[R75/5] Tartiflat Racer

Allez, une petite histoire de mon racer préféré.
J'ai échangé la base de cette moto contre un scrambler R60/5 que j'avais bidouillé en 2005 en partant d'une base rachetée une misère au MC de la gendarmerie du centre de formation de Fontainebleau.
J'ai donc récupéré ça:

Moto dépouillée, qui marchait pas mal, mais avec des vattiers peints (!), un tambour, un cadre coupé...et un embrayage HS.
Rapidement, je me rends compte que si je veux conserver le plaisir de rouler avec, il faut vite, très vite que je m'occupe d'améliorer les freins! Le tambour, c'est roots, mais quand un virage aveugle pris à toc débouche sur deux files de voitures arrêtées et qu'il faut se frayer un chemin entre les rétros qui volent de part et d'autre avec le levier écrasé contre le guidon, on se dit que les disques, c'est bien aussi.
Donc première évolution quelques mois plus tard.
La roue avant et la fourche laissent place à leur équivalent de série 6 avec freins ATE, et un garde boue d'origine retaillé. Le té supérieur est un té inférieur réusiné pour s'adapter en haut de la fourche. IL permet une meilleure rigidité, et également de pouvoir régler l'assiette de la moto en jouant sur l'enfoncement des tubes dans les tés.

Bien, très bien, mais il faut placer le maître cylindre sous le réservoir, et..;ya pas la place.
Donc, je déniche ce superbe réservoir en poly d'origine inconnue et je l'adapte sur le cadre.
OK, le maître cylindre passe, mais le réservoir est plus long, il faut reculer la selle.
Pas grave, mais alors il faut que je mette des commandes reculées, en bidouillant des repose pieds de GSXR qui acceptent un sélecteur d'origine BM.
OK, mais pour le renvoi de la commande, il faut monter une boite 5 qui accepte la bielette de renvoi. J'en profite pour changer l'embrayage. Et décaper les vattiers qui retrouvent leur brillant.
Le frein arrière est désormais commandé par cable. Ca marche...un peu.Mais en tout cas mieux que tous les autres sytèmes que j'ai pu essayer. La géométrie de la suspension et de la commande par tige rigide impose de conserver le point de pivot d'origine, sinon l'enfoncement de la roue provoque des effets parasites, pouvant aller jusq'uàau blocage de la roue!
C'est fou comme modifier un simple petit détail entraîne tout le reste...surtout que finalement, j'ai monté un maître cylindre au guidon qui est parfait (nissin 16mm).

BOn: y'a du mieux:

Mais j'aime pas du tout le bazar entre moteur et réservoir, je veux du sobre.
Et hop! Un capotage en résine remplace la boite à air, et les carbus reçoivent des cornets.

Rha, ça me plait, là. J'aime bien le rappel des courbes de l'arriere du réservoir, du capotage de moteur et du dosseret, qui s'accordent pas mal avec celle des caches latéraux.
Un peu mieux, mais ça reste le bordel là dessous.
Alors, je décide d'alimenter différemment les carbus: le câble passe sous le réservoir, fait une boucle sous la selle en épousant le tube du cadre, et revient actionner le carbu par en dessous, inséré dans le levier par l'intermédiaire de la butée de gaine montée libre pour pouvoir se positionner normalement face à la vis moletée de réglage. C'est un peu dur, mais ça marche. Problème; pour que ça fonctionne bien, il faut 2.05m de câble, et le standard est en 2m. Je viens d'en trouver pour tandem en 2.70m, c'est mieux!
J'adore le profil sobre et dépouillé que donne l'absence de câble:

Notez que le reniflard d'origine est réinséré dans le cornet, ça évite la sempiternelle canette de bière...

Hop, je l'ai assez vue, je vire la tête de fourche superflue...



J'aime beaucoup les lignes parallèles entre le bas de la selle et les vattiers...pas facile à aligner tout ça!

Le réservoir est superbe, mais lourd car très épais.

Une bonne raison à celà: il est si vieux que la résine s'osmose, et qu'il devient poreux! Il a donc été souvent rafistolé. Lors de la peinture avant achat, j'ai compté 7 couches de peinture précédentes! J'y ai adapté un fond de réservoir BMW pour bénéficier d'un insert de robinet permettant de monter un robinet de GS, avec sortie arrière, ce qui autorise un passage de la durit très discrète, planquée derrière la batterie pour revenir par dessous traverser le capotage de boite et alimenter les carbus de part et d'autre...toujours dans l'idée de faire une moto sobre.
Mais quoi qu'il en soit, l'âge du réservoir se fait vraiment sentir, et la peinture ne dure qu'un an, avant de cloquer irrémédiablement par perméabilité de la fibre aux vapeurs d'essence...
La sangle de maintien est une ancienne ceinture d'uniforme de motard des Douanes, petit clin d'oeil à mon histoire perso.
J'ai fait le coussin de selle en recyclant une vieille selle mono BMW, avec deux couches de mousse de densité différente, fixées sur une plaque en alu elle même vissée à la selle de 900 SS. Celle-ci pivote sur une charniere d'origine et une autre rajoutée, afin de permettre de la lever comme à l'origine. Le souci vient du porte à faux du dosseret car le cadre avait été coupé à l'aplomb de l'ancrage des amortisseurs, et la fibre, malgré un renfort interne et une plaque d'alu en support, se fend par manque de rigidité sur les bosses...

La moto marche du tonnerre, étonnamment bien pour un R75/5 qui n'a pas été préparé au delà des vattiers et des filtres cornets. Je l'ai pesée à 175 kg, elle possède une plage d'utilisation très large, le freinage est désormais excellent. Le centre de gravité est encore rabaissé, l'avant un peu rabaissé par rapport aux valeurs d'origine rend la moto très vive en virage, surtout avec le bras oscillant court. Bref, un outil parfait dans les petits cols de montagne pour faire l'exter à tout le reste.
Si bien que rapidement...

...je me prends pour un pilote de course:
Un matin de juillet 2006, alors que pointait l'aube aux doigts de rose, s'annonçait un programme a priori sympa, ballade dans le Bugey, avec pour objectif une expo de motos anciennes a Bettant et un marché moto pas loin, à Cormaranche en Bugey.
Premier question primordiale: il fait chaud, il va faire tres chaud. Comment s'habiller?
Premier hypothèse : un caleçon.
Oui mais non, si tu tombes, tu vas t'usiner les rotules.
Bon, un fut' léger alors.
Bin non, ça protégera pas plus que le caleçon.
Bon, bin un gros jean, j'aurai chaud mais préserverai un peu mes jambons.
Et tant qu'a faire, je mets des bottes. Je pourrai attaquer sans arrières-pensées, voire latter quiconque tente de me faire l'exter.

Deuxième question; quelle moto prendre ? Le side aurait été sympa pour rouler en short...mais je suis en pantalon
La GS...préparée pour la Stella Alpina, elle ressemble à un accident entre une moto et un caddie.
Reste le cafe racer...de toutes façons j'avais bien l'intention de le prendre!

Je rejoins Claude avec sa [HS] Guzzi [HS] et Arnaud avec sa [HS] R1150 R [HS] et on se traîne petit à petit, à une allure lamentable , jonglant ente les juilletistes campingcarisés et les monospaces dominicaux affublés de leurs VTT réglementaires.
On arrive a Bettant, a deux pas de Vaux en Bugey, petit village célèbre pour habiter autant de motos que d'habitants!
Un fléchages succinct, on prend une petite route, ça sent le mauvais plan du type fete de la moto avec deux quads et un vendeur de barbapapa.
Et pis la route est barrée, quelques motos sont garées en épi, ya un panneau "public" et un autre "concurrents"...tiens?
Joueur, je suis ce panneau, pénètre dans un grand champ qui délivre un parc coureur semblable à celui des Coupes Moto Légende: 'gad, 'gad, une Manx, pis là, 'gad, une Laverda RGS, pis un basset Schmidt BM, pis...pis, pis plein de motos avec des vrais morceaux dedans.
Claude et moi, on se pose en plein milieu, il dégaine l'appareil et moi je m'enquiers de ce qui se passe auprès de quelques flateux à bracelets qui suent dans leur cuir , sous un auvent.
"Bin, c'est une démonstration, pas une course, hein, y a pas de classement, c'est sur l'ancien tracé d'une vraie course de cote, c'est juste pour le plaisir aujourd'hui."
"Faut une licence?"
"Bin non."
"Un cuir?"
"Tu fais comme tu le sens, y'en a qui roulent en Tshirt..."
"ON S 'INSCRIT OU?"

