La royauté n'a pas été abolie.
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La royauté n'a pas été abolie.
Wallis-et-Futuna, un archipel français composé de trois royaumes
L'ile de Wallis, l'une des deux principales qui composent ce territoire français au statut à part.
Un roi a été destitué en France. Non pas en 1789, mais vendredi 30 août 2014. L'événement s’est produit sur le petit archipel de Wallis-et-Futuna, en Polynésie. Un territoire d'outre-mer doté d'un statut bien particulier.
Deux îles principales, Wallis et Futuna, et une plus petite, Alofi, quasiment inhabitée, composent ce territoire français. Situées à plus de 2 000 kilomètres de la Nouvelle-Calédonie, elles ont une superficie totale de 140 km² environ, et étaient peuplées par 12 835 habitants en 2010.
Droit français et coutumier cohabitent
Les deux îles principales sont découpées en trois royaumes distincts, deux à Futuna et un à Wallis. La France a signé en 1887 un traité de protectorat avec l’archipel, et en 1961, Wallis-et-Futuna a choisi par référendum de devenir territoire d’outre-mer, sous statut particulier. En prenant l’administration de ces îles, la France a accepté de conserver ces trois monarchies.
Les îles de l'archipel de Wallis-et-Futuna.
L'article 3 de la loi du 29 juillet 1961 confère aux « populations du territoire des îles Wallis et Futuna le libre exercice de leur religion, ainsi que le respect de leurs croyances et de leurs coutumes en tant qu'elles ne sont pas contraires aux principes généraux du droit ». En clair, le droit coutumier de Wallis-et-Futuna existe parallèlement au droit français, et les institutions traditionnelles sont conservées et possèdent de larges prérogatives.
Trois rois, quinze ministres et deux chefs de la police
A Wallis, le roi (Lavelua) est assisté d’un premier ministre et de cinq ministres : affaires maritimes et environnement ; agriculture ; justice et culture ; santé ; jeunesse. A ce conseil des ministres s’ajoute un chef de la police, le Pului’Uvea. Il nomme ensuite trois chefs de district, qui ont autorité sur les chefs de village.
Ces chefs de village (Pule Kolo), au nombre de 21, sont désignés ou destitués par plébiscite lors d’assemblées générales. Ils ont le pouvoir de demander à la population des corvées d’intérêt général.
La transmission du pouvoir n’est pas héréditaire mais « tourne » entre les familles princières, qui ont connu en 2005 une grave crise dynastique opposant deux camps, qui ne sont pas d’accord sur les modalités du choix du souverain.
C’est dans ce cadre que le roi Kapeliele Faupala, 74 ans, a été destitué fin août, après avoir lui-même destitué son premier ministre, ce qui a fini d’agacer les familles princières. Des discussions vont commencer pour désigner un nouveau souverain.
A Futuna, il y a deux royaumes distincts, Sigave et Alo, qui comprennent respectivement neuf et six villages. Chaque roi détient l’autorité coutumière de son territoire, et est assisté de cinq ministres, d’un chef de cérémonies et d’un chef de la police. Mais l’autorité royale est moins stable, les chefs de village pouvant assez facilement destituer le monarque.
La République française rémunère les monarques de l’archipel (5 500 euros par mois, selon Le Figaro), les chefs de district et ceux de villages.
L'ancien roi de Wallis Tomasi Kulimoetoké, avait régné quarante-huit ans, de 1959 à 2005.
Un préfet, une assemblée, un député, un sénateur et… un enseignement catholique
L’autorité de la France est assurée par un administrateur supérieur, qui a rang de préfet, et siège sur l’île de Wallis. Depuis 2013, il s’agit de Michel Auboin, ancien directeur de l'accueil, de l'intégration et de la citoyenneté au secrétariat général à l'immigration et à l'intégration.
