phu, et il annonce déjà la future défaite américaine. Il explique que des millions de dollars, des milliers de tonnes de bombes seront inutiles. 
Le type avait tout compris, car il s'était immergé dans cette guerre, et il l'avait étudiée de prés. 
La guerre d'Indochine est en grande partie inconnue du grand public. Elle recèle pourtant des centaines d'histoires fascinantes. Ce bouquin en est rempli.
Par ailleurs, je me rends compte qu'il est préférable de lire des témoignages d'acteurs directs plutot que des bouquins d'historiens actuels.

Une période et des faits évoqués aussi dans le Lemaître dont on parle plus haut "Le grand monde". Sans doute moins documenté que Bodart, mais on y entend bien le bordel que ce fût, les compromissions, les "petits arrangements" dont certains financiers ont tiré parti pendant que les soldats crevaient.

Francesco a écrit:
Tiens, en parlant d'un qui me gonfle par contre, c'est Joël Dicker : toutes les amies de ma femme aiment. Du coup j'en ai lu deux qui ont atterri ici. "La vérité sur l'affaire Harry Quebert" et "L'énigme de la chambre 622".
Vraiment, je ne craque pas : des personnage survolés, beaucoup de verbiage inutile.....enfin, ce n'est que mon opinion !

Ça fait partie des livres qu'il est agréable... d'écouter. J'ai découvert les audio livres il y a deux trois ans et j'en ai écouté une petite dizaine dont ceux-ci. Un Joel Dicker est parfait pour s'endormir, dans le noir, les écouteurs dans les oreilles et la tête dans l'oreiller. 

Mention spéciale dans la catégorie audio livres (même si je n'en ai pas écouté beaucoup) à "Au revoir là-haut" de Pierre Lemaître, lu par l'auteur lui-même qui se révèle excellent comédien (il faut dire qu'il connait son texte à la virgule près) et sait rendre tout l'humour et l'ironie de son roman. Avec une diction et un timbre qui évoquent la voix off de Jean Rochefort dans la franchise "Un Eléphant ça trompe énormément". Un pur régal.

Ah, je ne connais pas du tout cette formule ! 
Je ne crois pas que j'aimerais, parce-que j'ai souvent plaisir à relire une phrase voire un paragraphe, et puis je mémorise mieux ce que je lis que ce que j'entends. 

A une époque, j'avais pensé enregistrer des lectures de livre, parce-que j'ai une voix et une diction plutôt agréables ( on ne peut pas être nul en tout....) Mais c'était surtout destiné à un public non voyant comme on dit aujourd'hui.
Et puis j'ai oublié ce projet.
Bon, je n'ai pas la prétention de me hisser au niveau d'un Jean Rochefort, d'un Depardieu ou d'un Marielle non plus ! 


J'oubliais, impossible d'évoquer Yourcenar sans lui rendre le plus bel hommage : 

Francesco a écrit:Ah, je ne connais pas du tout cette formule ! 
Je ne crois pas que j'aimerais, parce-que j'ai souvent plaisir à relire une phrase voire un paragraphe, et puis je mémorise mieux ce que je lis que ce que j'entends. 

 Il y a l'offre Audible (la plus grosse je pense, toutes les "grands" ou presque y figurent. Et des tonnes d'autres sites libres de droits ou pas. J'aime aussi beaucoup ce que nos parents appelaient les "dramatiques" à radio, aujourd'hui des "fictions". A podcaster, d'excellentes adaptations de grandes oeuvres sur Radio France (et France Cul : Les Grandes Espérances, Jane Eyre, etc.)

J'étais un peu réticent comme toi, mais ce sont des amies traductrices qui me l'avaient conseillé, donc caution culturelle... et qu'Audible avait une offre découverte... je me suis lancé et c'était une découverte très intéressante, même si je suis revenu au papier.

A l'époque ou je faisais souvent de longs trajets, j'écoutais souvent des livres audio sur la route. Ca occupait le temps et il n'y a pas de pub débile comme à la radio.
Et c'était une expérience particulièrement plaisante, en étant totalement immergé dans l'histoire, tout en l'associant aux endroits parcourus.
Aujourd'hui encore, lorsque je reconnais certains paysages, je me remémore, vingt ans plus tard, l'histoire que j'ai écouté en les traversant.

J'adorais Lemaître dans ses petits polars sociétaux avec un rythme tendu et une propension à éliminer rapidement des protagonistes sans aucun sentimentalisme. J'ai donc continué avec la saga "au revoir là-haut" etc mais je trouve que si la documentation est là  et le souffle aussi cela s'épuise dans les deux autres romans de la saga. J'ai donc bien aimé le premier mais j'ai toujours hésité à aller voir le film de Dupontel (que j'adore) par peur qu'il ne réduise ce premier volet à des moments précis. Mais peu-être que jele regarderais un jour.

Ce que j'ai lu un peu récemment

"La note américaine" : un monument de ce que savent faire les américains quand ils s'intéressent à leur histoire de façon objective. Une tribu indienne se voit attribuer une terre qui regorge de pétrole. Meurtres, racisme, corruption, tout y est. Cette histoire qui remontera jusqu'à Washington sera la première enquête de ce qui deviendra le FBI. Hyper documenté et romancé en même temps. Efficace et passionnant. Ce bouquin a été adapté tout récemment par Scorcese (Killer of the flower moon). J'ai vu la bande annonce et là, voir de Caprio et De Niro cabotiner comme çà, je passe mon tour. Mais le bouquin vaut le détour.

Vous avez vue la série TV The wire ? Elle est tirée d'un pavé "Baltimore" de David Simon, journaliste au Baltimore Sun qui a suivi pendant plusieurs années la vie d'un commissariat. Leçon de journalisme absolue.

Sinon très récemment

"Armen" la vie d'un gardien de phare par Jean-Pierre Abraham. Petit livre où il ne se passe rien mais étonnamment fascinant par la langue très photographique de l'auteur. Armen est "l'enfer des enfers", à la pointe ouest de la Bretagne. Isolé, frappé par la houle et les tempêtes. La vie du jeune jean-Pierre Abraham s'articule autour du sommeil, de la nourriture (quand elle peut arriver), des quarts de veille et de l'entretien du système de lampe. Le phare est un monde en dehors du monde.

"L'enragé" de Sorj Chalandon. J'aimais Chalandon avant quand il parlait de l'irlande et de l'IRA (j'avais fait mes études sur cette période "troublée" comme on disait à l'époque.) Et là c'est autre chose : l'histoire d'un gamin mis dans un centre de redressement. C'est du Chalandon pour faire passer des sentiments d'injustice, de haine, de rage et c'est du Chalandon pour un maniérisme littéraire de prendre un mot et de le décliner sous toutes ses formes/synonymes etc. Bref, le personnage me plaisait mais le style me fatigue un peu.