Me voilà donc 10 minutes plus tard délesté d'une quinzaine d'euros et affublé d'une jolie plaque à numéros, 50cm de ficelle à rôti pour la fixer sur la moto et du droit de participer aux montées, si possible sans faire de mal à
personne.

Passage du contrôle technique: "euh, ta moto , elle a plus de 25 ans?
-oui...
-elle a deux roues?
-oui...
-de l'essence?
-bin oui.
-alors c'est bon, quand on annonce que ça commence tu vas au départ et tu suis les autres.
- Et...c'est tout?
-oui, j'ai pas le temps, là, faut faire cuire les merguez maintenant.
-mais alors...le fait que j'aie pas de combi, pas de casque intégral, une moto qui fuit un peu du reservoir, un peu de la jauge à huile, c'est pas grave? Hé,dites moi au moins ce que signifient les couleurs des drapeaux..."
Trop tard, ya pas l'temps, pis on n'est pas là pour se prendre la tête,apparemment.
Dont acte. Direction la buvette, H2O uniquement, malgré le côté détendu la merguez a du mal a descendre...je vais courir. Aussitôt mon champ de vision perd en définition, je ne perçois que de gros pixels et devient monochromatique,comme si j'avais un drapeau à damier à la place des lunettes...Oh, on se calme,c'est une démonstration, t'es pas super protégé, y une botte de paille symbolique sur un tronc sur 10, et t'auras vraiment l'air con une fois par terre. Déja que tu joues au pilote avec une BM...

En discutant avec d'autres pilotes, ils m'apprennent que le revêtement est bon, mais que la route est étroite et qu'il y a des épingles plutot piegeuses...bof,comme chez moi, quoi.
J'apprends aussi que le gars assis a coté de moi est plusieurs fois champion du monde, ou de France, en tout cas c'est pas un manche...Guy Bertin, le nom me dit quelque chose. Voilà qui ne met pas du tout la pression. C'est pas chronométré, on te dit...oui mais...

Et c'est parti, on saupoudre les commissaires le long du parcours, tout petit tracé, 1km et des poussières.
J'ai le n°58, visiblement j'ai le temps avant de partir, je m'approche du départ, et constate que tout le monde part n'importe comment, sans ordre.
La tension monte.
Je discute avec un Dijonnais qui pilote un bô basset BM, avec panier à droite, bref le genre de truc sur lequel je collerais un phare et une plaque d'immatriculation histoire de semer la terreur dans toute la région.
Ca chauffe de partout. En interne, d'abord, il doit faire pas loin de 40° à l'ombre ,et sous le blouson...
Et autour, les motos chauffent aussi: les moteurs, les pneus, les tympans des spectateurs...'tain, c'est le continental circus, j'ai fait un bond spatiotemporel, je savais que le Bugey était une région reculée, mais à ce point là!
Des ducats monos, des triumph, des laverda, une Durandal rigide, des CB350, des trucs bizarres avec des moteurs improbables dans des partie cycles incertaines, le tout dans un vacarme réjouissant.
La tension monte.
Allez, je me lance. je ferme le blouson, ajuste mon casque, mes gants, démarre le flat...merde, y marche pas, ah tiens, non, c'est une Manx qui passait qui a couvert le bruit des vattiers!
Petit a petit la file indienne qui s'étend depuis la ligne de départ s'étiole, chaque départ étant donné à 30 secondes d'intervalle.
Du calme ,c'est pas une course, t'as rien a gagner ni a prouver / 'tain, j'vais tous les pourrir! / vas y mollo à la première, tu connais pas le tracé / mais je connais ma moto!
Bref, c'est plein de ces contradictions, assistant à une manche d'Ultimate fighting entre mon ange gardien, raisonneur et mon démon perso en full power que je me présente devant la ligne de départ.


Glups.

J'ai a peine le temps de demander au commissaire s'il ya pas de radar fixe sur la route (en ce moment j'y ai droit une fois par semaine, alors je me méfie) et paf, faut y'aller. T'es con, t'aurais mieux fait de lui demander ce que signifiait la couleur des drapeaux de piste, ou de quel côté tournait le premier virage.
Première, deuxième, puis un long droit aveugle, je coupe les gaz, je connais pas.
Pôv naze, ça passait facile à donf, comme le pif paf qui se profile tout de suite.
Et pif et paf, enfilade enfilée, je m'enquiers de ma vitesse, 90km/h (la peur du radar, toujours), je passe la trois avant de chercher du regard le prochain virage après cette petite courbe à gauche.
Mais que font tous ces gens au milieu de la route, c'est dangereux !? Et ces arbres aussi, c'est nul! Il ont aussi installé un talus, ces cons! Et une buvett'...MEEEEERDE? j'avais oublié qu'il y avait des épingles, et voici la première, à quelques mètres devant moi!
Pas grave, j'ai des bons freins, merci Mickael pour le maître cylindre de 900 CBR que je broie de la main droite.

Aussitôt la moto plonge de l'avant (le phare touchait presque le garde boue avant, belle illustration du transfert des masses) la roue avant
s'arrête, mais l'arrière faute d'un frein aussi efficace décide de quitter le revêtement pour doubler la moto qui saucissonne. D'où un travers de porc,logique dans une course de côte.
J'y gagne en fierté et popularité ce que j'y perds en propreté, faudra que j'enseigne ma technique à Rossi, n'empêche que j'ai bien failli me bourrer au bout de 300metres, on se calme et on découvre, OK?
Bon, observons les alentours alors que je reprends de la vitesse: des arbres,des commissaires avec des drapeaux, une moto devant, des drapeaux qui s'agitent...merde, ça doit vouloir dire quelque chose! Mais c'est pour moi ou pour l'autre devant que je rattrape, dirait-on, finalement ma technique de mepris des epingles aurait du bon? Pas le temps de répondre, mon pentium interne voit sa mémoire vive accaparée par le traitement du nouveau virage qui s'amorce. On balance un peu à droite avant un gauche à 90 (°, pas km/h) et a nouveau à
droite, et ça recommence avec un bout de ligne droite. Bon, ya pas de doute, je le rattrape, l'autre. Pas le temps de réfléchir, je
suis lancé, sans doute les drapeaux signifient "pousse toi poireau tu gênes" puisque le gars me laisse passer et pénétrer, auréolé de gloire sous le casque et de sueur sous les aisselles dans le virage suivant qui s'avère être une p..ain de salo..ie de double épingle de m..de (j'aurais pu utiliser le terme raclure pour illustrer le bruit des caches culbus dans ce pif paf à la khon).
Bon, ca y'est, c'est fini..AAAH non, il recommence, ce virage à droite, il se remet à tourner, de plus en plus même, il s'arrete pas, c'est plus un virage c'est un rond point!
Finalement après avoir défini une bonne dizaine de points de corde (c'est mon style généreux, ça) je retrouve enfin un peu de ligne droite et mets du gaz.
Tiens, cette fois il avait un drapeau rouge, le commissaire, qu'est ce que ça veut dire?
Sans doute que c'est fini, ya plein de motos arretées au bord de la route, déjà,c'est trop court, je veux recommencer!
J'arrête la BM, j'ai hyper mal aux mains, ça a duré très peu de temps mais j'ai l'impression d'avoir roulé 4h, je suis en nage, je me suis fait peur et plaisir à la fois...vite une autre!
Une fois tout le monde arrivé on redescend, j'aperçois Arnaud et Claude qui se marrent, ya des gens qui m'applaudissent, j'ai la sourde impression qu'ils m'encouragent à aller un peu plus vite pour que je m'en mette une bonne devant eux et qu'ils gagnent 1500€ en envoyant le film de ma gamelle a video gag. Je ne leur donnerai pas ce plaisir...
Deuxième montée, cette fois je fais un joli départ, je fais bien cirer l'embrayage en 1e, du coup il cire tout seul en 2e, en 3e, jusqu'à ce que je
coupe les gaz pour le faire recoller. Merde, t'es pas là pour exploser la machine, je te rappelle que t'es venu avec ce matin et qu'il faut rentrer avec ce soir...
La première épingle est passée dans un style un peu plus académique, je mélange plus freiner et tourner. Du coup j'en sors avec une reprise d'autobus, et j'ai m'impression de me traîner.
Pas grave, je me récupérerai dans le prochain enchaînement. Appel à droite, on balance tout à gauche et on *PAF* enchaîne à droite. Tiens, c'était quoi ce bruit? Apparemment la cache culbu n'a pas frotté mais il a heurté le sol, peut être l'accotement de goudron à la corde et a fait rebondir le cafe racer, faisant passer la moto toute seule d'un angle à l'autre.

