Boudoir, de Steven Cohen
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nortonton
jbt
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Boudoir, de Steven Cohen
Vu il y a un mois, cette performance très étrange de Steven Cohen, un performer sud-africain en résidence dans le nord de la France.
Dans une pièce aménagée en boudoir, apparaît une sorte de drag-queen mi-faune, mi-extraterrestre, complètement épilé, dont le maquillage à plumes se prolonge d'excroissances en fil de fer qui forment une corolle au dessus de sa tête, qui se meut dans l'obscurité avec une infinie lenteur, affublé d'un tutu en toile de jute phosphorescente assez lâche pour confirmer à chaque pas sa judéité, à l'arrière duquel dépasse un cul postiche de phacochère, juché sur des platform-boots de 50cm, tantôt formées de pieds d'éléphant naturalisés, tantôt composés de fer forgé et de globes terrestres luminescents desquels s'échappe une fumée d'encens, déambulant dans un cabinet de curiosités composés de symboles judaïques, de morceaux d'animaux empaillés et de meubles Art Nouveau pendant que sont diffusées des videos de l'artiste, jouant un gisant nu sur une tombe du cimetière hebraïque de Pretoria, démabulant parmi les poubelles d'un taxidermiste en vomissant du sang, ou s'immolant par le feu dans un four crématoire au camp du Struthof.
Soit c'est du génie pur,
soit on m'a fait gober un acide à mon insu.
C'est probablement l'expérience la plus étrange qu'il m'ait été donné de vivre. Et pourtant, j'ai fait les Beaux Arts et quelques flatistanaises... Un face-à-face silencieux de plusieurs minutes avec l'artiste, dans le noir, juste éclairé par la phosphorescence de ses habits, pendant lequel il plonge son regard dans le mien m'a donné la sensation d'une connection absolue, téléphatique, mais non violente. La lenteur et la douceur avec laquelle il se meut, forcé par l'équilibre précaire de ses chausses, impose une langueur qui élimine toute agressivité. Il y a quelque chose de la matérialisation d'un rêve dans la grave légèreté qui se dégage de cette performance.
Le débriefing avec le groupe qui m'accompagnait à l'issue était très intéressant: personne n'avait ressenti la même chose. Certains s'étaient rués sur un alcool fort pour digérer le choc, d'autres sont restés complètement hermétiques, les uns ont retenu le parallèle construit entre l'exploitation des animaux et l'Holocauste, d'autres n'ont vu que la douceur et la grâce du personnage, ou se sont interrogés sur notre humanité ou animalité, une ado a fait un malaise...chacun avait un ressenti différent, mais toujours fort.
Personnellement, je l'ai perçu un peu comme un ange de passage sur terre, qui a regardé, s'est désolé, et est reparti.
Une expérience à vivre si vous en avez l'occasion, c'est intense et unique, dérangeant et merveilleux, fou et simple.
Un aperçu de l'univers de Steven Cohen qui met en place ce spectacle: https://www.arte.tv/fr/videos/107882-023-A/steven-cohen/
Dans une pièce aménagée en boudoir, apparaît une sorte de drag-queen mi-faune, mi-extraterrestre, complètement épilé, dont le maquillage à plumes se prolonge d'excroissances en fil de fer qui forment une corolle au dessus de sa tête, qui se meut dans l'obscurité avec une infinie lenteur, affublé d'un tutu en toile de jute phosphorescente assez lâche pour confirmer à chaque pas sa judéité, à l'arrière duquel dépasse un cul postiche de phacochère, juché sur des platform-boots de 50cm, tantôt formées de pieds d'éléphant naturalisés, tantôt composés de fer forgé et de globes terrestres luminescents desquels s'échappe une fumée d'encens, déambulant dans un cabinet de curiosités composés de symboles judaïques, de morceaux d'animaux empaillés et de meubles Art Nouveau pendant que sont diffusées des videos de l'artiste, jouant un gisant nu sur une tombe du cimetière hebraïque de Pretoria, démabulant parmi les poubelles d'un taxidermiste en vomissant du sang, ou s'immolant par le feu dans un four crématoire au camp du Struthof.
Soit c'est du génie pur,
soit on m'a fait gober un acide à mon insu.