Mais Wallis-et-Futuna dispose aussi d'une Assemblée territoriale de 20 membres, qui a un rôle assez limité, puisque ses décisions doivent obtenir l'aval de l’administrateur supérieur. Elle approuve cependant trois des six membres du conseil territorial, nommés par l’administrateur supérieur (qui le préside). Les trois autres membres sont les trois rois.
Le territoire possède également sa représentation parlementaire, avec un député (Napole Polutélé, qui siège avec la gauche) et un sénateur (Robert Laufoaulu, apparenté UMP).
Enfin, l’Eglise catholique est très présente. Au point que l’enseignement primaire lui est entièrement délégué par l’Etat dans le cadre d’une mission de service public.
Une économie communautaire soutenue par l'argent public
On estime qu’environ 70% de la population des îles n’a pas accès à l'économie monétaire, et vit d’autoconsommation de sa production (porcs, arbres fruitiers, pêche…). L’emploi public y est relativement important. On comptait, au 30 juin 2013, 2 155 travailleurs salariés, sur 12 835 habitants. Sur ce total, 59,6% (1 284 personnes) sont employés par l'Etat ou les collectivités.
La production issue de services publics représente 55% du PIB. L’archipel bénéficie aussi de l’aide de Bruxelles (16,5 millions d’euros au titre du fonds européen de développement) et de dotations de l’Etat (environ 70 millions d’euros).
Selon la Cour des comptes, aucun impôt sur le revenu n’est perçu dans les îles, où les rentrées fiscales sont essentiellement composées de taxes douanières. Wallis-et-Futuna a longtemps été connue pour être un pavillon de complaisance et abriter des sociétés offshores douteuses.
En difficulté économique, les îles connaissent un autre problème majeur : le dépeuplement. En dix ans, près d'un cinquième de leurs habitants sont partis, essentiellement pour migrer vers la Nouvelle-Calédonie. En 2013, on comptait 2 750 habitants de moins qu'en 2003.
Samuel Laurent
Journaliste au Monde
L'ile de Wallis, l'une des deux principales qui composent ce territoire français au statut à part.
Un roi a été destitué en France. Non pas en 1789, mais vendredi 30 août 2014. L'événement s’est produit sur le petit archipel de Wallis-et-Futuna, en Polynésie. Un territoire d'outre-mer doté d'un statut bien particulier.
Deux îles principales, Wallis et Futuna, et une plus petite, Alofi, quasiment inhabitée, composent ce territoire français. Situées à plus de 2 000 kilomètres de la Nouvelle-Calédonie, elles ont une superficie totale de 140 km² environ, et étaient peuplées par 12 835 habitants en 2010.
Droit français et coutumier cohabitent
Les deux îles principales sont découpées en trois royaumes distincts, deux à Futuna et un à Wallis. La France a signé en 1887 un traité de protectorat avec l’archipel, et en 1961, Wallis-et-Futuna a choisi par référendum de devenir territoire d’outre-mer, sous statut particulier. En prenant l’administration de ces îles, la France a accepté de conserver ces trois monarchies.
Les îles de l'archipel de Wallis-et-Futuna.
L'article 3 de la loi du 29 juillet 1961 confère aux « populations du territoire des îles Wallis et Futuna le libre exercice de leur religion, ainsi que le respect de leurs croyances et de leurs coutumes en tant qu'elles ne sont pas contraires aux principes généraux du droit ». En clair, le droit coutumier de Wallis-et-Futuna existe parallèlement au droit français, et les institutions traditionnelles sont conservées et possèdent de larges prérogatives.
Trois rois, quinze ministres et deux chefs de la police
A Wallis, le roi (Lavelua) est assisté d’un premier ministre et de cinq ministres : affaires maritimes et environnement ; agriculture ; justice et culture ; santé ; jeunesse. A ce conseil des ministres s’ajoute un chef de la police, le Pului’Uvea. Il nomme ensuite trois chefs de district, qui ont autorité sur les chefs de village.