Du talent pur, je vous dis, je suis fait pour le freestyle.
Le reste de la montée se déroule sans anicroche, cette fois il n'y pas d'attardés, je vais faire péter un chrono...ah non, suis-je sot, y a pas de
chrono.
Arrivé, attente, pas de travers de porc ce coup -ci donc je taille une bavette pour changer.
Redescente, réhydratation, re attente en prégrille et zou, cette fois je ménage l'embrayage et pousse les vitesses.J'étais pas satisfait de la façon dont j'avais négocié le premier grand droit en aveugle, donc je décide de pas couper les gaz.
Bien m'en a pris puisque j'ai pu ainsi renforcer ma popularité en glissant de l'avant et en manquant de me bourrer à 50m du départ. Du JBT, quoi.
Imperturbable en apparence, mais avec des suées froides dans le dos et l'estomac qui faisait un nœud pour ne pas oublier de vomir une fois arrivé en haut, j'enquille la montée relativement proprement mais avec un doute sur l'état de mon boudin qui m'a empêché de sortir mes tripes sur le parcours, réservant ce moment pour l’arrivée…
Effectivement , une fois parvenu au terme de mon ascension, je vérifie les pneus et constate que si l'arrière est à peine tiède, l'avant est quasiment froid ; il n'a pas le temps de bien chauffer, et c'est sans doute pour cela que j'ai glissé au début de la montée.
Donc avant la montée suivante, je fais un petit tour sur route histoire de monter en température, avec quelques freinages appuyés et aussi pour nettoyer la gomme d'éventuelles traces de terres ramassées lors des passages dans le paddock.
Précaution louable puisque cette montée fut quasi parfaite. A peine une petite glisse à la sortie de la première épingle, et un faux point mort à deux virages de la fin…je prends confiance et décide que la prochaine sera la derniere, je me connais et me méfie de cette prise de confiance excessive plus que tout. C’est à ce moment là qu’on roule au-dessus de ces pompes, et comme c’est pas une course, de toutes façons…et pis je suis complètement claqué, on dirait pas, j'ai roulé bien 5km en attaquant et autant pour redescendre, je tire la langue tellement j’ai soif et j’ai super mal au mains, le freinage sans doute. Je fais donc un peu la dernière montée sur mes gardes, mais en profite bien quand même.
Je suis resté sur le bord de la route pour voir monter encore quelques machines, et profiter du son de la Manx ou des bassets BM…j’en ai encore les tympans qui vibrent.
Et voilà une bonne journée, retour tranquille un peu chiant par les chemins détournées vu que les forces de l’ordre avaient organisé à deux pas de la manifestation un super contrôle sarko show, des souvenirs, des images et des sensations plein la tête.
Ca me rappelle quand je m’étais inscrit à un Motocross en BM (je vous raconterai ça une autre fois ) avec plus de réussite ce coup ci quand même !

Bon.
La révélation de la course démonstration d'ancienne m'a secoué, et je songe de plus en plus à retourner tâter de la piste avec le racer. Faut dire que sur les routes alpines, c'est plus du jeu, et si personne ne me double, peu me suivent mais beaucoup arrivent en face.
Donc je décide de préparer le racer pour profiter d'une sortie sur le circuit de Dijon Prenois organisé par le BMW MCF, avec Marco. J'en profite pour créer tout à fait officieusement le team TARTIFLAT, le team des fondus savoyards de BMW qui ont la patate


Admirez l'aérodynamique de l'avant, le phare acceuillant un cuvelage de phare de 2 Cv à la place de l'optique, garantissant un Cx symbolique et un look mi 7.65 mi Jules Vernes.



Jolis cornets, hein? à 3,50€ la paire...issus d'une paire de coupes de concours bouliste chinés à Emmaüs!

Ce que je retiens de ma premiere sortie sur circuit est un avis plutôt mitigé.
Comme le but d'un mitigeur est de fournir de l'eau chaude et de l'eau froide, commençons par la partie eau froide.
Car il y en a eu, de l'eau ce dimanche à Dijon.
Beaucoup, même.
Le samedi, on voyait bien que ça se couvrait, mais bon, avec du bol, on passera entre les gouttes. Pis tout de même, on va pas renoncer pour ça, au pire on roulera sur le mouillé, c'est pas grave. Vu le temps investi dans ce projet, 6 mois de boulot pour préparer tout ça, racheter et
retaper le fourgon, tuer, ecorcher, megisser, tanner et barbecuter pour faire disparaitre les traces quelques vaches pour me faire un pantalon
en cuir à ma taille, investir dans des gants, des bottes, et tout et tout, préparer la moto avec 2 bô pneus neufs, la réviser aux petits
oignons pour que ça marche fort, ...on va pas reculer devant une éventuelle pluie demain!
C'est ce que je pensais, couché, lorsque j'entendis les premières
gouttes tomber sur le Velux de la piaule. Sans jamais cesser de toute la nuit.
Bref, on arrive avec moto, femme, enfant, bagages et moto, avec un stock de pieces au cas ou ça tombe en panne, ou ça tombe tout court, ou que la sonorité des vattiers n'aient pas l'heur de plaire au contrôle technique. Bon, en fait j'ai juste utilisé deux filtres KN, parce que
les cornets sous la flotte, vu l'incompressibilité de la flotte, je suis pas optimiste quand au résultat du pantone improvisé.
Fidèle à sa légende, Marco, qui a amené son racer sur remorque, tombe en rade avant même de descendre la remorque de la moto, en perdant un ressort de béquille qui se coince dans la rampe. Puis il tombe en panne de batterie mais, prévoyant, il a amené des câbles. Ya du progrès.
Denis arrive, je pensais pas le voir débarquer par un temps pareil, sur sa superbe R100 GS.
Il pleut, il pleut, il pleut.
Tant pis, on s'habille, on vient nous prévenir que le directeur du circuit veut nous faire un speech avant de commencer, mais on y arrive à la bourre, juste le temps d'entendre "faut pas rouler sur le rectangle vert, il est conçu pour faire glisser". Bon, voilà qui est rassurant, de toutes façons, ya pas besoin de ça vu la flotte.
Mais ça me fait pas peur, la pluie, j'ai toujours aimé roulé dessus, donc on démarre, et c'est parti pour la première séance:


Mollo d'abord, je connais le tracé qu'en tant que spectateur, donc on découvre avec Marco. Le premier tour se fait de façon plutôt timide, voire timorée, partis dans les derniers, on ne remonte qu'une dizaine de motos. Première ligne droite des stands :

BRRRRRRRROOOOOOOOOOAAAAAAAAAAAAAAAWAAAAAAAAAARAAAAWAAAAAAAAAAAAPet
pet BOOOooooooo
Réserve...
Je commute, et attaque le tour suivant un peu plus en confiance.
Joli circuit, vraiment, même si c'est mouillé, ya de quoi se faire plaisir, ne serait-ce qu'en alternant intérieurs et extérieurs aux autres participants, qui semblent rouler avec la béquille latérale sortie tant ils rechignent à angler un minimum. La série est variée, ya deux autres racer avec nous, avec de grosses préparations semble t il, roues élargies, moteurs relevés, etc. ainsi que quelques 2V plus classiques, série 2, série 5, RS. Plus une dizaine de 4V plus ou moins récents, 1100 et 1150 GS, RT, S etc. Bref, autant de chicanes mobiles qui font que Marco et moi on se retrouve rapidement à se tirer la bourre tous seuls, parfois de façon synchronisée en rattrapant des attardés, l'un passant à l'intérieur, l'autre à l'extérieur. Poussez-vous les injectées, on arrive:

Problème connu sur ma moto: après 3 ou 4 km, l'embrayage se met à patiner...il suffit d'attendre quelques bornes de plus que tout revienne
dans l'ordre. Du coup, Marco me recolle dans la ligne droite alors que je le sème dans le sinueux. Ce qui me permet tout de même d'assister à certaines figures de glisse, pas forcément volontaires, mais plutôt bien maîtrisées. A chaque fois qu'il me double, il se retourne vers moi pour
me dire: "t'a vu? Je t'ai pourri!" avant de regarder à nouveau devant lui et de réaliser que s'il m'avait passé aussi facilement c'était parce que j'avais freiné en prévision du virage suivant, qu'il passe avec une trajectoire mixte (mi-bitume, mi gravier) avant de revenir sur la piste.
Bon, j'en rigole, mais j'en fais autant, alors...
Le fait est qu'on s'est bien amusés au jeu de "je te double, je glisse de l'avant, tu me repasses, tu glisses de l'arrière sur le vibreur", jusqu'à 3 ou 4 fois par tour.