C'est probablement l'expérience la plus étrange qu'il m'ait été donné de vivre. Et pourtant, j'ai fait les Beaux Arts et quelques flatistanaises... Un face-à-face silencieux de plusieurs minutes avec l'artiste, dans le noir, juste éclairé par la phosphorescence de ses habits, pendant lequel il plonge son regard dans le mien m'a donné la sensation d'une connection absolue, téléphatique, mais non violente. La lenteur et la douceur avec laquelle il se meut, forcé par l'équilibre précaire de ses chausses, impose une langueur qui élimine toute agressivité. Il y a quelque chose de la matérialisation d'un rêve dans la grave légèreté qui se dégage de cette performance.
Le débriefing avec le groupe qui m'accompagnait à l'issue était très intéressant: personne n'avait ressenti la même chose. Certains s'étaient rués sur un alcool fort pour digérer le choc, d'autres sont restés complètement hermétiques, les uns ont retenu le parallèle construit entre l'exploitation des animaux et l'Holocauste, d'autres n'ont vu que la douceur et la grâce du personnage, ou se sont interrogés sur notre humanité ou animalité, une ado a fait un malaise...chacun avait un ressenti différent, mais toujours fort.
Personnellement, je l'ai perçu un peu comme un ange de passage sur terre, qui a regardé, s'est désolé, et est reparti.
Une expérience à vivre si vous en avez l'occasion, c'est intense et unique, dérangeant et merveilleux, fou et simple.
Un aperçu de l'univers de Steven Cohen qui met en place ce spectacle: https://www.arte.tv/fr/videos/107882-023-A/steven-cohen/
Dernière édition par jbt le Jeu 6 Avr 2023 - 10:21, édité 1 fois
jbt
Re: Boudoir, de Steven Cohen
Pas banal , innovant.
Merci pour cette info culturelle et décoiffante.
A regarder plusieurs fois pour en apprécier des effets contradictoires.
Merci pour cette info culturelle et décoiffante.
A regarder plusieurs fois pour en apprécier des effets contradictoires.
Re: Boudoir, de Steven Cohen
Au vu de la video, j'ai choisi l'alcool fort.
Et je suis moins hermétique à la chorégraphie de Sheila dans "Spacers".
Et je suis moins hermétique à la chorégraphie de Sheila dans "Spacers".
BernardP
Re: Boudoir, de Steven Cohen
Ça donne envie de le voir en vrai, déjà là j'ai la chair qui poule.
Merci du partage.
Dans quel cadre tu l'as vu ?
Merci du partage.
Dans quel cadre tu l'as vu ?
ritan
Re: Boudoir, de Steven Cohen
En représentation à Bonlieu, scène nationale à Annecy.ritan a écrit:
Dans quel cadre tu l'as vu ?
J'ai régulièrement des places proposées à tarif réduit via l'école de théâtre de ma fille. On choisit pas, du coup on découvre des trucs particulièrement variés...
La semaine dernière, c'était La vie est une fête, de Jean Christophe Meurisse et des Chiens de Navarre. Complètement jouissif et dingue, j'ai rigolé à gorge déployée du début à la fin! Un grand n'importe quoi qui m'a rappelé l'ambiance des concerts des Bérus ou de Ludwig von 88.
Précédemment, j'ai découvert aussi Stereo de Découflé. Plus rock'n'roll, une démonstration étonnante de danse et de cirque...et une sacré performance athlétique!
Et un spectacle de marionnettes de Turak Théatre aussi, plus poétique mais avec des trouvailles visuelles étonnantes d'évocation avec un bout de bois et une chaise de bureau.
A côté, je vais souvent voir du théâtre amateur, il y a presque une troupe dans chaque village dans le coin. C'est pas moins bien, c'est différent, le rapport aux comédiens est beaucoup plus direct.
Bref, j'aime bien découvrir et être étonné. Sans forcément aimer. Mais je n'ai jamais vu un spectacle vivant qui m'ait complètement déçu, il y a toujours quelque chose qui s'y passe. (Enfin, si, il y a quelques concerts qui m'ont donné un aperçu très précis de la vie culturelle dans le vide intersidéral: Thiefaine, Saez, Cali, notemment.)
Le Tupperware, c'est sûr, c'est pratique.
On sait ce qu'on va bouffer le lendemain : c'est la même chose que la veille.
Le problème c'est que ça moisit vite à l'intérieur.
jbt
Re: Boudoir, de Steven Cohen
J'ai toujours bien apprécié le théâtre de rue, pour le boulot je suis allé pendant 10 ans à Châlon, une vrai bouffée de fraîcheur en plein été. Des talents en veux tu en voilà, une créativité ébouriffante, des oxymores au coin de chaque rue, du merveilleux au quotidien, et même plusieurs fois par jour.
ritan
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