Ces chefs de village (Pule Kolo), au nombre de 21, sont désignés ou destitués par plébiscite lors d’assemblées générales. Ils ont le pouvoir de demander à la population des corvées d’intérêt général.
La transmission du pouvoir n’est pas héréditaire mais « tourne » entre les familles princières, qui ont connu en 2005 une grave crise dynastique opposant deux camps, qui ne sont pas d’accord sur les modalités du choix du souverain.
C’est dans ce cadre que le roi Kapeliele Faupala, 74 ans, a été destitué fin août, après avoir lui-même destitué son premier ministre, ce qui a fini d’agacer les familles princières. Des discussions vont commencer pour désigner un nouveau souverain.
A Futuna, il y a deux royaumes distincts, Sigave et Alo, qui comprennent respectivement neuf et six villages. Chaque roi détient l’autorité coutumière de son territoire, et est assisté de cinq ministres, d’un chef de cérémonies et d’un chef de la police. Mais l’autorité royale est moins stable, les chefs de village pouvant assez facilement destituer le monarque.
La République française rémunère les monarques de l’archipel (5 500 euros par mois, selon Le Figaro), les chefs de district et ceux de villages.
L'ancien roi de Wallis Tomasi Kulimoetoké, avait régné quarante-huit ans, de 1959 à 2005.
Un préfet, une assemblée, un député, un sénateur et… un enseignement catholique
L’autorité de la France est assurée par un administrateur supérieur, qui a rang de préfet, et siège sur l’île de Wallis. Depuis 2013, il s’agit de Michel Auboin, ancien directeur de l'accueil, de l'intégration et de la citoyenneté au secrétariat général à l'immigration et à l'intégration.
Mais Wallis-et-Futuna dispose aussi d'une Assemblée territoriale de 20 membres, qui a un rôle assez limité, puisque ses décisions doivent obtenir l'aval de l’administrateur supérieur. Elle approuve cependant trois des six membres du conseil territorial, nommés par l’administrateur supérieur (qui le préside). Les trois autres membres sont les trois rois.
Le territoire possède également sa représentation parlementaire, avec un député (Napole Polutélé, qui siège avec la gauche) et un sénateur (Robert Laufoaulu, apparenté UMP).
Enfin, l’Eglise catholique est très présente. Au point que l’enseignement primaire lui est entièrement délégué par l’Etat dans le cadre d’une mission de service public.
Une économie communautaire soutenue par l'argent public
On estime qu’environ 70% de la population des îles n’a pas accès à l'économie monétaire, et vit d’autoconsommation de sa production (porcs, arbres fruitiers, pêche…). L’emploi public y est relativement important. On comptait, au 30 juin 2013, 2 155 travailleurs salariés, sur 12 835 habitants. Sur ce total, 59,6% (1 284 personnes) sont employés par l'Etat ou les collectivités.
La production issue de services publics représente 55% du PIB. L’archipel bénéficie aussi de l’aide de Bruxelles (16,5 millions d’euros au titre du fonds européen de développement) et de dotations de l’Etat (environ 70 millions d’euros).
Selon la Cour des comptes, aucun impôt sur le revenu n’est perçu dans les îles, où les rentrées fiscales sont essentiellement composées de taxes douanières. Wallis-et-Futuna a longtemps été connue pour être un pavillon de complaisance et abriter des sociétés offshores douteuses.
En difficulté économique, les îles connaissent un autre problème majeur : le dépeuplement. En dix ans, près d'un cinquième de leurs habitants sont partis, essentiellement pour migrer vers la Nouvelle-Calédonie. En 2013, on comptait 2 750 habitants de moins qu'en 2003.
Samuel Laurent
Journaliste au Monde
Richard
Re: La royauté n'a pas été abolie.
???Motocine a écrit:Tout ça pour des histoires de stratèges militaires
Pierrebm
Re: La royauté n'a pas été abolie.
Motocine a écrit:Tout ça pour des histoires de stratègies militaires
cascaboulon
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