L'embrayage ne patine plus, mais par contre, le moteur fait systématiquement des ratés en arrivant au niveau des stands. Bizarre. Manque d'essence? Possible, le reservoir n'a qu'un robinet. Avec un niveau de cuve bas, ça pourrait s'expliquer...Mais pourtant, lors d'un essai la semaine précédente sur une autoroute allemande, la moto avait tenu 170km/h pendant 2 ou 3 km sur une longue ligne droite...à moins que ce soit la flotte qui gène l'alimentation ou l'allumage. Bon, de toutes façons, ça fournit à Marco une occasion de me rattraper en bout de ligne droite à chaque fois, et on recommence notre petit manège. Preuve que je vais tout de même plus vite que lui, héhéhé...D'ailleurs, vers la fin de la série, je l'entends plus dans mes oreilles, je le vois plus en me retournant, ça y est, je l'ai largué!(ou alors il est en panne). En plus, j'ai l'impression que la piste sèche un peu (les commissaires de piste ont la tête qui dépasse des vagues maintenant, au début on ne voyait que leur drapeau), je vais pouvoir prendre de vrais repères de freinage sur la partie émergée et qui m'a l'air d'offrir un bon grip, à l'extérieur juste avant d'attaquer le droite de la parabolique. Vu que je suis tout seul, j'ai plus qu'à me faire le freinage à moi même.

Ce fut une opération couronnée de succès, j'ai réussi à me faire le freinage à moi même:
A peine j'ai empoigné le levier en tirant un poil plus fort dessus que d'habitude, que j'ai senti la roue avant se coucher, je me suis retrouvé par terre sur le dos, et que j'ai savouré le bonheur -oui, oui, c'est un bonheur- de glisser par terre en se sachant bien protégé (dorsale Dainese et tout le bazar d'exosquelette +cuir) dans un environnement fait pour ça.
Ca m'a paru long, en plus je tournais sur moi même, toujours sur le dos. Je sais pas à quelle vitesse je suis tombé, entre 80 et 100 probablement.
J'ai donc attendu que ça se termine, finissant ma trajectoire la tête la première, un peu comme un dos crawlé, vu l'environnement aqueux, mais
avec les bras et les jambes repliées en vue d'un éventuel raccrochage et roulé-boulé potentiellement démembreur.
Pas de photo, alors j'y vais de mon crobard, ce matin je m'ennuyais en réunion:

Fini?
Fini. Je me relève, je suis assis au milieu de la piste qui prend des allures de cirque, vu que je vois littéralement des étoiles un peu
partout, comme dans les illustrés de ma jeunesse.
Deux motos arrivent sur moi, freinent, s'arrête pour voir comment ça va.
Sonné, je me lève, leur fais signe que tout va bien et de vite reprendre la piste , ayant en mémoire les consignes de sécurité précisant que c'est le rôle des commissaires d'intervenir et que les concurrents ont pour consigne de ne pas s'arrêter en cas de gamelle d'un autre, sauf si
on a besoin de récupérer des pieces sur l'épave.
Ma moto, au fait? Bin j'ai réussi, je lui ai fait le freinage, elle gît 10 mètres plus loin, tout à fait à l'intérieur du virage, couchée sur un cylindre et les roues en l'air. Le superbe phare en forme de suppositoire à Motronic repose à côté. Bon, pas grave, je l'avais prévu pour qu'en cas de choc il se barre.
Mais il est bien écrasé quand même, remarqué-je en le ramassant au milieu de la piste. Je fais signe à la commissaire que tout est OK, je remets le racer dans le bon sens, qui me commande d'aller attendre la suite des évènements de l'autre côté de la barrière de sécurité, tout en examinant les dégâts de loin.
Aïe...je le redoutais, mais le cuvelage de phare est écrasé aussi, replié sur lui même, la vitre du compteur fendue. M....mais bon, pas grave, après tout j'ai eu le bol d'acheter une série 5 en pieces il y a peu, toutes ces pièces y figurent, je vais pouvoir remonter ça vite. Seul manquerait le cerclage de phare, c'est un moindre mal. Zut, le reservoir du maitre cylindre de frein est HS, heureusement que j'en ai prévu un autre dans mes pieces. Mais...il manque le clou! La clé de contact a dégagé?
Je scrute la piste lorsqu'arrive la commissaire venu aux nouvelles, qui me tend mon demi-clou, cassé net, l'autre moitié étant restée dans le phare.
"Merci, mais, vous l'avez trouvé où?"
"Bin, loin là bas, à une bonne vingtaine de mètres"
"Si loin?"
"Bin, vous savez, quand votre moto a percuté le rail, ça a envoyé des morceaux un peu partout..."
Aïe...

Arrive la dépanneuse qui prend en charge ma moto, effectivement un bracelet a l'air tordu mais on dirait que c'est tout le mal qu'il y a, et qui me conféra le rare privilège de faire un demi-tour du circuit en profitant du paysage.
J'arrive plein de superbe (et de regrets, et bientôt de bleus) aux stands, on décharge tout, on rassure Steph qui avait bien entendu la radio parler d'une chute et qui me voyait plus passer, alors que Marco ne m'avait vu que debout derriere la barriere, à côté de la moto, la face abimée cachée et lui assurait de bonne foi que j'étais en panne.
Bref, une photo souvenir dans les stands, ça vaut le coup, non?

La moto est...froissée. Comme mâchouillée par un brontosaure puis collée négligemment sous la table.

En détail...Aïe.

L'avant est tordu, le bracelet a défoncé le réservoir en fibre par la grâce du bouton de démarreur, le tout moteur tournant, ce qui laisse augurer pas mal de dégâts potentiels sur ces équipements.
Le phare écrasé a probablement créé quelques courts circuits. La poignée de frein sera peut être récupérable, mais en tout cas, le désalignement de la roue avant ne semble pas venir que d'une rotation des tubes dans les tés. A mon avis, la fourche est tordue.
Bon, un rapide inventaire des dégâts, une tentative de remise en ligne de la fourche: pas possible de repartir. Et je constate que la roue arrière ne semble plus très perpendiculaire au dosseret de fourche, il me semble que le sommet de la roue se rapproche même de l'amortisseur droit. Un effet indésirable de l'axe tordu? Ou plutôt une fragile boucle arriere vrillée? Ou un bras oscillant plus aligné?
De toutes façons mon casque a frotté, il est à jeter, dommage; mais content que ce ne soit que le casque...je suis obligé de jeter l'éponge.
Qui fait un plotch peu convainquant exprimant son manque d'enthousiasme devant l'ampleur de l'eau à absorber à l'entour.

Tout ça pour ça...

Allez; l'essentiel est que je ne me suis pas fait mal, tant pis, c'est les risques de la piste. C'est aussi fait pour tomber, d'ailleurs.
Je confirme que le cuir est très résistant, mon vieux blouson Sylman acheté il y a 15 ans a enfin servi, et plutôt bien, il est rapé mais il n'y a qu'un trou dans...une épaulette, mon pantalon IXS est à peine griffé, pareil pour les gants tous neufs que j'avais acheté il y a 2 jours en disant au vendeur que si je me bourrais avec, je reviendrai le voir pour en réclamer le remboursement au vu de l'usure en un week en seulement. Certes, il faisait mouillé, ce qui limite l'abrasion, mais je pèse tout de même 130kg (à sec!) et j'ai glissé looooooongtemps. Je commence à ressentir quelques douleurs là ou je suis tombé, en gros du rumsteak au paleron:


Je regarde Marco tourner sur la série suivante, il était pas chaud-chaud, mais j'ai insisté pour qu'il en profite.
Puis on remballe tout, et hop, on rentre à la maison, pas la peine d'épiloguer sous la pluie.
Durant le trajet, je commence à faire l'inventaire des pièces à changer, et de là ou je pourrais les prélever.
Une fois à la maison, je rappelle Marco, qui a continué à rouler toute la journée, même sur le sec à la fin, ce qui selon lui ajoutait encore plus à la pâtée qu'il a mis aux autres. Je n'en doute pas...
Je décharge la moto, la présente devant le garage, et prends ma décision au vu de ce que je constate:



C'est irrémédiablement cuit, tout le cadre est faussé. Je m'en suis pas rendu compte à chaud, mais à droite, le tube qui monte à l'avant du moteur vers la colonne touche presque le bloc, alors qu'il y a 5 cm de l'autre côté.
Bon, rest in peace!
Il reste trois semaines avant la course de Bettant, c'est assez pour que tel le ménisque, le cafe racer renaisse de ses cendres.
Au boulot!



Et l'eau chaude, dans tout ça me direz-vous?
C'est celle dans laquelle je me suis coulé ensuite pour apaiser mes douleurs, dans ma baignoire !

3 jours plus tard, la résurrection est entamée: C'est parti, on attaque la recoonstruction:

La fourche est reconstruite, les tubes changés (les 2 étaient bien pliés!), et le tout remonté sur un cadre repeint de neuf et droit!

Ça avance: la moto est presque totalement dépouillée, ne reste que le faisceau et l'équipement électrique et les repose pieds...

(vous pouvez signaler un contenu obscène...les cadres sont nus).
Et le moteur sur l'établi, embrayage déposé, car il patinait. Le disque est encore dans des côtes acceptables, mais il est plein d'une pâte d'agglomérat poussière et cambouis...je soupçonne le reniflard surplombant l'embrayage d'être à l'origine d'un suintement au niveau de son joint qui aurait peu à peu imprégné le disque.
Bon, de toutes façons, l'idée me trottait dans la tête depuis longtemps de monter un embrayage allégé de monolever, pour réduire un peu l'inertie et rendre la moto plus vive en montées en régime. C'est donc en route. J'avais tout le mécanisme en neuf, il ne me manquait que le diaphragme, je l'attends pour le lendemain.

Il faudra y apparier une tige et une bielette de débrayage adéquate, l'épaisseur du mécanisme de plateau diffère entre embrayage lourd et léger.
Il me faudra également changer le démarreur car le nombre de dents 9 ou 11 est différent, je ne sais pas si ce n'est qu'une question de démultiplication pour vaincre la compression des moteurs de série 6 et 7 supérieurs à 750 cm3 ou un appariement des dents du démarreur avec celles de la couronne. Bon, dans tous les cas j'ai un démarreur valéo d'avance tout neuf, alors...


Deux semaines après avoir pulvérisé la moto, elle commence à avoir meilleure mine:


...à l'inverse de l'atelier qui, depuis 2 semaines, semble avoir été secoué par un géant facétieux et reposé à se place. Je rangerai une fois fini...

En fait, je n'ai conservé de l'ancienne moto que:
-le moteur et les carbus
-les échappements
-les bracelets et les tés
-le couple conique et la roue arriere
-les amortisseurs (mais je pense essayer des Fournales un peu plus courts)
-la boucle arriere de cadre et, provisoirement, la selle
-les commandes reculées

Pour le reste:
- nouveau cadre repeint
- embrayage, volant moteur allégé, démarreur Valeo neufs
- réfection de tous les joints dans la région...
- boite derniere version de R65, compatible avec le volant allegé.
- bras oscillant de R65, de section plus large car l'ancien était plié au niveau de son axe (!), avec roulements et bagues neuves
- commodos et cables neufs, faisceau de commande raccourci pour s'adapter aux bracelets
- tubes de fourches changés
- nouveau garde boue alu
- sur la photo, la jante avant est encore présente...mais je viens de réaliser qu'elle a un léger voile: donc je la changerai par une autre (et je rayonnerai celle-ci en 17 ou 18 pouces pour trouver des pneus en gomme racing plus facilement) et j'en profiterai pour y mettre 2 disques et plaquettes neuves.
- Nouveaux phare, compteur, circuit électrique
- Le reservoir proviendra d'une 80 G/S en attendant que le précédent soit remis en état...mais vu que son tunnel est assymétrique, il oblige à déplacer les accessoires électriques installés sur la poutre. Donc:
- Bobine double sortie avec déport, cables, anti-parasites blindés et régulateur neufs,

-pose d'une araignée qui recevra le carénage fixe à venir...
Bien entendu, tout le reste a été soigneusement nettoyé, dégraissé, parfois peint, parfois poli, et de la visserie neuve freinée a été utilisée à chaque fois que c'était possible.

Le moteur tourne au démarreur, sans soucis, il y a de l'allumage...
les premiers essais sur route se feront, je l'espère, le soir même!
Je prévois toutefois quelques galères avec le faisceau installé, vu l'état des connexions dans le phare (et l'absence de fusibles sur ces premiers modèles! faut que j'en rajoute!).

Une photo au soleil:

Bof, j'aimais mieux l'ancien look. Mais celui-ci n'est que provisoire...

J'ai finalement remonté une boucle arriere neuve et non raccourcie, car celle que j'avais était également vrillée!

Les galères prophétisées ont bien eu lieu: lors de la tentative de remise en route, le démarreur s'est mis à fumer, fumer, fumer...tout seul, sans trop avoir tiré dessus.
Disjonction immédiate.

Ca y est, je l'ai redémarrée 18 jours après l'avoir pulvérisée!
Apres une bonne galère, quelques nuits très très courtes et quelques court-circuits (sans jeu de mots, c'est vrai que la premiere sortie sur circuit était courte...) et 2 bobines HS, le moteur est parti au quart de tour, et l'effet du volant allégé est sensible sur la montée en régime.
J'ai tenté sans succes de purger les freins, mais le maitre cylindre était HS, abîmé dans la chute. Dommage. il fuyait au niveau de la jonction avec le tuyau qui le relie au reservoir.
Du coup, j'en ai acheté un à la casse du coin . Au passage, j'étais persuadé que ce MC était en 16: c'était du 14 de diametre, et le résultat avec les 2 etiers de 40 était excellent. J'aurais bien par curiosité essayé du 15 ou 16, mais y avait pas en stock.

J'entrevois la fin. Il me reste à:
- purger les freins et régler les etriers
- fixer la butée de cable de frein arriere sur le cadre.
- redéposer la boite car le contacteur de point mort est HS
- en profiter pour changer les rondelles de calage du bras de R65
-redécouper un garde boue arriere dans une feuille de plastique épais
- remplir d'huile boite, arbre, couple conique.
-fabriquer un déport du relais de démarrage.
- soigner le passage des différents cables et jouer du collier rilsan.
- transférer la plaque d'identification de l'ancien vers le nouveau cadre.
- refixer le phare sur la fourche, je me passerai du carénage pour l'instant.
- refaire une boucle de cadre raccourcie, y souder des renforts et la repeindre pour pouvoir y refixer la selle.
- fixer, même provisoirement, un feu arriere et l'optique de phare pour les essais routiers. Je reprendrai par la suite le faisceau en y incluant des fusibles accessibles, en rajoutant quelques masses, en soignant les connexions et en rajoutant des clignotants.

-vérifier tous les serrages et regler les bracelets...et rouler!

Plus que 48h pour tout finir...
J'espère que le voile de la roue avant ne sera pas trop important ni génant pour la tenue de route, sinon il faudra aussi que je fasse un changement de jante express!


Le samedi précédent la montée de Bettant fut consacré à une course contre le temps, paradoxe s'il en est pour se préparer à une montée non chronométrée!

Dans le garage à 5h30 du matin, il faut que je finisse la moto pour le soir, sachant que les freins avant sont toujours inexistants, les
maître-cylindres successivement testés ne donnant rien de bon.

L'origine était un 14mm de CBR, cassé.

Je l'ai remplacé par un de 14mm de 1000 CBR, impossible à purger

Puis un de VFR, d'1/2 pouce: trop petit...

En attendant que la casse ouvre, je finis quelques bricoles faciles -et silencieuses, la disqueuse à 6h un samedi matin n'étant pas de meilleure façon de se faire des amis dans le voisinage. faisceau,colliers, connexions, etc.

9h: Je retourne à la casse dès l'ouverture et le ramène, le gars cherche dans son stock mais tant pis, plus rien.

10h: Bon, j'en ai un de K100 (?) en 16mm, ça doit aller, mais j'ai pas envie de remettre la poignée de gaz d'origine.
Donc je le cale sur l'étau et attaque à la disqueuse tout ce qui ne sert pas exclusivement à la fonction freinage, à savoir le collier supplémentaire de guidage, le logement de la crémaillère, etc.

11h: Une fois remonté sur le guidon, je visse, je purge, instantanément le levier devient dur, super, je teste...et crac.C'est bien beau d'alléger, mais le collier supplémentaire, s'il ne sert pas à serrer, participe à la rigidité de la poignée...
Retour à la case départ, 24h avant de rouler, ça freine toujours pas.

J'appelle une autre casse un poil plus loin; chouette, il a des maître-cylindres dans toutes les tailles. Mais à 120€ pièce, heu...

12h: Bon, de toutes façons, il faut que j'aille emmener ma fille chez ses grand parents pour le week end, quitte à faire une centaine de km,
j'en profite pour passer voir un copain que je sais avoir plein de pièces.
Et là, pile poil, il me trouve un maître cylindre en 14mm. J'espère qu'il ira...

13h Claude m'appelle pour savoir comment on s'organise pour Bettant :
je lui fais part de mon désarroi freinistique et il me propose de regarder dans ses pièces aussi

14h: je passe chez lui, il me propose un maître cylindre Brembo de TZR:un poil petit.
A ce moment, Arnaud m'appelle "Salut, c'est moi, je suis aux urgences, je me suis bourré avec la Kawa ER5 que le concessionnaire m'a prêté pendant la révision de ma 1200 GS, elle est en épave ."
Bon, on va pas en faire un fromage, mais le team Tartiflat commence à être assez râpé. Tout va bien. Déjà qu'hier, son crado racer Krauser
vomissait de l'huile partout....Le point positif, c'est qu'au cas ou, je lui piquerai son maître cylindre, héhéhéhé...

15h: j'arrive enfin chez moi, je teste le nouveau maître cylindre:super, ça à l'air de bien marcher!
Je finis tout ce qui traîne sur la moto, branche un mini phare à la sauvage histoire de faire un essai routier sans trop de risques.

17h: coup de fil de Marco. "Wa, t'as vu la météo, tu vas encore tomber, moi j'y vais pas demain, il va trop pleuvoir!"
Bon, nous partîmes pas beaucoup mais par un prompt renfort de défection arrivâmes encore moins...

19h: la moto est prête.


C'est dingue le nombre de "petits détails" qui bouffent du temps pour être résolus!

Je m'équipe (avec tout le barda de sécurité, on sait jamais sur une moto qui sort de l'atelier, donc cuir, bottes, dorsale, etc.)et je pars, avec pour objectif de faire le plein ce soir à la station à 3 km, sachant que je n'ai mis qu'un fond de réservoir.
Broap, broap, la moto démarre au quart de tour, le moteur marche très bien apparemment, je ne suis jamais aussi vite...
...tombé en panne d'essence.

Heureusement, j'avais calculé mon coup: je suis tombé en rade juste devant la station qui accueille traditionnellement les premières pannes
des engins bizarres sortant du garage.
Elle est fermée, mais l'automate accueille ma CB, débloque une pompe...qui refuse de débiter le moindre centilitre.

Réinsertion, re-code, re-accord, re-rien.

Bon. La pompe est en panne. Pas grave, je vais mettre 2L de SP98.

Réréinsertion, rere-code, re-re accord.

Re-re-rien.

Je me suis ensuite aperçu que cette magnifique station 24/24h fermait en fait à 19h, et ne laisse fonctionnelles que les pompes pour camion.

Bon, allez, je suis bon pour une poussette jusqu'à la station suivante.

J'en étais à mon premier km, bénissant la prudence qui m'avait fait prévoir un équipement cuir doublé plastique multicouche sous un soleil de plomb dans une zone industrielle au bitume surchauffé en léger fauxplat, lorsque j'ai réalisé que j'avais dans la poche la clé du fourgon et que, finalement, autant aller le chercher et recharger la moto dedans. J'ai planqué la moto derrière une carrosserie, et retour en stop.

Enfin, faire du stop dans une zone industrielle un samedi soir, veille de départ en vacances, dans une rue qui finit en impasse car elle est
fermée pour travaux...j'en ai donc profité pour parfaire ma condition physique par un petit footing en cuir et bottes, le casque à la main,
par 40°. Ça m'a rappelé quelques séances d'entrainement, plus jeune. Mais j'étais plus jeune!

20h: Enfin arrivé au fourgon, ouf, je dépoussière ma langue qui traînait par terre, la remets dans ma bouche et m'installe au volant.

"Clic", fait la clé.

"Bonjour", fait le répondeur du démarreur, "vous êtes en contact avec un répondeur. La batterie ayant cessé toutes ses activités, nous vous
prions de trouver un autre mode de déplacement, ou de nous laisser un message dont on ne tiendra pas compte. Bonnes vacances."

Mon salut s'éteint, ce qui me fait l'effet d'une douche froide, c'est toujours ça de pris, ça fait au moins 3 jours que je n'ai pas eu le temps d'en prendre et c'est appréciable après le footing...

Le temps de trouver dans le coin un gars sympa qui veuille bien me prêter sa batterie pour démarrer avec des câbles, il est pas loin de 21h quand je me pointe pour récupérer mon café racer.
J'espère que personne ne me regarde, parce que franchement, un bonhomme plein de cambouis avec une tête de fou, une barbe de 5 jours et des cernes jusqu'au nombril, en train de charger dans un camion "the romanian touch" une moto dont il a perdu la carte grise, dont le certificat d'assurance a baigné 3 semaines dans un seau rempli de lockheed et dont le numéro frappé sur le cadre ne correspond pas franchement avec les autres figurant sur la plaque ou le moteur, sans parler de l'absence sur le véhicule de tous ces petits détails (silencieux, clignos, etc.) qui font que la moto est considéré comme un mode de transport plutôt que comme une des sept plaies d'Egypte,franchement, c'est l'assurance de passer un bon week end de rigolade en garde à vue.

Il est 23h quand, enfin, je ferme la porte du garage, la moto sanglée et prête dans le camion dont la batterie est en charge, les pièces et
les outils inventoriés et chargés, l'équipement prévu (ouh p'tain, en fait ya des trous partout dans mon cuir!).

Enfin une bonne douche, et zou , au lit, le lendemain je décolle à 7h!

Ça a été une journée somme toute assez représentative des 3 dernières
semaines consacrées à la reconstruction du cafe racer...



Ma nuit de sommeil fut le théâtre d'un rêve étrange. Non seulement je m'étais perdu et je retrouvais plus Bettant, j'arrivais sur la course
de côte par le haut au lieu du bas, mais en plus tout était fini, y avait plein de graviers et de feuilles sur la route et je finissais par trouver un commissaire à la buvette qui me disait "ah, la course, ouais, c'est trop tard, y sont tous partis, mais vas-y, monte si tu veux, fais gaffe, ça glisse à cause des orages..."

Rêve prémonitoire?

Dimanche, debout à 6h, j'attends Guillaume, mon frère, qui conduira le fourgon pendant que je suivrai en side car. Lequel servira de mulet au cas-où...(le side, pas le frère!)
Bien évidemment, personne à 7h15, je l'appelle, "ah, bin c'est pas de bol, mon fils a fait sa nuit pour une fois, c'est pour ça que j'étais pas réveillé à l'heure!"
Bon, tant pis, j'avais prévu large. En attendant, je vais préparer le départ. Dehors, il fait déjà un beau soleil, même si de menaçants nuages débordent de la montagne qui me séparent de Bettant...Aïe, mauvais présage. Le site de Météo France annonce des averses le matin, quelques éclaircies l'après midi, des orages ensuite. Boarf, mais non, il fait soleil ici. Ça ira.
En allant vers le garage, je fais un faux pas sur le chemin défoncé et j'entends un sinistre crac provenant de ma cheville gauche. En même temps que je me retrouve par terre, en ne criant pas pour préserver les fragiles relations avec les voisins. Hmmm, ça ressemble fort à une entorse, ce truc. Pis merde, j'ai pas passé autant de temps pour rien, c'est pas un sinistre présage de plus qui va me faire abandonner. J'installe un interrupteur sur les synapses concernées, colle la cheville dans des bottes bien rigides et basta, on verra ça demain. Non mais.
Guillaume arrive, on se met en route, on a environ 80-90km à faire, mais vu la vitesse du fourgon, ça prendra du temps.
Le col du Chat passé, ça n'a pas manqué: flotte, flotte, flotte. La petite averse se transforme en grosse pluie, puis en pluie d'orage. Tandis que le fourgon poursuit sa route, je m'arrête de temps en temps, histoire d'enfiler une couche supplémentaire ou de multiplier les arrêts-sêchage, puis rattrape Guillaume.
A mi-chemin, brooooooop, le moteur du side fait un arrêt cardiaque sur le bord de la route. Plus d'allumage, sans doute, faut dire qu'il pleuvait tellement...bien entendu, je tombe en rade dans un village désert, au fond d'une vallée perdue ou le téléphone ne passe pas. Et Guillaume est parti devant, je m'étais arrêté pour prendre des croissants...ce qui m'a permis au passage de mesurer combien ma combinaison de pluie est étanche lorsqu'elle est bien bouclée, puisque j'avais oublié de la fermer en y remettant mon portefeuille qui est désormais plein de liquide.Comme moi!
Finalement, perché au sommet d'un transformateur, j'arrive à capter un peu de réseau téléphonique, sous un orage terrible (je me serais pris la foudre que ça m'aurait pas plus étonné que ça...), pour signaler à mon frère qu'il faut qu'il fasse demi-tour. Et que je commence à envisager de retourner au sec en arrêtant les frais pour aujourd'hui...
Armé du multimetre, on recherche la panne dans le faisceau, on isole quelques connexions bien exposés dans le circuit d'allumage, je retente un démarrage et le side lache un PAN monumental qui résonne dans toute la vallée et fait s'effriter le mur en pierres sèches situé à quelques centimètres de la sortie d'échappement. "Bon, l'allumage est revenu on dirait", dis-je. "Hein?", me répond mon frère. "Quoi?" "Parle plus fort, j'entends plus rien!"
Considérant que cette déflagration a eu pour fonction de nous signaler la désapprobation du side à ma vélléité de renoncer, on se remet en route d'autant plus vite que le mur semble désormais donner des signes de faiblesses. "C'est pas nous, on dira que c'est la foudre que les gens ont entendu tomber..."
Il est 9h, heure du départ des premières montées...

Enfin, on arrive à Bettant vers 9h30, sous un ciel toujours lourd.
Cette fois, le parc coureurs est dans la plaine, en bas du village, alors qu'il était dans un pré adjacent au tracé précédemment. Il faut ensuite traverser le village pour rejoindre le départ, c'est sympa...
Vite, on s'installe, on s'équipe, vu le temps je roule en side, on passe au contrôle technique ("Vous faites quelle taille en Tshirt? vous voulez quel numero de plaque?" "Vous regardez pas la moto avant?" "Bin on, pourquoi? On est pas là pour faire des misères au gens..." Voila du contrôle technique comme je les aime!Bon, vu que ma plaque à numero est 62 et que mon Tshirt est trop petit, ya du avoir inversion des données...)
Vite, vite, les moteurs chauffent, on enlève du side le siège bébé, la capote, le pare brise, le rétro, on fixe la plaque numero...et aussitôt il se remet à tomber des seaux. Donc, vite, on recouvre le side en remettant tout ce qui vient d'être enlevé...
De toutes façons, on va attendre: l'ambulance indispensable à l'ouverture de la piste n'est pas là. Impossible de donner le départ sans elle. Ça laissera à la route le temps de sécher. Et d'être remouillée. Et de re-sécher.
Du coup, j'en ai profité pour visiter un peu le parc. De belles bécanes, franchement, il n'y avait pratiquement pas de bidouilles approximatives mais plein de motos en excellent état.
Quelques jolis bassets également, dont un chouette Schmidt BMW et un Norton Couguar magnifique.
Bon. D'attente en averses, on finit par s'échauffer à la buvette, et si les chronos restent stables les canettes descendent.

Finalement, l'ambulance arrive...vers 11h30! On a bien failli tirer dessus...
Enfin, le départ peut être donné. Tout le monde s'active, la piste est toujours mouillée, les organisateurs sont désolés, mais l'ambiance reste bonne, après tout, c'est pas si grave.
J'embarque mon frère dans le panier, il est pas très très rassuré, me fait part que si sa femme est bien au courant qu'il m'accompagne, il ne lui avait dit que ce n'était que pour prendre des photos...et en aucun cas pour courir! Donc interdiction de se bourrer!
Pré-grille, tout le monde se bouscule, le speaker précise bien de pas faire les cons, il redoute que l'attente de l'ambulance l'amène à repartir rapidement avec un pilote ayant voulu rattrapper le temps perdu.
C'est à notre tour, 5,4, 3, 2, 1 parti!
Je pousse la première, passe la deuxième qui prend des tours, des tours, à fond. Diantre, que me vaut cette soudaine vigueur mécanique?
Bin, gros malin, tu le savais que l'embrayage était fatigué...même en prenant garde à l'embrayage (!) lors du démarrage, il patine en 2 et 3 lors du premier tronçon, là où la pente est la plus forte et le régime correspond au couple le plus élevé. Bien, voilà qui va rassurer le singe, je ferai pas un chrono avec le side.
Du coup, va falloir se rattraper dans les virages!
Après une longue enfilade de virages à droite, arrive cette fameuse grande épingle à gauche que j'ai failli louper la première fois. (Pour situer, une video en caméra embarquée est visible là: http://www.objectifvideo.com/php/video.php?id=1444 )
Un bonheur avec le side, cette épingle: je peux prendre de l'élan avant sur une portion presque plate (entendons nous bien: de l'élan, c'est arriver à environ 60 kmh...), l'épingle est en légère montée, pas de risque de lever l'arrière, ya du dégagement au cas-où on en aie besoin...
Comme prévu, l'arrière glisse et le side s'enroule tout seul autour du point de corde, avant de repartir tranquillement.

Les pif-pafs suivants sont également assez techniques sur le mouillé, même avec un side anémique: entre le singe inactif faute de pouvoir bouger du panier et les pneus plutôt durs, l'avant glisse parfois à la réaccélération. Par contre, ça ne bouge pas côté panier, il ne manifeste pas la moindre tendance au lever. On est arrivés en haut, sans soucis!
Deuxième montée, je fais hyper gaffe à l'embrayage, mais il m'a suffit de lâcher brutalement le levier et il s'est mis à cirer tout seul. On fera avec...la premiere partie est surtout consacrée à la prise d'élan pour arriver au seul tronçon ou je peux me faire plaisir, l'épingle . Ça tombe bien , c'est la seule où il y ait des spectateurs! Cette fois, ayant un poil pris mes marques, j'arrive un peu plus vite, et je déclenche la glisse pour entrer dans le virage en freinant de l'arrière. Je sais pas comment je fais, mais ça doit être beau à voir: je passe le virage tout en glisse, le guidon contrebraqué à fond, et une fois remis en ligne la roue arrière à continué à patiner à l'accélération (non, c'était pas l'embrayage!) Les hourras de la foule masquent sans peine les protestations du passager.
Par la suite, j'arrive même à faire glisser l'attelage dans les virages à droite sans que le panier se lève. C'est quand même bien, un side sur le mouillé!

Troisième montée dans la foulée. D'un commun accord (surtout de Guillaume), on décide d'abandonner toute prétention sportive et de jouer la carte du sérieux et du professionnalisme.
On file s'équiper au camion, on emprunte un parapluie à une dame qui passait par là et on arrive en pré-grille.
Tous les gens dans le parc nous sourient, c'est habituel en side, mais là, ça prend des proportions terribles. On nous mitraille de photos. Le speaker et le starter sont pétés de rire. Les commissaires de piste nous font coucou. Arrivés à l'épingle, les gens éclatent de rire et applaudissent en voyant arriver çà:


Ça faisait longtemps que ça me démangeait, de faire une course ainsi!
Par contre, hors de question de refaire un chrono: le masque impose un champ de vision extrêmement réduit et m'empêche de porter des lunettes: j'ai roulé presque en braille! Pour donner une idée, je ne voyais ni le guidon, ni le nez du panier...mettez-vous des tubes en carton support de papier aluminium devant les yeux, ça donnera un bon aperçu. Et encore, j'ai élargi juste avant de monter les trous!
Par contre, le parapluie n'a pas tenu, victime de son Cx déplorable...sans rancune de sa propriétaire, écroulée de rire!

Pause repas ensuite, histoire de sécher un peu et de voir apparaître pour le café le soleil qui commence à sécher la piste.
Mon singe n'est pas chaud pour repartir, donc je prends le cafe racer cette fois.
Qu'en dire? J'étais un peu inquiet à l'idée de rouler avec une moto fraîchement reconstruite et pas testée ni fiabilisée...ce que j'ai pu en apercevoir sur le mouillé est plutôt prometteur. J'ai eu l'impression d'une moto beaucoup, beaucoup plus vive qu'auparavant, en moteur comme en partie cycle. Pour le moteur, OK, le volant allégé y participe, mais la direction est très, très légère, je ne crois pas que les pneus neufs en soient les seuls responsables. J'ai pourtant la même géométrie??? Je n'ai pas changé les roulements de direction, j'ai gardé les mêmes tés...? Je vois pas.
En tous cas, j'ai été agréablement surpris, mais frustré aussi de ne pas pouvoir tester la moto sur une piste mouillée et constellées de taches irisées provenant de quelques motos...
En attendant au sommet la redescente, j'avise un superbe Triton qui laisse s'échapper une toute aussi superbe coulée d'huile sur le moteur...sans bac récupérateur en dessous! "Bah, c'est normal, c'est une Anglaise me répond son pilote"! Finalement, le contrôle technique pour de vrai, c'est pas si mal...
Difficile d'attaquer l'esprit serein dans ses conditions. M'enfin, j'ai presque réussi à doubler 2 concurrents dans une même montée. Une 125 populaire, certes, vite rattrapée, mais aussi une 1000 GS suzuki à qui j'ai mordillé le feu stop à l'arrivée! L'honneur est sauf!
Après 4 montées, la piste commence à sécher enfin...et se déclenche une averse diluvienne. En 5 minutes, tout le tracé se vide de participants, spectateurs, commissaires, tout le monde se réfugie sous les tentes et regarde la pluie tomber durant deux heures. Au point que les souris sortent de leurs terriers inondés et errent entre nos pieds à la recherche d'un abri! Franchement, s'il avait à ce moment-là dû pleuvoir un peu plus, ça n'aurait pas été des gouttes qui tombent mais des bulles qui remontent. Arnaud arrive, en béquilles, et contemple la bérézina.
Allez, fin de l'histoire, un peu en queue de poisson, ce qui est bien compréhensible vu l'inondation. On range, on essore, on charge et on pousse les camions embourbés hors du pré transformé en marécage, signant ainsi la libération d'un Bettant court. Mais finalement bien sympa tout de même.
Le retour fut tout aussi arrosé, j'ai même remonté le tablier en cuir et les manchons sur le side!
Allez, fini pour cette année, le principal est que j'ai réussi mon pari de rouler avec ma moto terminée à temps.

(Une petite video de la course retrouvée 2 ans plus tard: https://www.youtube.com/user/SebR4S#p/a/u/0/sOxm80Z97-A)
1'27: le racer suivi du side (qui finalement montait pas si mal que ça...)
5'00: Wallace et Gromit en redescente...

Durant l'été 2008, à l'issue de Bettant, je continue à remonter la moto, qui n'avait été que rendue fonctionnelle.
Je monte enfin un demi carénage que je gardais depuis quelques années dans un carton.
Pas un de 900SS, non, ça devient la tarte à la crême ce truc: un carénage de Norton Production Racer, plus fin, plus long et avec une petite vitre de phare.



J'ai également remonté un petit garde boue en alu poli offert par Arnaud


Le carénage est beau, mais ya pas: ça ne va pas du tout avec la ligne donnée par le réservoir de 80 G/S. Une misère.

Et le maître cylindre a bocal incorporé empêche de baisser l'avant de la bulle pour laisser la place de braquer, et donne cette impression que la moto lève le museau.
En plus, la selle tire de plus en plus la tronche!
Par contre, la position est excellente, le reservoir avec une pente plus accentuée à l'arriere permet de mieux charger l'avant de la moto, et rend l'attaque plus facile. Mais ya rien à faire. Je retrouve plus ma moto, elle est moche, il me faut mon réservoir!
Je l'ai confié à un copain spécialiste en fibre de verre, qui va essayer de le sauver...
En attendant, révolution sur le racer: il a des clignotants qui marchent! J'anticipe d'éventuelles remarques désobligeantes de la Securitate Routhiere de plus en plus oppressante ces temps-ci...

L'hiver passe, le racer hiberne et je n'ai plus tellement le temps d'en passer dessus...Je récupère le réservoir, que mon pote a superbement sauvé, mais il fait trop froid pour que je puisse utiliser la résine interne pour l'étanchéifier.

Au printemps 2009, je déniche à Novegro un maitre cylindre qui va bien et qui me permet enfin de repositionner le carénage comme je l'entends.
En plus, la température devient clémente et j'attaque le réservoir en réalisant une enrobage intérieur au Restom pour éliminer tout risque de cloque ultérieure dans la peinture.

J'en profite pour monter une paire d'amortisseurs un peu plus costauds que ceux d'origine. Ils proviennent d'une Honda seven fifty et , ma foi, ne sont pas si mal...ils sont par contre 5mm plus longs que d'origine, il faut forcer un peu pour les rentrer.
A Replonges, j'achete un poly de selle Speed, pas trop cher, qui me décide à en tenter l'adaptation sur le racer pour remplacer celle en fin de vie de 900 SS. Et...pile poil! Ca rentre juste sur la boucle de cadre, que j'ai un peu cintrer pour qu'elle s'aligne avec l'arriere de la selle. Plus de porte à faux, il n'y a qu'une charniere mais qui reste utilisable, même le verrouillage est fonctionner!

Pour mon anniversaire, il fait beau, chaud, je me colle à la peinture et pour la premiere fois...je la réussis!
Quelques filets, et hop, le racer renait encore, et cette fois il me plait!

L'arriere a meilleure mine aussi:

La position de conduite est différente, l'assise beaucoup plus basse: j'ai fait une selle en mousse neoprene, mais je crois que je vais reprendre le système précédent, et que cette fois je vais passer par un sellier qui m'en fera une belle, avec passepoils blancs rappellant l'origine série 5 , qui prolongera un peu la courbe du dosseret et sera un peu plus haute, pour avoir les jambes moins pliées car les repose pieds sont hauts pour ne pas frotter en virage. Par contre, les bracelets sont relevés et reculés par rapport à la position précédente, et c'est somme toute assez confortable, je ne suis plus en appui sur les poignets.



Bon, comme prévu, je la prépare pour aller au premier rassemblement flatistanais...et elle ne veut rien savoir: Didier passe me prendre à la maison et le racer hoquette lamentablement...je pars en GS.

Grosse révision annuelle: je change rupteur, condensateur, effectue tous les réglages habituels, monte une bobine neuve car la précédente était fendue, fais une bonne synchro, et zou, la moto ronronne à la premiere sollicitation.
Je remonte le carter, pars l'essayer...et une grosse fumée blanche associée à une odeur acre de plastique brulé émane de sous le réservoir.
En 2 secondes, je profite de mon système de déconnexion rapide de la batterie pour éviter l'incendie, la bobine neuve a fondu; je me suis trompé dans le branchement des fils entre primaire et secondaire ET j'ai coincé le fil du rupteur sous le couvercle en le resserrant: court-jus...

Finalement, ça roule enfin,et bien même. J'ai peut être mis un poil trop de jeu aux soupapes, ça cliquette un peu et il me semble qu'il manque quelques pouillemes de levée...
Reste encore un problème de charge à résoudre demain, et elle sera peut-être enfin finie, un an après le crash.
J'avais l'habitude, avec l'ancienne version, d'attirer les regards et de voir les gens s'arrêter en passant devant.
Mais hier, c'est la premiere fois que j'ai observé depuis la terrasse de mon bistrot préféré quelqu'un piler en pleine ville et faire une marche arrière pour revenir regarder la moto.
Ca fait plaisir!

Ca se rapproche enfin de LA moto idéale que j'ai dans la tête depuis une vingtaine d'années...

EPIQUE! :bravo:
J'ai tout lu, maintenant je suis hyper à la bourre!

moi j'ai pas tout lu,c'etait trop long mais la becane est belle et si en plus le bonhomme qui la monte as les c ......pour arsouiller ,je dis BRAVO

wok inde woll baby !! :dance: :dance:

dis moi, c'est la brêle à "lévrier noir" que t'avais récupérée au départ nan ?? me semble l'avoir reconnue ....

bon, je r'tourne relire le tout, c'est trop bon ....

badgam a écrit:
dis moi, c'est la brêle à "lévrier noir" que t'avais récupérée au départ nan ?? me semble l'avoir reconnue ....

Bin vu, c'était bien la sienne...

'tain l'est vraiment trop bon ton texte, ça sent l'huile chaude et la gomme qui pue, ... du tout bon à foutre dans les anales !! :fume: ... l'est bien plus belle comme ça la meule !!

'tain jbt, comment tu veux qu'on se mette à bosser le matin ?

saine lecture que voilà ...................les p'tits bonheurs simples.......y a que ça de vrai

Ah, toujours aussi excellente ta prose
et le racer aussi, le look est sobre et sympa

Encore un beau texte sympathique à lire.

Il y a eu un coup de vent cette nuit Lou ?

Pas le temps de faire autre chose que de le lire en diagonale (faut bien bosser un peu) mais je sens que ce week end de la lecture m'attend

Ben, heureusement que je travaille pas, cet après-midi!
Dis-donc, tes carbus "sans cables" ils doivent faire causer les curieux!

Mieux que la commande électrique,le carbu WI-FI.

Bonsoir

Je viens de retrouver un tout p'tit film du départ .... https://www.youtube.com/watch?gl=FR&hl=fr&v=iXLwVwGou9A

Oui oui y'a Jb sur le racer !!

super texte, tu as du talent.... comme orateur mais aussi super machine :clin d'oeil:

Hénôaurme.

Le problème est que depuis que j'ai essayé ta meule, je me dis qu'il faut dedans un moteur comme le tien...

jbt a écrit:Le problème est que depuis que j'ai essayé ta meule, je me dis qu'il faut dedans un moteur comme le tien...

Bonjour

LA grande chance qu'il a Pocké c'est d'habiter loin de chez nous le ch'tiot gars !!! sinon ..... bin je serai tout le temps sur sa mob !!!

C'est pourtant connu que les rouges vont plus vite,même si c'est un rouge....